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*En français : '''Traité de la Continuité suprême du Grand Véhicule.''' | *En français : '''Traité de la Continuité suprême du Grand Véhicule.''' | ||
Hommage à tous les bouddhas et les bodhisattvas ! | :Hommage à tous les bouddhas et les bodhisattvas ! | ||
:LE BOUDDHA, le Dharma, la Communauté, l’Élément, l’Éveil, | |||
Les qualités et, enfin, les activités éveillées : | :Les qualités et, enfin, les activités éveillées | ||
Le corps du traité tout entier se ramène | :Le corps du traité tout entier se ramène | ||
À ces sept points de vajra. (I, 1) | :À ces sept points de vajra. (I, 1) | ||
On connaîtra ces sept points selon leurs caractéristiques propres | :On connaîtra ces sept points selon leurs caractéristiques propres | ||
Et dans le même ordre. Les trois premiers viennent | :Et dans le même ordre. Les trois premiers viennent | ||
De l’introduction du Soûtra du Roi Dhāraṇīśvara | :De l’introduction du Soûtra du Roi Dhāraṇīśvara | ||
Et les quatre derniers de la classification | :Et les quatre derniers de la classification | ||
des qualités des Vainqueurs et des sages. (I, 2) | :des qualités des Vainqueurs et des sages. (I, 2) | ||
Du Bouddha vient le Dharma et du Dharma | :Du Bouddha vient le Dharma et du Dharma | ||
la Communauté des êtres sublimes. | :la Communauté des êtres sublimes. | ||
De la Communauté vient l’obtention de la quintessence, | :De la Communauté vient l’obtention de la quintessence, | ||
l’Élément de la sagesse primordiale. | :l’Élément de la sagesse primordiale. | ||
Enfin, l’obtention de cette sagesse est l’Éveil suprême doté des forces | :Enfin, l’obtention de cette sagesse est l’Éveil suprême doté des forces | ||
Et des autres qualités utiles au bien de tous les êtres. (I, 3) | :Et des autres qualités utiles au bien de tous les êtres. (I, 3) | ||
À celui qui, de lui-même, s’est éveillé à la paisible bouddhéité | :À celui qui, de lui-même, s’est éveillé à la paisible bouddhéité | ||
dépourvue de commencement, de milieu et de fin, | :dépourvue de commencement, de milieu et de fin, | ||
Qui, pleinement éveillé, montre la voie indestructible et éternelle | :Qui, pleinement éveillé, montre la voie indestructible et éternelle | ||
pour que les non-réalisés se réalisent, | :pour que les non-réalisés se réalisent, | ||
Qui brandit le vajra suprême, l’épée de la sagesse et de la compassion, | :Qui brandit le vajra suprême, l’épée de la sagesse et de la compassion, | ||
et tranche les pousses de la souffrance. | :et tranche les pousses de la souffrance. | ||
À lui qui abat le mur des doutes cerné par la jungle des vues, | :À lui qui abat le mur des doutes cerné par la jungle des vues, | ||
je rends hommage. (I, 4) | :je rends hommage. (I, 4) | ||
La bouddhéité est inconditionnée, spontanée, | :La bouddhéité est inconditionnée, spontanée, | ||
Réalisée sans conditions étrangères, | :Réalisée sans conditions étrangères, | ||
Pourvue de sagesse, de compassion et de puissance, | :Pourvue de sagesse, de compassion et de puissance, | ||
Ainsi que des deux bienfaits. (I, 5) | :Ainsi que des deux bienfaits. (I, 5) | ||
Comme par nature elle n’a ni commencement, | :Comme par nature elle n’a ni commencement, | ||
Ni milieu, ni fin, elle est incomposée. | :Ni milieu, ni fin, elle est incomposée. | ||
Douée de la paix du corps absolu, | :Douée de la paix du corps absolu, | ||
On la dit spontanée. (I, 6) | :On la dit spontanée. (I, 6) | ||
Sa réalisation ne dépend pas de conditions étrangères | :Sa réalisation ne dépend pas de conditions étrangères | ||
Car chacun la réalise par soi-même. | :Car chacun la réalise par soi-même. | ||
En raison de ces trois réalisations, elle est sagesse ; | :En raison de ces trois réalisations, elle est sagesse ; | ||
Comme elle montre la voie, elle est compassion. (I, 7) | :Comme elle montre la voie, elle est compassion. (I, 7) | ||
Elle est puissance parce que la sagesse et la compassion | :Elle est puissance parce que la sagesse et la compassion | ||
Éliminent les souffrances et les affections. | :Éliminent les souffrances et les affections. | ||
Les trois premières qualités représentent le bien propre, | :Les trois premières qualités représentent le bien propre, | ||
Et les trois dernières le bien d’autrui. (I, 8) | :Et les trois dernières le bien d’autrui. (I, 8) | ||
À ce qui n’est ni inexistant, ni existant, ni existant et inexistant, | :À ce qui n’est ni inexistant, ni existant, ni existant et inexistant, | ||
ni autre qu’existant et inexistant, | :ni autre qu’existant et inexistant, | ||
Qui est impossible à analyser, indéfinissable, | :Qui est impossible à analyser, indéfinissable, | ||
connu par l’expérience personnelle, en paix, | :connu par l’expérience personnelle, en paix, | ||
Immaculé, rayonnant de la lumière de la sagesse primordiale, | :Immaculé, rayonnant de la lumière de la sagesse primordiale, | ||
Et qui, pour tout objet perçu, détruit l’attachement, | :Et qui, pour tout objet perçu, détruit l’attachement, | ||
l’aversion et la taie [de l’ignorance] : | :l’aversion et la taie [de l’ignorance] | ||
Au soleil du vrai Dharma, je rends hommage. (I. 9) | :Au soleil du vrai Dharma, je rends hommage. (I. 9) | ||
Inconcevable, libre de deux [voiles] et de la pensée, | :Inconcevable, libre de deux [voiles] et de la pensée, | ||
Le Dharma est pureté, clarté et antidote. | :Le Dharma est pureté, clarté et antidote. | ||
Libre de l’attachement dont il délivre, | :Libre de l’attachement dont il délivre, | ||
Il a pour caractéristiques les deux vérités. (I, 10) | :Il a pour caractéristiques les deux vérités. (I, 10) | ||
La libération de l’attachement se ramène | :La libération de l’attachement se ramène | ||
Aux vérités de la cessation et de la voie. | :Aux vérités de la cessation et de la voie. | ||
On saura que dans cet ordre | :On saura que dans cet ordre | ||
Chacune possède trois qualités. (I, 11) | :Chacune possède trois qualités. (I, 11) | ||
Non analysable, inexprimable, | :Non analysable, inexprimable, | ||
Connu des [seuls] êtres sublimes, il est inconcevable. | :Connu des [seuls] êtres sublimes, il est inconcevable. | ||
Paix, il est libre des deux [voiles] et de la pensée ; | :Paix, il est libre des deux [voiles] et de la pensée ; | ||
Sa pureté et ses deux autres qualités l’assimilent au soleil. (I, 12) | :Sa pureté et ses deux autres qualités l’assimilent au soleil. (I, 12) | ||
Comme l’esprit est par nature luminosité, ils voient | :Comme l’esprit est par nature luminosité, ils voient | ||
que les affections n’ont pas d’essence, | :que les affections n’ont pas d’essence, | ||
Si bien qu’ils réalisent correctement la paix, | :Si bien qu’ils réalisent correctement la paix, | ||
l’inexistence ultime du soi de tous les êtres. | :l’inexistence ultime du soi de tous les êtres. | ||
À ceux qui voient la présence en tous de la bouddhéité parfaite | :À ceux qui voient la présence en tous de la bouddhéité parfaite | ||
car ils ont une intelligence libre de voiles ; | :car ils ont une intelligence libre de voiles ; | ||
À ceux dont la vision de sagesse a pour objet | :À ceux dont la vision de sagesse a pour objet | ||
la pureté et l’infinité des êtres, je rends hommage. (I, 13) | :la pureté et l’infinité des êtres, je rends hommage. (I, 13) | ||
Comme le regard de leur sagesse intérieure | :Comme le regard de leur sagesse intérieure | ||
Sur l’essence des choses et leur diversité est pur, | :Sur l’essence des choses et leur diversité est pur, | ||
L’assemblée des sages qui ne régressent plus | :L’assemblée des sages qui ne régressent plus | ||
Possède d’insurpassables qualités. (I, 14) | :Possède d’insurpassables qualités. (I, 14) | ||
Avec la réalisation de la vraie nature | :Avec la réalisation de la vraie nature | ||
Paisible des êtres, ils [connaissent] l’essence des choses. | :Paisible des êtres, ils [connaissent] l’essence des choses. | ||
La nature [de l’esprit] étant totalement pure, | :La nature [de l’esprit] étant totalement pure, | ||
Les affections y sont épuisées dès l’origine. (I, 15) | :Les affections y sont épuisées dès l’origine. (I, 15) | ||
Avec l’intelligence qui réalise l’état ultime des phénomènes, | :Avec l’intelligence qui réalise l’état ultime des phénomènes, | ||
[Ils connaissent] la diversité parce qu’ils voient | :[Ils connaissent] la diversité parce qu’ils voient | ||
L’omnisciente essence du réel | :L’omnisciente essence du réel | ||
Présente en tous les êtres. (I, 16) | :Présente en tous les êtres. (I, 16) | ||
Cette réalisation est la vision | :Cette réalisation est la vision | ||
Que chacun connaît par soi-même. | :Que chacun connaît par soi-même. | ||
Elle est pure parce que, dans l’immensité immaculée, | :Elle est pure parce que, dans l’immensité immaculée, | ||
Il n’y a pas d’attachement ni d’obstacles (I, 17) | :Il n’y a pas d’attachement ni d’obstacles (I, 17) | ||
Comme leur vision de sagesse est pure | :Comme leur vision de sagesse est pure | ||
Et [proche de] l’insurpassable sagesse des bouddhas, | :Et [proche de] l’insurpassable sagesse des bouddhas, | ||
Les êtres sublimes qui ne régressent plus | :Les êtres sublimes qui ne régressent plus | ||
Sont des refuges pour tous les êtres vivants. (I, 18) | :Sont des refuges pour tous les êtres vivants. (I, 18) | ||
On a instauré le triple refuge en considération | :On a instauré le triple refuge en considération | ||
Du maître, de l’enseignement et des disciples, | :Du maître, de l’enseignement et des disciples, | ||
Du point de vue des adeptes des trois véhicules | :Du point de vue des adeptes des trois véhicules | ||
Et des aspirations aux trois activités. (I, 19) | :Et des aspirations aux trois activités. (I, 19) | ||
Ni le Dharma sous ses deux aspects ni la sublime assemblée | :Ni le Dharma sous ses deux aspects ni la sublime assemblée | ||
Ne sont de suprêmes refuges promis à durer. | :Ne sont de suprêmes refuges promis à durer. | ||
L’un parce qu’il faudra le laisser derrière soi, | :L’un parce qu’il faudra le laisser derrière soi, | ||
parce qu’il est trompeur et qu’il n’existe pas ; | :parce qu’il est trompeur et qu’il n’existe pas ; | ||
Et l’autre parce qu’on y trouve encore de la peur. (I, 20) | :Et l’autre parce qu’on y trouve encore de la peur. (I, 20) | ||
Au sens le plus sacré, les êtres | :Au sens le plus sacré, les êtres | ||
N’ont qu’un seul refuge : le Bouddha, | :N’ont qu’un seul refuge : le Bouddha, | ||
Car le Sage a pour corps le Dharma | :Car le Sage a pour corps le Dharma | ||
Et qu’il est le but ultime de la Communauté. (I, 21) | :Et qu’il est le but ultime de la Communauté. (I, 21) | ||
Les « Joyaux » sont ainsi nommés | :Les « Joyaux » sont ainsi nommés | ||
Pour leur rareté, leur pureté et leurs pouvoirs, | :Pour leur rareté, leur pureté et leurs pouvoirs, | ||
Parce qu’ils sont les ornements du monde | :Parce qu’ils sont les ornements du monde | ||
Et parce qu’ils sont suprêmes et immuables. (I, 22) | :Et parce qu’ils sont suprêmes et immuables. (I, 22) | ||
De l’ainsité avec et sans souillures, | :De l’ainsité avec et sans souillures, | ||
Des qualités immaculées des bouddhas | :Des qualités immaculées des bouddhas | ||
et de leurs activités de Vainqueurs | :et de leurs activités de Vainqueurs | ||
Émergent les Trois Joyaux de vertu, | :Émergent les Trois Joyaux de vertu, | ||
L’objet même de ceux qui voient la vérité absolue. (I, 23) | :L’objet même de ceux qui voient la vérité absolue. (I, 23) | ||
La filiation spirituelle des Trois Joyaux | :La filiation spirituelle des Trois Joyaux | ||
Est l’objet de ceux qui voient tout. | :Est l’objet de ceux qui voient tout. | ||
Les quatre points sont inconcevables | :Les quatre points sont inconcevables | ||
Pour quatre raisons. Respectivement : (I, 24) | :Pour quatre raisons. Respectivement : (I, 24) | ||
Parce que [l’Élément] est pur mais encore associé aux affections ; | :Parce que [l’Élément] est pur mais encore associé aux affections ; | ||
Parce que [l’Éveil] est dépourvu de souillures et pourtant purifié ; | :Parce que [l’Éveil] est dépourvu de souillures et pourtant purifié ; | ||
Parce que les qualités ne sont pas séparées [de l’essence du réel] ; | :Parce que les qualités ne sont pas séparées [de l’essence du réel] ; | ||
Et parce que les [activités] spontanées ne recourent pas à la pensée. (I, 25) | :Et parce que les [activités] spontanées ne recourent pas à la pensée. (I, 25) | ||
L’objet de la réalisation, la réalisation, | :L’objet de la réalisation, la réalisation, | ||
Ses attributs et ce qui amène à la réalisation : | :Ses attributs et ce qui amène à la réalisation | ||
De ces quatre points, le premier est la cause | :De ces quatre points, le premier est la cause | ||
De la purification et les trois autres ses conditions. (I, 26) | :De la purification et les trois autres ses conditions. (I, 26) | ||
===I - LA QUINTESSENCE DES TATHĀGATAS=== | ===I - LA QUINTESSENCE DES TATHĀGATAS=== | ||
Comme le corps des parfaits bouddhas rayonne, | :Comme le corps des parfaits bouddhas rayonne, | ||
Que l’ainsité est indifférenciée, | :Que l’ainsité est indifférenciée, | ||
Et que la filiation spirituelle existe, | :Et que la filiation spirituelle existe, | ||
Tous les êtres sont toujours porteurs de la quintessence des bouddhas. (I, 27) | :Tous les êtres sont toujours porteurs de la quintessence des bouddhas. (I, 27) | ||
Comme la sagesse des bouddhas imprègne la multitude des êtres, | :Comme la sagesse des bouddhas imprègne la multitude des êtres, | ||
Que sa nature immaculée est non duelle | :Que sa nature immaculée est non duelle | ||
Et que la filiation spirituelle des bouddhas est une métaphore du fruit, | :Et que la filiation spirituelle des bouddhas est une métaphore du fruit, | ||
Il est enseigné que tous les êtres sont porteurs | :Il est enseigné que tous les êtres sont porteurs | ||
de la quintessence des bouddhas. (I, 28) | :de la quintessence des bouddhas. (I, 28) | ||
L’essence, la cause, le fruit, la fonction, | :L’essence, la cause, le fruit, la fonction, | ||
La dotation, la manifestation, les états et l’omniprésence, | :La dotation, la manifestation, les états et l’omniprésence, | ||
L’immutabilité perpétuelle et les indissociables qualités : | :L’immutabilité perpétuelle et les indissociables qualités | ||
Voilà les points qui permettent de comprendre la dimension absolue. (I, 29) | :Voilà les points qui permettent de comprendre la dimension absolue. (I, 29) | ||
Pure comme un joyau, comme l’espace ou comme l’eau, | :Pure comme un joyau, comme l’espace ou comme l’eau, | ||
Sa nature demeure à jamais libre des affections. | :Sa nature demeure à jamais libre des affections. | ||
Elle émerge de l’aspiration au Dharma, de la connaissance supérieure, | :Elle émerge de l’aspiration au Dharma, de la connaissance supérieure, | ||
Du recueillement et de la compassion. (I, 30) | :Du recueillement et de la compassion. (I, 30) | ||
Comme elle est puissante, immuable, | :Comme elle est puissante, immuable, | ||
Et de nature humide, | :Et de nature humide, | ||
Elle est analogue | :Elle est analogue | ||
Au précieux joyau, à l’espace et à l’eau. (I, 31) | :Au précieux joyau, à l’espace et à l’eau. (I, 31) | ||
L’aversion pour le Dharma et la vue du soi, | :L’aversion pour le Dharma et la vue du soi, | ||
La peur des souffrances du saṃsāra | :La peur des souffrances du saṃsāra | ||
Et l’indifférence au bien des êtres | :Et l’indifférence au bien des êtres | ||
Sont respectivement les voiles des hédonistes, | :Sont respectivement les voiles des hédonistes, | ||
Des hétérodoxes, des auditeurs et des [bouddhas] nés d’eux-mêmes. | :Des hétérodoxes, des auditeurs et des [bouddhas] nés d’eux-mêmes. | ||
L’aspiration supérieure et les trois autres qualités | :L’aspiration supérieure et les trois autres qualités | ||
Sont alors les causes de leur purification. (I, 32-33) | :Sont alors les causes de leur purification. (I, 32-33) | ||
Ceux qui ont eu pour graine l’aspiration au véhicule suprême, | :Ceux qui ont eu pour graine l’aspiration au véhicule suprême, | ||
Pour mère la connaissance qui produit les qualités des bouddhas, | :Pour mère la connaissance qui produit les qualités des bouddhas, | ||
Pour matrice la félicité de la concentration, | :Pour matrice la félicité de la concentration, | ||
et pour nourrice la compassion, | :et pour nourrice la compassion, | ||
Ceux-là sont assurément les enfants et les successeurs des Sages. (I, 34) | :Ceux-là sont assurément les enfants et les successeurs des Sages. (I, 34) | ||
Le fruit est la perfection transcendante des qualités | :Le fruit est la perfection transcendante des qualités | ||
De pureté, de soi, de félicité et de permanence. | :De pureté, de soi, de félicité et de permanence. | ||
Il a pour fonction le dégoût de la souffrance, | :Il a pour fonction le dégoût de la souffrance, | ||
L’aspiration à la paix et le vœu de l’atteindre. (I, 35) | :L’aspiration à la paix et le vœu de l’atteindre. (I, 35) | ||
En résumé, le fruit de ces [quatre causes] | :En résumé, le fruit de ces [quatre causes] | ||
Consiste en ces antidotes qui s’opposent | :Consiste en ces antidotes qui s’opposent | ||
Aux quatre types de méprises | :Aux quatre types de méprises | ||
Relatives au corps absolu. (I, 36) | :Relatives au corps absolu. (I, 36) | ||
[Le corps absolu] est pureté parce qu’il est pur par nature | :[Le corps absolu] est pureté parce qu’il est pur par nature | ||
Et qu’il n’a plus d’imprégnations karmiques. | :Et qu’il n’a plus d’imprégnations karmiques. | ||
Il est le vrai soi parce que les élaborations | :Il est le vrai soi parce que les élaborations | ||
Du soi et du sans-soi y sont apaisées. (I, 37) | :Du soi et du sans-soi y sont apaisées. (I, 37) | ||
Il est félicité parce qu’il a renoncé aux agrégats | :Il est félicité parce qu’il a renoncé aux agrégats | ||
De nature mentale et à leurs causes. | :De nature mentale et à leurs causes. | ||
Il est permanence parce qu’il réalise | :Il est permanence parce qu’il réalise | ||
L’égalité du saṃsāra et du nirvāṇa. (I, 38) | :L’égalité du saṃsāra et du nirvāṇa. (I, 38) | ||
Les compatissants ont coupé sans reste la soif du soi | :Les compatissants ont coupé sans reste la soif du soi | ||
avec la connaissance transcendante ; | :avec la connaissance transcendante ; | ||
Et comme ils ont soif des êtres vivants, ils ne consomment pas la paix. | :Et comme ils ont soif des êtres vivants, ils ne consomment pas la paix. | ||
Avec l’intelligence et la compassion pour méthodes d’Éveil, | :Avec l’intelligence et la compassion pour méthodes d’Éveil, | ||
Les êtres sublimes ne se tiennent ni dans le saṃsāra ni dans le nirvāṇa. | :Les êtres sublimes ne se tiennent ni dans le saṃsāra ni dans le nirvāṇa. | ||
(I, 39) | :(I, 39) | ||
Si nous n’avions pas d’élément de bouddha, | :Si nous n’avions pas d’élément de bouddha, | ||
Nous ne nous lasserions pas de souffrir | :Nous ne nous lasserions pas de souffrir | ||
Et ne voudrions pas d’un nirvāṇa | :Et ne voudrions pas d’un nirvāṇa | ||
Qui ne nous inspirerait ni intérêt ni désir. (I, 40) | :Qui ne nous inspirerait ni intérêt ni désir. (I, 40) | ||
Le fait de voir que le saṃsāra a pour défaut la souffrance | :Le fait de voir que le saṃsāra a pour défaut la souffrance | ||
Et que le nirvāṇa a pour qualité le bonheur | :Et que le nirvāṇa a pour qualité le bonheur | ||
Est dû à la présence de la filiation spirituelle – | :Est dû à la présence de la filiation spirituelle – | ||
Ce n’est pas le cas chez ceux qui en sont dépourvus. (I, 41) | :Ce n’est pas le cas chez ceux qui en sont dépourvus. (I, 41) | ||
Source inépuisable de joyaux aux qualités infinies, | :Source inépuisable de joyaux aux qualités infinies, | ||
[L’Élément] ressemble au Grand Océan. | :[L’Élément] ressemble au Grand Océan. | ||
On le compare aussi à une lampe car, en essence, | :On le compare aussi à une lampe car, en essence, | ||
Il possède d’indissociables qualités. (I, 42) | :Il possède d’indissociables qualités. (I, 42) | ||
Comme [cet Élément] inclut les domaines du corps absolu, | :Comme [cet Élément] inclut les domaines du corps absolu, | ||
De la sagesse des Vainqueurs et de la compassion, | :De la sagesse des Vainqueurs et de la compassion, | ||
L’enseignement le compare à l’Océan | :L’enseignement le compare à l’Océan | ||
Sous le rapport du réceptacle, des joyaux et de l’eau. (I, 43) | :Sous le rapport du réceptacle, des joyaux et de l’eau. (I, 43) | ||
Dans la base immaculée, les connaissances extraordinaires, | :Dans la base immaculée, les connaissances extraordinaires, | ||
La sagesse primordiale et l’absence de souillures | :La sagesse primordiale et l’absence de souillures | ||
sont indissociables de l’ainsité. | :sont indissociables de l’ainsité. | ||
Voilà autant de qualités qui correspondent à celles d’une lampe – | :Voilà autant de qualités qui correspondent à celles d’une lampe – | ||
La lumière, la chaleur et les couleurs. (I, 44) | :La lumière, la chaleur et les couleurs. (I, 44) | ||
Comme l’ainsité se manifeste différemment | :Comme l’ainsité se manifeste différemment | ||
Chez les êtres ordinaires, les êtres sublimes | :Chez les êtres ordinaires, les êtres sublimes | ||
Et les parfaits bouddhas, Celui qui voit le réel | :Et les parfaits bouddhas, Celui qui voit le réel | ||
Montre aux êtres leur essence de Vainqueurs. (I, 45) | :Montre aux êtres leur essence de Vainqueurs. (I, 45) | ||
Les êtres ordinaires sont dans l’erreur ; | :Les êtres ordinaires sont dans l’erreur ; | ||
Ceux qui voient les vérités s’en détournent ; | :Ceux qui voient les vérités s’en détournent ; | ||
Et les tathāgatas sont tels quels, | :Et les tathāgatas sont tels quels, | ||
Dégagés de l’erreur et des élaborations conceptuelles. (I, 46) | :Dégagés de l’erreur et des élaborations conceptuelles. (I, 46) | ||
Les [états] impur, impur et pur, et très pur | :Les [états] impur, impur et pur, et très pur | ||
Sont respectivement appelés | :Sont respectivement appelés | ||
« Être ordinaire », « bodhisattva », | :« Être ordinaire », « bodhisattva », | ||
Et « tathāgata ». (I, 47) | :Et « tathāgata ». (I, 47) | ||
On ramène l’Élément à son essence | :On ramène l’Élément à son essence | ||
Et aux cinq autres points | :Et aux cinq autres points | ||
Pour l’enseigner en fonction | :Pour l’enseigner en fonction | ||
Des trois états et de leurs trois noms. (I, 48) | :Des trois états et de leurs trois noms. (I, 48) | ||
De même que l’espace qui a pour essence | :De même que l’espace qui a pour essence | ||
De ne pas penser se répand en tout lieu, | :De ne pas penser se répand en tout lieu, | ||
De même, la nature de l’esprit est omniprésente | :De même, la nature de l’esprit est omniprésente | ||
Comme l’immensité immaculée. (I, 49) | :Comme l’immensité immaculée. (I, 49) | ||
Ce caractère général imprègne | :Ce caractère général imprègne | ||
Les défauts, les qualités et l’ultime, | :Les défauts, les qualités et l’ultime, | ||
À l’image de l’espace [qui pénètre] toute forme : | :À l’image de l’espace [qui pénètre] toute forme | ||
Inférieure, moyenne ou supérieure. (I, 50) | :Inférieure, moyenne ou supérieure. (I, 50) | ||
Vu le caractère adventice de ses défauts | :Vu le caractère adventice de ses défauts | ||
Et le caractère naturel de ses qualités, | :Et le caractère naturel de ses qualités, | ||
Telle elle était, telle elle sera : | :Telle elle était, telle elle sera | ||
L’essence du réel est immuable. (I, 51) | :L’essence du réel est immuable. (I, 51) | ||
De même que, du fait de sa subtilité, | :De même que, du fait de sa subtilité, | ||
Rien ne peut souiller l’espace omniprésent, | :Rien ne peut souiller l’espace omniprésent, | ||
Rien ne peut souiller cette présence | :Rien ne peut souiller cette présence | ||
En tous et en chaque être. (I, 52) | :En tous et en chaque être. (I, 52) | ||
De même que tous les mondes | :De même que tous les mondes | ||
Naissent et meurent dans l’espace, | :Naissent et meurent dans l’espace, | ||
De même les facultés des sens naissent | :De même les facultés des sens naissent | ||
Et meurent dans l’immensité inconditionnée. (I, 53) | :Et meurent dans l’immensité inconditionnée. (I, 53) | ||
Tout comme, jusqu’à ce jour, | :Tout comme, jusqu’à ce jour, | ||
Aucun feu n’a jamais consumé l’espace, | :Aucun feu n’a jamais consumé l’espace, | ||
Cette [essence] ne se consume pas aux feux | :Cette [essence] ne se consume pas aux feux | ||
De la mort, de la maladie et de la vieillesse. (I, 54) | :De la mort, de la maladie et de la vieillesse. (I, 54) | ||
La terre s’étend sur l’eau et l’eau sur le vent ; | :La terre s’étend sur l’eau et l’eau sur le vent ; | ||
Le vent [s’étend] dans l’espace, mais l’espace | :Le vent [s’étend] dans l’espace, mais l’espace | ||
Ne repose pas sur les éléments vent | :Ne repose pas sur les éléments vent | ||
Ou eau, ni sur l’élément terre. (I, 55) | :Ou eau, ni sur l’élément terre. (I, 55) | ||
Les agrégats, les domaines et les sens | :Les agrégats, les domaines et les sens | ||
Reposent sur les actes et les affections ; | :Reposent sur les actes et les affections ; | ||
Les actes et les affections reposent | :Les actes et les affections reposent | ||
Toujours sur les activités erronées du mental. (I, 56) | :Toujours sur les activités erronées du mental. (I, 56) | ||
Les activités erronées du mental reposent | :Les activités erronées du mental reposent | ||
Elles-mêmes sur la pureté de l’esprit, | :Elles-mêmes sur la pureté de l’esprit, | ||
Mais la nature de l’esprit | :Mais la nature de l’esprit | ||
Ne repose sur aucun de ces phénomènes. (I, 57) | :Ne repose sur aucun de ces phénomènes. (I, 57) | ||
Sachez que les agrégats, les domaines et les sources | :Sachez que les agrégats, les domaines et les sources | ||
Sont semblables à l’élément terre. | :Sont semblables à l’élément terre. | ||
Sachez aussi que les actes et les affections des êtres | :Sachez aussi que les actes et les affections des êtres | ||
Évoquent l’élément eau. (I, 58) | :Évoquent l’élément eau. (I, 58) | ||
Considérez les activités erronées du mental | :Considérez les activités erronées du mental | ||
Comme l’élément vent. Quant à la nature | :Comme l’élément vent. Quant à la nature | ||
[De l’esprit], elle n’a pas de fondement | :[De l’esprit], elle n’a pas de fondement | ||
Et ne repose sur rien, comme l’élément espace. (I, 59) | :Et ne repose sur rien, comme l’élément espace. (I, 59) | ||
Les activités erronées du mental | :Les activités erronées du mental | ||
Reposent sur la nature de l’esprit ; | :Reposent sur la nature de l’esprit ; | ||
Des activités erronées du mental | :Des activités erronées du mental | ||
Procèdent les actes et les affections. (I, 60) | :Procèdent les actes et les affections. (I, 60) | ||
De l’eau des actes et des affections | :De l’eau des actes et des affections | ||
Émergent les agrégats, les domaines et les sources | :Émergent les agrégats, les domaines et les sources | ||
Qui apparaissent et disparaissent comme | :Qui apparaissent et disparaissent comme | ||
[Les mondes] qui naissent et se détruisent. (I, 61) | :[Les mondes] qui naissent et se détruisent. (I, 61) | ||
Pareille au domaine de l’espace, la nature | :Pareille au domaine de l’espace, la nature | ||
De l’esprit n’a ni cause ni condition | :De l’esprit n’a ni cause ni condition | ||
Et n’est pas une combinaison ; elle n’a pas non plus | :Et n’est pas une combinaison ; elle n’a pas non plus | ||
De naissance, de cessation et de durée. (I, 62) | :De naissance, de cessation et de durée. (I, 62) | ||
La nature de l’esprit, qui est luminosité, | :La nature de l’esprit, qui est luminosité, | ||
Est immuable comme l’espace. | :Est immuable comme l’espace. | ||
Nées d’idées fausses, les souillures adventices | :Nées d’idées fausses, les souillures adventices | ||
Comme l’attachement ne l’affecteront jamais. (I, 63) | :Comme l’attachement ne l’affecteront jamais. (I, 63) | ||
L’eau des affections et des actes | :L’eau des affections et des actes | ||
Ne saurait la produire, guère plus | :Ne saurait la produire, guère plus | ||
Que ne sauraient la consumer les feux insupportables | :Que ne sauraient la consumer les feux insupportables | ||
De la maladie, de la vieillesse et de la mort. (I, 64) | :De la maladie, de la vieillesse et de la mort. (I, 64) | ||
Les feux de la mort, de la maladie | :Les feux de la mort, de la maladie | ||
Et de la vieillesse sont respectivement | :Et de la vieillesse sont respectivement | ||
Comparables au feu de la fin des temps, | :Comparables au feu de la fin des temps, | ||
Au feu des enfers et au feu ordinaire. (I, 65) | :Au feu des enfers et au feu ordinaire. (I, 65) | ||
Les sages [bodhisattvas] qui ont correctement réalisé | :Les sages [bodhisattvas] qui ont correctement réalisé | ||
la nature [de l’Élément] | :la nature [de l’Élément] | ||
Sont libres de la naissance, de la mort, de la maladie et de la vieillesse. | :Sont libres de la naissance, de la mort, de la maladie et de la vieillesse. | ||
Or, même libres de toute adversité, et en raison de cela même, | :Or, même libres de toute adversité, et en raison de cela même, | ||
Ils manifestent la naissance et le reste par compassion pour les êtres. | :Ils manifestent la naissance et le reste par compassion pour les êtres. (I, 66) | ||
(I, 66) | |||
Les sublimes [bodhisattvas] ont dissipé les souffrances | :Les sublimes [bodhisattvas] ont dissipé les souffrances | ||
De la mort, de la maladie et de la vieillesse. | :De la mort, de la maladie et de la vieillesse. | ||
La naissance dérivant des affections et des actes | :La naissance dérivant des affections et des actes | ||
N’est plus et ses suites ne seront point. (I, 67) | :N’est plus et ses suites ne seront point. (I, 67) | ||
Comme ils voient tel quel et correctement, | :Comme ils voient tel quel et correctement, | ||
Ils dépassent la naissance et ses suites, | :Ils dépassent la naissance et ses suites, | ||
Mais comme ils incarnent la compassion, | :Mais comme ils incarnent la compassion, | ||
Ils se montrent naissants, malades, vieux et morts. (I, 68) | :Ils se montrent naissants, malades, vieux et morts. (I, 68) | ||
Les enfants des Vainqueurs ont réalisé l’immuable essence du réel, | :Les enfants des Vainqueurs ont réalisé l’immuable essence du réel, | ||
Mais ceux que l’ignorance aveugle | :Mais ceux que l’ignorance aveugle | ||
Les voient [toujours] naître, vieillir, tomber malades et mourir : | :Les voient [toujours] naître, vieillir, tomber malades et mourir | ||
N’y a-t-il pas là quelque étonnante merveille ? (I, 69) | :N’y a-t-il pas là quelque étonnante merveille ? (I, 69) | ||
Ils ont atteint la sphère des êtres sublimes | :Ils ont atteint la sphère des êtres sublimes | ||
Mais se montrent dans la sphère des êtres puérils. | :Mais se montrent dans la sphère des êtres puérils. | ||
C’est bien pourquoi les méthodes et la compassion | :C’est bien pourquoi les méthodes et la compassion | ||
De ces amis des êtres sont suprêmes. (I, 70) | :De ces amis des êtres sont suprêmes. (I, 70) | ||
Ils ont dépassé tous les mondes | :Ils ont dépassé tous les mondes | ||
Mais ne quittent pas le monde ; | :Mais ne quittent pas le monde ; | ||
Ils œuvrent pour le monde dans le monde | :Ils œuvrent pour le monde dans le monde | ||
Sans que les impuretés du monde les souillent. (I, 71) | :Sans que les impuretés du monde les souillent. (I, 71) | ||
De même que le lotus qui naît dans l’eau | :De même que le lotus qui naît dans l’eau | ||
N’est pas souillé par l’eau, | :N’est pas souillé par l’eau, | ||
De même naissent-ils dans le monde | :De même naissent-ils dans le monde | ||
Sans que les choses du monde les souillent. (I, 72) | :Sans que les choses du monde les souillent. (I, 72) | ||
Pour accomplir leur tâche, leur intelligence | :Pour accomplir leur tâche, leur intelligence | ||
Brûle comme un feu qui brûle constamment, | :Brûle comme un feu qui brûle constamment, | ||
Mais ils restent constamment absorbés | :Mais ils restent constamment absorbés | ||
Dans la paix de la concentration. (I, 73) | :Dans la paix de la concentration. (I, 73) | ||
Sur l’élan de leurs efforts antérieurs | :Sur l’élan de leurs efforts antérieurs | ||
Et affranchis de toute pensée, | :Et affranchis de toute pensée, | ||
Ils font mûrir les êtres | :Ils font mûrir les êtres | ||
Sans exercer le moindre effort. (I, 74) | :Sans exercer le moindre effort. (I, 74) | ||
Ils savent précisément qui aider, | :Ils savent précisément qui aider, | ||
Comment et par quels moyens, | :Comment et par quels moyens, | ||
Que ce soit avec des enseignements, des corps formels, | :Que ce soit avec des enseignements, des corps formels, | ||
Des actes altruistes ou certains comportements. (I, 75) | :Des actes altruistes ou certains comportements. (I, 75) | ||
Ainsi, dans les mondes infinis comme l’espace, | :Ainsi, dans les mondes infinis comme l’espace, | ||
Ces êtres intelligents s’engagent toujours correctement | :Ces êtres intelligents s’engagent toujours correctement | ||
À accomplir le bien des êtres de façon spontanée | :À accomplir le bien des êtres de façon spontanée | ||
Sans jamais rencontrer d’obstacles. (I, 76) | :Sans jamais rencontrer d’obstacles. (I, 76) | ||
Les êtres ordinaires ne voient pas de différence | :Les êtres ordinaires ne voient pas de différence | ||
Entre la façon de libérer les êtres | :Entre la façon de libérer les êtres | ||
Propre aux tathāgatas et celle | :Propre aux tathāgatas et celle | ||
Des bodhisattvas en post-méditation. (I, 77) | :Des bodhisattvas en post-méditation. (I, 77) | ||
Et pourtant, il y a la même différence | :Et pourtant, il y a la même différence | ||
Entre les bodhisattvas et les bouddhas | :Entre les bodhisattvas et les bouddhas | ||
Qu’entre une poussière et la terre toute entière | :Qu’entre une poussière et la terre toute entière | ||
Ou entre l’eau d’une empreinte de sabot et l’océan. (I, 78) | :Ou entre l’eau d’une empreinte de sabot et l’océan. (I, 78) | ||
[Le corps absolu] est immuable puisqu’il possède | :[Le corps absolu] est immuable puisqu’il possède | ||
d’inépuisables qualités ; | :d’inépuisables qualités ; | ||
C’est un refuge pour les êtres puisqu’il persiste sans limite future ; | :C’est un refuge pour les êtres puisqu’il persiste sans limite future ; | ||
Il est toujours non duel puisqu’il ne pense pas ; | :Il est toujours non duel puisqu’il ne pense pas ; | ||
Et c’est aussi une réalité indestructible puisque sa nature est incréée. | :Et c’est aussi une réalité indestructible puisque sa nature est incréée. | ||
(I, 79) | :(I, 79) | ||
Il ne naît pas, ne meurt pas, | :Il ne naît pas, ne meurt pas, | ||
Ne souffre pas, ne vieillit pas, | :Ne souffre pas, ne vieillit pas, | ||
Parce qu’il est permanent, stable, | :Parce qu’il est permanent, stable, | ||
Paisible et éternel. (I, 80) | :Paisible et éternel. (I, 80) | ||
Il ne naît pas dans un corps de nature mentale | :Il ne naît pas dans un corps de nature mentale | ||
Puisqu’il est permanent ; | :Puisqu’il est permanent ; | ||
Il ne meurt pas d’une mort aux inconcevables métamorphoses | :Il ne meurt pas d’une mort aux inconcevables métamorphoses | ||
Puisqu’il est stable ; (I, 81) | :Puisqu’il est stable ; (I, 81) | ||
Il ne souffre pas des maux résultant des imprégnations subtiles | :Il ne souffre pas des maux résultant des imprégnations subtiles | ||
Puisqu’il est paisible ; | :Puisqu’il est paisible ; | ||
Il ne vieillit pas sous l’effet des formations non contaminées | :Il ne vieillit pas sous l’effet des formations non contaminées | ||
Puisqu’il est éternel. (I, 82) | :Puisqu’il est éternel. (I, 82) | ||
En associant les vers correspondants | :En associant les vers correspondants | ||
Des strophes précédentes, on connaîtra le sens | :Des strophes précédentes, on connaîtra le sens | ||
De la permanence, de la stabilité, de la paix et de l’éternité | :De la permanence, de la stabilité, de la paix et de l’éternité | ||
De l’immensité inconditionnée. (I, 83) | :De l’immensité inconditionnée. (I, 83) | ||
La permanence, c’est l’immutabilité, | :La permanence, c’est l’immutabilité, | ||
Puisque [le corps absolu] possède d’inépuisables qualités. | :Puisque [le corps absolu] possède d’inépuisables qualités. | ||
La stabilité, c’est une nature de refuge, | :La stabilité, c’est une nature de refuge, | ||
Puisqu’il a la même limite [que le saṃsāra]. (I, 84) | :Puisqu’il a la même limite [que le saṃsāra]. (I, 84) | ||
La paix, c’est la non duelle essence du réel, | :La paix, c’est la non duelle essence du réel, | ||
Puisqu’il a pour nature de ne pas penser. | :Puisqu’il a pour nature de ne pas penser. | ||
L’éternité, c’est l’indestructibilité, | :L’éternité, c’est l’indestructibilité, | ||
Puisqu’il n’a pas de qualités artificielles. (I, 85) | :Puisqu’il n’a pas de qualités artificielles. (I, 85) | ||
Voici le corps absolu, le tathāgata, | :Voici le corps absolu, le tathāgata, | ||
Les vérités des êtres sublimes et l’absolu nirvāṇa. | :Les vérités des êtres sublimes et l’absolu nirvāṇa. | ||
Inséparable de ses qualités comme le soleil de ses rayons, | :Inséparable de ses qualités comme le soleil de ses rayons, | ||
Il n’est de nirvāṇa que la bouddhéité. (I, 86) | :Il n’est de nirvāṇa que la bouddhéité. (I, 86) | ||
En bref, sachez que comme on peut approcher le sens | :En bref, sachez que comme on peut approcher le sens | ||
De l’immensité non contaminée sous quatre angles, | :De l’immensité non contaminée sous quatre angles, | ||
Le « corps absolu » et les trois autres termes ci-dessus | :Le « corps absolu » et les trois autres termes ci-dessus | ||
Sont de simples synonymes. (I, 87) | :Sont de simples synonymes. (I, 87) | ||
[L’immensité non contaminée], c’est la bouddhéité | :[L’immensité non contaminée], c’est la bouddhéité | ||
indissociable de ses qualités, | :indissociable de ses qualités, | ||
La filiation obtenue telle quelle, | :La filiation obtenue telle quelle, | ||
L’essence du réel qui ne ment ni ne trompe | :L’essence du réel qui ne ment ni ne trompe | ||
Et la paix naturelle des origines. (I, 88) | :Et la paix naturelle des origines. (I, 88) | ||
Éveil manifeste et parfait à toutes choses | :Éveil manifeste et parfait à toutes choses | ||
Et élimination des souillures avec leurs imprégnations – | :Et élimination des souillures avec leurs imprégnations – | ||
Le bouddha et le nirvāṇa | :Le bouddha et le nirvāṇa | ||
Au sens sacré ne sont pas deux. (I, 89) | :Au sens sacré ne sont pas deux. (I, 89) | ||
La libération a pour caractéristique | :La libération a pour caractéristique | ||
D’être inséparable de ses qualités – complètes, | :D’être inséparable de ses qualités – complètes, | ||
Innombrables, inconcevables et immaculées. | :Innombrables, inconcevables et immaculées. | ||
Cette libération est le tathāgata. (I, 90) | :Cette libération est le tathāgata. (I, 90) | ||
Imaginez des peintres aux talents différents | :Imaginez des peintres aux talents différents | ||
Qui ne savent représenter de parties du corps | :Qui ne savent représenter de parties du corps | ||
que celles qu’ils connaissent. | :que celles qu’ils connaissent. | ||
Le maître du royaume leur offre une toile : | :Le maître du royaume leur offre une toile | ||
« Travaillez ensemble, dit-il, et faites mon portrait ! » | :« Travaillez ensemble, dit-il, et faites mon portrait ! » | ||
À cet ordre, ils se mettent à l’ouvrage mais l’un d’eux | :À cet ordre, ils se mettent à l’ouvrage mais l’un d’eux | ||
Doit soudain se rendre à l’étranger. | :Doit soudain se rendre à l’étranger. | ||
Celui-là disparu, il sera impossible d’achever le tableau | :Celui-là disparu, il sera impossible d’achever le tableau | ||
dans toutes ses parties. | :dans toutes ses parties. | ||
Fin de la parabole. (I, 91-94) | :Fin de la parabole. (I, 91-94) | ||
Qui sont ces peintres ? La générosité | :Qui sont ces peintres ? La générosité | ||
La discipline, la patience et les autres vertus. | :La discipline, la patience et les autres vertus. | ||
[Le portrait] est une forme donnée | :[Le portrait] est une forme donnée | ||
À la vacuité en tout suprême. (I, 95) | :À la vacuité en tout suprême. (I, 95) | ||
La connaissance, la sagesse et la libération | :La connaissance, la sagesse et la libération | ||
Éclairent, rayonnent et purifient | :Éclairent, rayonnent et purifient | ||
Sans se séparer [du corps absolu] ; | :Sans se séparer [du corps absolu] ; | ||
On les compare à la lumière du soleil, à ses rayons et à son orbe. (I, 96) | :On les compare à la lumière du soleil, à ses rayons et à son orbe. (I, 96) | ||
Par conséquent, on n’atteint pas le nirvāṇa | :Par conséquent, on n’atteint pas le nirvāṇa | ||
Sans atteindre la bouddhéité, | :Sans atteindre la bouddhéité, | ||
De même qu’on ne peut voir le soleil | :De même qu’on ne peut voir le soleil | ||
Sans sa lumière et ses rayons. (I, 97) | :Sans sa lumière et ses rayons. (I, 97) | ||
Voilà donc les dix points qui définissent | :Voilà donc les dix points qui définissent | ||
La quintessence des Vainqueurs. | :La quintessence des Vainqueurs. | ||
Il s’impose maintenant d’en reconnaître la présence | :Il s’impose maintenant d’en reconnaître la présence | ||
Dans l’enveloppe des affections en s’aidant de comparaisons. (I, 98) | :Dans l’enveloppe des affections en s’aidant de comparaisons. (I, 98) | ||
Comme un bouddha dans un lotus flétri, le miel au milieu des abeilles, | :Comme un bouddha dans un lotus flétri, le miel au milieu des abeilles, | ||
Le grain dans la balle, l’or dans les immondices, | :Le grain dans la balle, l’or dans les immondices, | ||
Un trésor enterré, le germe [d’un grand arbre né] d’un petit fruit, | :Un trésor enterré, le germe [d’un grand arbre né] d’un petit fruit, | ||
Une statue de bouddha dans des haillons, (I, 99) | :Une statue de bouddha dans des haillons, (I, 99) | ||
Un maître des hommes dans le ventre d’une pauvresse, | :Un maître des hommes dans le ventre d’une pauvresse, | ||
Ou encore comme une précieuse image dans l’argile [du moule] : | :Ou encore comme une précieuse image dans l’argile [du moule] | ||
Cet Élément ainsi présent dans les êtres est voilé | :Cet Élément ainsi présent dans les êtres est voilé | ||
Par les souillures adventices des affections. (I, 100) | :Par les souillures adventices des affections. (I, 100) | ||
Le lotus, les insectes, la balle du grain, les immondices, | :Le lotus, les insectes, la balle du grain, les immondices, | ||
la terre, le fruit et les haillons, | :la terre, le fruit et les haillons, | ||
De même que la femme tourmentée par les flammes | :De même que la femme tourmentée par les flammes | ||
de la souffrance et l’argile, représentent les souillures, | :de la souffrance et l’argile, représentent les souillures, | ||
Tandis que le bouddha, le miel, le grain, l’or, | :Tandis que le bouddha, le miel, le grain, l’or, | ||
le trésor, le banian, l’image, | :le trésor, le banian, l’image, | ||
Le maître suprême des continents et la statue en or | :Le maître suprême des continents et la statue en or | ||
représentent l’Élément sublime et immaculé. (I, 101) | :représentent l’Élément sublime et immaculé. (I, 101) | ||
Dans un lotus aux couleurs défraîchies se trouve | :Dans un lotus aux couleurs défraîchies se trouve | ||
Un tathāgata rayonnant de mille marques. | :Un tathāgata rayonnant de mille marques. | ||
Un homme qui a purifié l’œil divin le voit | :Un homme qui a purifié l’œil divin le voit | ||
Et l’extrait de la corolle fanée du lotus. (I, 102) | :Et l’extrait de la corolle fanée du lotus. (I, 102) | ||
De même, avec son œil de bouddha, le Bien-Allé voit aussi | :De même, avec son œil de bouddha, le Bien-Allé voit aussi | ||
Sa propre nature chez les êtres de l’enfer des Tourments Insurpassables. | :Sa propre nature chez les êtres de l’enfer des Tourments Insurpassables. | ||
Compassion incarnée, libre des voiles, | :Compassion incarnée, libre des voiles, | ||
il restera jusqu’à la fin des temps | :il restera jusqu’à la fin des temps | ||
Pour libérer les êtres des voiles qui les obscurcissent. (I, 103) | :Pour libérer les êtres des voiles qui les obscurcissent. (I, 103) | ||
L’œil divin qui voit un bouddha enfermé dans un lotus immonde | :L’œil divin qui voit un bouddha enfermé dans un lotus immonde | ||
Arrache les pétales de la fleur. | :Arrache les pétales de la fleur. | ||
De même, le sage qui voit dans chaque être la quintessence | :De même, le sage qui voit dans chaque être la quintessence | ||
des parfaits bouddhas enfermée dans les souillures | :des parfaits bouddhas enfermée dans les souillures | ||
de l’attachement, de la haine et des autres poisons | :de l’attachement, de la haine et des autres poisons | ||
Élimine ces voiles par compassion. (I, 104) | :Élimine ces voiles par compassion. (I, 104) | ||
Voyant que le miel qu’il convoite | :Voyant que le miel qu’il convoite | ||
Est cerné par les abeilles, | :Est cerné par les abeilles, | ||
L’homme ingénieux exercera son habileté | :L’homme ingénieux exercera son habileté | ||
En détachant le miel des insectes. (I, 105) | :En détachant le miel des insectes. (I, 105) | ||
Le grand ermite, qui voit d’un œil omniscient | :Le grand ermite, qui voit d’un œil omniscient | ||
L’Élément de connaissance comparable au miel, | :L’Élément de connaissance comparable au miel, | ||
N’a de cesse que d’éliminer à jamais | :N’a de cesse que d’éliminer à jamais | ||
Les voiles ici comparés à des abeilles. (I, 106) | :Les voiles ici comparés à des abeilles. (I, 106) | ||
L’homme qui convoite le miel caché sous des abeilles par millions | :L’homme qui convoite le miel caché sous des abeilles par millions | ||
Disperse les insectes et dispose du miel à sa guise. | :Disperse les insectes et dispose du miel à sa guise. | ||
De même, la connaissance non contaminée présente en chaque être | :De même, la connaissance non contaminée présente en chaque être | ||
est comparable au miel ; | :est comparable au miel ; | ||
Les affections aux abeilles ; et le Vainqueur habile à les détruire | :Les affections aux abeilles ; et le Vainqueur habile à les détruire | ||
à cet homme. (I, 107) | :à cet homme. (I, 107) | ||
Le grain dans la balle n’est pas | :Le grain dans la balle n’est pas | ||
Utilisable par l’homme. | :Utilisable par l’homme. | ||
Pour s’en nourrir il faut | :Pour s’en nourrir il faut | ||
L’extraire de la balle. (I, 108) | :L’extraire de la balle. (I, 108) | ||
De même, tant que le Vainqueur présent en chaque être, | :De même, tant que le Vainqueur présent en chaque être, | ||
Mêlé cependant à la souillure des affections, | :Mêlé cependant à la souillure des affections, | ||
N’aura pas été libéré de cette promiscuité | :N’aura pas été libéré de cette promiscuité | ||
avec la souillure des affections, | :avec la souillure des affections, | ||
Les Vainqueurs n’exerceront leurs activités | :Les Vainqueurs n’exerceront leurs activités | ||
dans aucun des trois mondes. (I, 109) | :dans aucun des trois mondes. (I, 109) | ||
De même que les grains de riz, de blé noir ou d’orge | :De même que les grains de riz, de blé noir ou d’orge | ||
encore dans la balle, et avec leurs barbes, | :encore dans la balle, et avec leurs barbes, | ||
Ne peuvent rien donner de bon à manger | :Ne peuvent rien donner de bon à manger | ||
s’ils ne sont pas bien préparés, | :s’ils ne sont pas bien préparés, | ||
Le seigneur des qualités, présent en chaque être, | :Le seigneur des qualités, présent en chaque être, | ||
emprisonné toutefois dans la gangue des affections, | :emprisonné toutefois dans la gangue des affections, | ||
Ne peut offrir la saveur des plaisirs du Dharma à des êtres | :Ne peut offrir la saveur des plaisirs du Dharma à des êtres | ||
tenaillés par la faim des affections. (I, 110) | :tenaillés par la faim des affections. (I, 110) | ||
Un voyageur laissa tomber | :Un voyageur laissa tomber | ||
Son or dans les immondices | :Son or dans les immondices | ||
Mais, en raison de sa nature inaltérable, | :Mais, en raison de sa nature inaltérable, | ||
L’or resta intact pendant des siècles, (I, 111) | :L’or resta intact pendant des siècles, (I, 111) | ||
Jusqu’à ce qu’un dieu à l’œil pur | :Jusqu’à ce qu’un dieu à l’œil pur | ||
L’aperçoive et dise à un être humain : | :L’aperçoive et dise à un être humain | ||
« Il y a ici de l’or, le plus précieux des joyaux. | :« Il y a ici de l’or, le plus précieux des joyaux. | ||
Purifiez-le et faites-en tout ce que l’on fait avec les précieux joyaux ! » | :Purifiez-le et faites-en tout ce que l’on fait avec les précieux joyaux ! » | ||
(I, 112) | :(I, 112) | ||
De même, voyant la qualité des êtres enfouie | :De même, voyant la qualité des êtres enfouie | ||
Dans les immondices des affections, | :Dans les immondices des affections, | ||
Le sage fait sur tous les êtres tomber les pluies | :Le sage fait sur tous les êtres tomber les pluies | ||
Du vrai Dharma pour les laver de la boue des affections. (I, 113) | :Du vrai Dharma pour les laver de la boue des affections. (I, 113) | ||
Le dieu qui a décelé l’or tombé dans les immondices | :Le dieu qui a décelé l’or tombé dans les immondices | ||
en montre avec insistance | :en montre avec insistance | ||
La sublime beauté à un être humain pour qu’il le nettoie parfaitement. | :La sublime beauté à un être humain pour qu’il le nettoie parfaitement. | ||
De même, voyant en chaque être le joyau de la bouddhéité parfaite | :De même, voyant en chaque être le joyau de la bouddhéité parfaite | ||
tombé dans les grandes immondices des affections, | :tombé dans les grandes immondices des affections, | ||
Le Vainqueur enseigne le Dharma aux êtres | :Le Vainqueur enseigne le Dharma aux êtres | ||
pour qu’ils purifient cette [quintessence]. (I, 114) | :pour qu’ils purifient cette [quintessence]. (I, 114) | ||
Sous la maison d’un pauvre | :Sous la maison d’un pauvre | ||
Est enfoui un trésor inépuisable. | :Est enfoui un trésor inépuisable. | ||
Le pauvre homme l’ignore et le trésor | :Le pauvre homme l’ignore et le trésor | ||
Ne lui dit pas où il se trouve. (I, 115) | :Ne lui dit pas où il se trouve. (I, 115) | ||
De même, l’esprit recèle le précieux trésor immaculé | :De même, l’esprit recèle le précieux trésor immaculé | ||
De l’essence du réel sans ajout ni retrait. | :De l’essence du réel sans ajout ni retrait. | ||
Ne l’ayant pas compris, les êtres subissent constamment | :Ne l’ayant pas compris, les êtres subissent constamment | ||
Les souffrances de la pauvreté sous maintes formes. (I, 116) | :Les souffrances de la pauvreté sous maintes formes. (I, 116) | ||
Le trésor enfoui sous la maison du pauvre ne peut pas | :Le trésor enfoui sous la maison du pauvre ne peut pas | ||
Lui dire sa présence – que le malheureux continue d’ignorer. | :Lui dire sa présence – que le malheureux continue d’ignorer. | ||
De même, le trésor du réel se cache dans la maison de l’esprit des êtres | :De même, le trésor du réel se cache dans la maison de l’esprit des êtres | ||
comme chez le pauvre homme, | :comme chez le pauvre homme, | ||
Et c’est bien pour qu’ils le trouvent | :Et c’est bien pour qu’ils le trouvent | ||
que de vrais sages viennent au monde. (I, 117) | :que de vrais sages viennent au monde. (I, 117) | ||
Le noyau que l’on trouve dans la mangue et d’autres fruits, | :Le noyau que l’on trouve dans la mangue et d’autres fruits, | ||
A l’inaliénable propriété de germer. Une terre labourée, | :A l’inaliénable propriété de germer. Une terre labourée, | ||
De l’eau et d’autres [conditions] concourent alors | :De l’eau et d’autres [conditions] concourent alors | ||
À la formation graduelle de la substance du roi des arbres. (I, 118) | :À la formation graduelle de la substance du roi des arbres. (I, 118) | ||
Enfoncée sous la peau du fruit que constituent l’ignorance | :Enfoncée sous la peau du fruit que constituent l’ignorance | ||
et les autres [émotions] qui affectent les êtres, | :et les autres [émotions] qui affectent les êtres, | ||
Il y a aussi l’immensité vertueuse de l’Élément du réel. | :Il y a aussi l’immensité vertueuse de l’Élément du réel. | ||
De même, avec le concours de telle et telle vertu, | :De même, avec le concours de telle et telle vertu, | ||
Cet Élément devient peu à peu la substance du roi des sages. (I, 119) | :Cet Élément devient peu à peu la substance du roi des sages. (I, 119) | ||
L’eau, la lumière du soleil, le vent, la terre, le temps et l’espace | :L’eau, la lumière du soleil, le vent, la terre, le temps et l’espace | ||
sont autant de conditions | :sont autant de conditions | ||
Qui, sous la peau des fruits du palmier ou du manguier, | :Qui, sous la peau des fruits du palmier ou du manguier, | ||
coopèrent à la naissance d’un grand arbre. | :coopèrent à la naissance d’un grand arbre. | ||
De même, sous la peau du fruit des émotions qui affectent les êtres, | :De même, sous la peau du fruit des émotions qui affectent les êtres, | ||
loge la graine de la bouddhéité parfaite : | :loge la graine de la bouddhéité parfaite | ||
Différentes conditions vertueuses permettront de voir | :Différentes conditions vertueuses permettront de voir | ||
le germe du Dharma pendant qu’il croît. (I, 120) | :le germe du Dharma pendant qu’il croît. (I, 120) | ||
Imaginez une statue du bouddha en matières précieuses | :Imaginez une statue du bouddha en matières précieuses | ||
Enveloppée dans de puantes guenilles. | :Enveloppée dans de puantes guenilles. | ||
Un dieu qui l’a vue abandonnée sur la route | :Un dieu qui l’a vue abandonnée sur la route | ||
En avertit les passants pour qu’ils la libèrent. (I, 121) | :En avertit les passants pour qu’ils la libèrent. (I, 121) | ||
De même, celui dont rien ne bloque la vision et qui voit, | :De même, celui dont rien ne bloque la vision et qui voit, | ||
Chez les animaux aussi, la substance d’un bouddha | :Chez les animaux aussi, la substance d’un bouddha | ||
Enveloppée dans toute la variété des affections, | :Enveloppée dans toute la variété des affections, | ||
Montrera les moyens de l’en délivrer. (I, 122) | :Montrera les moyens de l’en délivrer. (I, 122) | ||
Le dieu qui, de son œil divin, aperçoit sur la route | :Le dieu qui, de son œil divin, aperçoit sur la route | ||
une statue du Bouddha toute en matières précieuses | :une statue du Bouddha toute en matières précieuses | ||
enveloppée dans de puants haillons | :enveloppée dans de puants haillons | ||
La montre aux passants pour qu’ils l’en délivrent. | :La montre aux passants pour qu’ils l’en délivrent. | ||
De même, lorsqu’il voit sur les chemins du saṃsāra, | :De même, lorsqu’il voit sur les chemins du saṃsāra, | ||
jusques et y compris chez les animaux, | :jusques et y compris chez les animaux, | ||
l’Élément enfoui sous les guenilles des affections, | :l’Élément enfoui sous les guenilles des affections, | ||
Le Vainqueur enseigne le Dharma pour le libérer. (I, 123) | :Le Vainqueur enseigne le Dharma pour le libérer. (I, 123) | ||
Imaginez une femme sans beauté ni protecteur | :Imaginez une femme sans beauté ni protecteur | ||
Qui vit dans un asile pour les déshérités. | :Qui vit dans un asile pour les déshérités. | ||
Même enceinte de la gloire d’un souverain, | :Même enceinte de la gloire d’un souverain, | ||
Elle ignore que son sein abrite le maître des hommes. (I, 124) | :Elle ignore que son sein abrite le maître des hommes. (I, 124) | ||
L’asile pour les déshérités est une image | :L’asile pour les déshérités est une image | ||
de la naissance dans le saṃsāra | :de la naissance dans le saṃsāra | ||
Et la femme enceinte figure les êtres qui ne se sont pas purifiés. | :Et la femme enceinte figure les êtres qui ne se sont pas purifiés. | ||
Ce qui est présent en elle assure sa protection ; | :Ce qui est présent en elle assure sa protection ; | ||
Quant à l’Élément immaculé, il est comparable | :Quant à l’Élément immaculé, il est comparable | ||
[au monarque] qu’elle porte en son sein. (I, 125) | :[au monarque] qu’elle porte en son sein. (I, 125) | ||
La femme laide dans ses vêtements sales | :La femme laide dans ses vêtements sales | ||
a beau porter un monarque en son sein, | :a beau porter un monarque en son sein, | ||
Elle n’en subit pas moins les pires souffrances | :Elle n’en subit pas moins les pires souffrances | ||
dans un asile pour les déshérités. | :dans un asile pour les déshérités. | ||
De même, les êtres qui, sous l’emprise des affections, | :De même, les êtres qui, sous l’emprise des affections, | ||
n’ont pas l’esprit en paix | :n’ont pas l’esprit en paix | ||
Restent sur le terrain de la souffrance et se sentent abandonnés | :Restent sur le terrain de la souffrance et se sentent abandonnés | ||
malgré le protecteur qu’ils portent en eux. (I, 126) | :malgré le protecteur qu’ils portent en eux. (I, 126) | ||
La statue coulée dans l’or qui refroidit dans [son moule] | :La statue coulée dans l’or qui refroidit dans [son moule] | ||
Présente, du dehors, une nature argileuse. | :Présente, du dehors, une nature argileuse. | ||
Ce que voyant, les êtres avertis enlèveront l’enveloppe extérieure | :Ce que voyant, les êtres avertis enlèveront l’enveloppe extérieure | ||
Pour nettoyer la [statue en] or qui se trouve à l’intérieur. (I, 127) | :Pour nettoyer la [statue en] or qui se trouve à l’intérieur. (I, 127) | ||
De même, voyant parfaitement que les souillures | :De même, voyant parfaitement que les souillures | ||
De nature lumineuse sont fortuites, | :De nature lumineuse sont fortuites, | ||
[Ceux qui ont atteint] l’Éveil suprême lavent de leurs voiles | :[Ceux qui ont atteint] l’Éveil suprême lavent de leurs voiles | ||
Les êtres comparables à des mines de joyaux. (I, 128) | :Les êtres comparables à des mines de joyaux. (I, 128) | ||
Au fait de la vraie nature de la forme en or, brillante et pure, | :Au fait de la vraie nature de la forme en or, brillante et pure, | ||
Confinée dans l’argile refroidie, l’orfèvre l’en dégage. | :Confinée dans l’argile refroidie, l’orfèvre l’en dégage. | ||
De même, les omniscients, qui connaissent l’or pur de l’esprit apaisé, | :De même, les omniscients, qui connaissent l’or pur de l’esprit apaisé, | ||
Enseignent-ils le Dharma pour faire disparaître les voiles | :Enseignent-ils le Dharma pour faire disparaître les voiles | ||
en frappant « là où il faut ». (I, 129) | :en frappant « là où il faut ». (I, 129) | ||
Dans un lotus fané, parmi les abeilles, | :Dans un lotus fané, parmi les abeilles, | ||
Dans la balle du grain, dans les immondices, dans la terre, | :Dans la balle du grain, dans les immondices, dans la terre, | ||
Sous la peau du fruit, sous les guenilles, dans la matrice | :Sous la peau du fruit, sous les guenilles, dans la matrice | ||
D’une pauvresse et dans un moule en glaise, (I, 130) | :D’une pauvresse et dans un moule en glaise, (I, 130) | ||
Comparable à un bouddha, au miel, au grain, | :Comparable à un bouddha, au miel, au grain, | ||
De même qu’à l’or, à un trésor, à un grand arbre, | :De même qu’à l’or, à un trésor, à un grand arbre, | ||
Une précieuse image, un monarque universel | :Une précieuse image, un monarque universel | ||
Et une statue en or, (I, 131) | :Et une statue en or, (I, 131) | ||
L’Élément des êtres, dit-on, n’a rien de commun | :L’Élément des êtres, dit-on, n’a rien de commun | ||
Avec l’enveloppe des affections. | :Avec l’enveloppe des affections. | ||
La pureté naturelle de l’esprit | :La pureté naturelle de l’esprit | ||
Est telle depuis l’absence de commencement. (I, 132) | :Est telle depuis l’absence de commencement. (I, 132) | ||
L’attachement, l’aversion et la confusion, | :L’attachement, l’aversion et la confusion, | ||
Ainsi que leur vive émergence et leurs imprégnations, | :Ainsi que leur vive émergence et leurs imprégnations, | ||
De même que les souillures éliminées | :De même que les souillures éliminées | ||
sur les voies de vision et de méditation, | :sur les voies de vision et de méditation, | ||
Ou encore sur les terre impures et les terres pures : (I, 133) | :Ou encore sur les terre impures et les terres pures : (I, 133) | ||
Voilà neuf groupes [de souillures] qu’illustrent | :Voilà neuf groupes [de souillures] qu’illustrent | ||
Le lotus fané et les autres comparaisons, | :Le lotus fané et les autres comparaisons, | ||
Mais les enveloppes des affections secondaires | :Mais les enveloppes des affections secondaires | ||
Présentent des millions et des millions de subdivisions. (I, 134) | :Présentent des millions et des millions de subdivisions. (I, 134) | ||
L’attachement et les huit autres souillures | :L’attachement et les huit autres souillures | ||
Sont disposés ci-dessus de façon à correspondre, | :Sont disposés ci-dessus de façon à correspondre, | ||
Dans le même ordre, au lotus fané | :Dans le même ordre, au lotus fané | ||
Et aux huit autres comparaisons. (I, 135) | :Et aux huit autres comparaisons. (I, 135) | ||
Les êtres puérils sont entachés par quatre | :Les êtres puérils sont entachés par quatre | ||
De ces souillures ; les arhats par une, | :De ces souillures ; les arhats par une, | ||
Les disciples [sur les voies avec apprentissage] par deux ; | :Les disciples [sur les voies avec apprentissage] par deux ; | ||
Et les sages [bodhisattvas] par deux souillures aussi. (I, 136) | :Et les sages [bodhisattvas] par deux souillures aussi. (I, 136) | ||
Devant un lotus, fleur née de la boue, | :Devant un lotus, fleur née de la boue, | ||
On se sent toujours heureux. | :On se sent toujours heureux. | ||
Mais cette joie bientôt s’évanouit, | :Mais cette joie bientôt s’évanouit, | ||
Comme la joie née du désir décline aussi. (I, 137) | :Comme la joie née du désir décline aussi. (I, 137) | ||
De même que les abeilles | :De même que les abeilles | ||
Excitées jouent du dard, | :Excitées jouent du dard, | ||
La colère en surgissant | :La colère en surgissant | ||
Arrache le cœur. (I, 138) | :Arrache le cœur. (I, 138) | ||
De même que le grain de riz | :De même que le grain de riz | ||
Est recouvert par la balle, | :Est recouvert par la balle, | ||
La vision de la quintessence est bloquée | :La vision de la quintessence est bloquée | ||
Par la coquille de l’ignorance. (I, 139) | :Par la coquille de l’ignorance. (I, 139) | ||
De même que les immondices sont répugnantes, | :De même que les immondices sont répugnantes, | ||
Immonde est l’émergence [des poisons], | :Immonde est l’émergence [des poisons], | ||
Car elle est la cause dont dépend le désir | :Car elle est la cause dont dépend le désir | ||
De ceux qui lui sont attachés. (I, 140) | :De ceux qui lui sont attachés. (I, 140) | ||
De même que les richesses bien cachées | :De même que les richesses bien cachées | ||
Sont d’introuvables trésors ignorés, | :Sont d’introuvables trésors ignorés, | ||
La [sagesse] spontanée des êtres est voilée | :La [sagesse] spontanée des êtres est voilée | ||
Par la terre des imprégnations de l’ignorance. (I, 141) | :Par la terre des imprégnations de l’ignorance. (I, 141) | ||
La croissance progressive du germe | :La croissance progressive du germe | ||
Déchire le tégument de la graine. | :Déchire le tégument de la graine. | ||
De même, la vision du réel supprime | :De même, la vision du réel supprime | ||
[Les souillures] qui sur cette voie s’éliminent. (I, 142) | :[Les souillures] qui sur cette voie s’éliminent. (I, 142) | ||
Une fois reliés à la voie des êtres sublimes, | :Une fois reliés à la voie des êtres sublimes, | ||
[Les arhats] ont vaincu l’essentiel – la croyance à l’individualité. | :[Les arhats] ont vaincu l’essentiel – la croyance à l’individualité. | ||
Les objets que la sagesse primordiale élimine sur la voie de méditation | :Les objets que la sagesse primordiale élimine sur la voie de méditation | ||
Ressemblent, dit-on, à des guenilles ou des haillons. (I, 143) | :Ressemblent, dit-on, à des guenilles ou des haillons. (I, 143) | ||
Les souillures présentes sur les sept terres [impures] | :Les souillures présentes sur les sept terres [impures] | ||
Sont comparables aux souillures d’une matrice | :Sont comparables aux souillures d’une matrice | ||
Et la sagesse non conceptuelle et parfaitement mûre | :Et la sagesse non conceptuelle et parfaitement mûre | ||
À un [embryon] délivré de la matrice. (I, 144) | :À un [embryon] délivré de la matrice. (I, 144) | ||
Les souillures liées aux trois terres [pures] | :Les souillures liées aux trois terres [pures] | ||
Sont comparables à des traces d’argile [sur une statue]. | :Sont comparables à des traces d’argile [sur une statue]. | ||
Le recueillement Adamantin des grands êtres | :Le recueillement Adamantin des grands êtres | ||
En aura raison. (I, 145) | :En aura raison. (I, 145) | ||
L’attachement et les huit autres souillures | :L’attachement et les huit autres souillures | ||
Sont donc comparables à un lotus fané et aux huit autres exemples. | :Sont donc comparables à un lotus fané et aux huit autres exemples. | ||
Ramené à sa triple nature, l’Élément | :Ramené à sa triple nature, l’Élément | ||
Est comparable à un bouddha et ainsi de suite. (I, 146) | :Est comparable à un bouddha et ainsi de suite. (I, 146) | ||
Cette [triple] nature est le corps du Dharma, | :Cette [triple] nature est le corps du Dharma, | ||
L’ainsité et la filiation que l’on reconnaîtra | :L’ainsité et la filiation que l’on reconnaîtra | ||
Successivement dans trois comparaisons, | :Successivement dans trois comparaisons, | ||
Puis dans une seule et enfin dans cinq. (I, 147) | :Puis dans une seule et enfin dans cinq. (I, 147) | ||
Le corps du Dharma présente deux aspects : | :Le corps du Dharma présente deux aspects | ||
La très pure dimension absolue | :La très pure dimension absolue | ||
Et son analogue, les enseignements | :Et son analogue, les enseignements | ||
Du mode profond et du mode détaillé. (I, 148) | :Du mode profond et du mode détaillé. (I, 148) | ||
Bien au-delà du monde, | :Bien au-delà du monde, | ||
Rien ne lui ressemble dans le monde. | :Rien ne lui ressemble dans le monde. | ||
Voilà montrée la similitude | :Voilà montrée la similitude | ||
De l’Élément et du Tathāgata. (I, 149) | :De l’Élément et du Tathāgata. (I, 149) | ||
Les enseignements du mode profond et subtil | :Les enseignements du mode profond et subtil | ||
Évoquent le goût unique de tous les miels. | :Évoquent le goût unique de tous les miels. | ||
Quant aux enseignements du mode détaillé, | :Quant aux enseignements du mode détaillé, | ||
Ils ressemblent à tous ces grains dans leur balle. (I, 150) | :Ils ressemblent à tous ces grains dans leur balle. (I, 150) | ||
En raison de sa nature immuable, | :En raison de sa nature immuable, | ||
Vertueuse et parfaitement pure, | :Vertueuse et parfaitement pure, | ||
L’ainsité est comparable | :L’ainsité est comparable | ||
À une forme en or. (I, 151) | :À une forme en or. (I, 151) | ||
Sachez que, semblable au trésor et à l’arbre fruitier, | :Sachez que, semblable au trésor et à l’arbre fruitier, | ||
La filiation spirituelle a deux aspects : | :La filiation spirituelle a deux aspects | ||
Présente sans commencement [en tant que] nature [de l’esprit] | :Présente sans commencement [en tant que] nature [de l’esprit] | ||
Et suprême [quand on l’a] correctement adoptée. (I, 152) | :Et suprême [quand on l’a] correctement adoptée. (I, 152) | ||
On atteint les trois corps de la bouddhéité | :On atteint les trois corps de la bouddhéité | ||
À partir de cette double filiation. | :À partir de cette double filiation. | ||
Le premier corps, de la première ; | :Le premier corps, de la première ; | ||
Les deux suivants, de la seconde. (I, 153) | :Les deux suivants, de la seconde. (I, 153) | ||
Vous devriez savoir que la beauté du corps essentiel | :Vous devriez savoir que la beauté du corps essentiel | ||
Est comparable à une précieuse image | :Est comparable à une précieuse image | ||
Parce que ce corps de nature incréée | :Parce que ce corps de nature incréée | ||
Et ses qualités forment un trésor de joyaux. (I, 154) | :Et ses qualités forment un trésor de joyaux. (I, 154) | ||
Le corps de parfaite jouissance évoque un monarque universel | :Le corps de parfaite jouissance évoque un monarque universel | ||
Parce qu’il détient le grand royaume du vrai Dharma. | :Parce qu’il détient le grand royaume du vrai Dharma. | ||
Le corps d’apparition est alors comparé à une forme en or | :Le corps d’apparition est alors comparé à une forme en or | ||
Parce qu’il a la nature des reflets. (I, 155) | :Parce qu’il a la nature des reflets. (I, 155) | ||
C’est la foi qui permet de réaliser | :C’est la foi qui permet de réaliser | ||
L’absolu des [bouddhas] nés d’eux-mêmes. | :L’absolu des [bouddhas] nés d’eux-mêmes. | ||
Qui n’a pas d’yeux ne peut voir | :Qui n’a pas d’yeux ne peut voir | ||
L’éclat de l’orbe solaire. (I, 156) | :L’éclat de l’orbe solaire. (I, 156) | ||
Ici, il n’y a rien à enlever | :Ici, il n’y a rien à enlever | ||
Et rien à ajouter. | :Et rien à ajouter. | ||
Regardez réellement le réel ! | :Regardez réellement le réel ! | ||
Quand vous le verrez, vous serez libres. (I, 157) | :Quand vous le verrez, vous serez libres. (I, 157) | ||
L’Élément est vide des souillures adventices | :L’Élément est vide des souillures adventices | ||
Qui ont pour caractère d’en être séparables. | :Qui ont pour caractère d’en être séparables. | ||
Il n’est pas vide de ses insurpassables qualités | :Il n’est pas vide de ses insurpassables qualités | ||
Qui ont pour caractère d’en être inséparables. (I, 158) | :Qui ont pour caractère d’en être inséparables. (I, 158) | ||
Les Vainqueurs ont enseigné ici et là | :Les Vainqueurs ont enseigné ici et là | ||
que tous les phénomènes sont vides | :que tous les phénomènes sont vides | ||
Sous tous les aspects, comme des nuages, des rêves et des illusions. | :Sous tous les aspects, comme des nuages, des rêves et des illusions. | ||
Or voici qu’ils déclarent que tous les êtres animés | :Or voici qu’ils déclarent que tous les êtres animés | ||
Ont une nature de bouddha : pourquoi ? (I, 159) | :Ont une nature de bouddha : pourquoi ? (I, 159) | ||
Perdre courage et mépriser les êtres plus humbles que soi, | :Perdre courage et mépriser les êtres plus humbles que soi, | ||
Croire à ce qui n’est pas vrai, déprécier le vrai Dharma | :Croire à ce qui n’est pas vrai, déprécier le vrai Dharma | ||
Et, enfin, être trop attaché à soi-même : voilà cinq défauts | :Et, enfin, être trop attaché à soi-même : voilà cinq défauts | ||
Que cet enseignement se propose d’éliminer chez ceux qu’ils affectent. | :Que cet enseignement se propose d’éliminer chez ceux qu’ils affectent. | ||
(I, 160) | :(I, 160) | ||
La limite du réel se trouve toujours | :La limite du réel se trouve toujours | ||
À l’écart des phénomènes conditionnés. | :À l’écart des phénomènes conditionnés. | ||
Il est alors possible de comparer les affections, | :Il est alors possible de comparer les affections, | ||
Les actes et leurs effets à des nuages, des rêves, des illusions. (I, 161) | :Les actes et leurs effets à des nuages, des rêves, des illusions. (I, 161) | ||
Les affections sont comparables à des nuages ; | :Les affections sont comparables à des nuages ; | ||
Les actes, à des expériences faites en rêve ; | :Les actes, à des expériences faites en rêve ; | ||
Et les agrégats, qui résultent des affections | :Et les agrégats, qui résultent des affections | ||
Et des actes, à des illusions et des apparitions. (I, 162) | :Et des actes, à des illusions et des apparitions. (I, 162) | ||
En plus des premiers exposés, | :En plus des premiers exposés, | ||
La Continuité suprême enseigne | :La Continuité suprême enseigne | ||
La présence de l’Élément spirituel | :La présence de l’Élément spirituel | ||
Pour éliminer les cinq défauts. (I, 163) | :Pour éliminer les cinq défauts. (I, 163) | ||
Ainsi, l’esprit d’Éveil ne naîtra point | :Ainsi, l’esprit d’Éveil ne naîtra point | ||
Chez ceux qui, n’ayant pas entendu [cet enseignement], | :Chez ceux qui, n’ayant pas entendu [cet enseignement], | ||
Se méprisent eux-mêmes | :Se méprisent eux-mêmes | ||
Jusqu’à perdre courage. (I, 164) | :Jusqu’à perdre courage. (I, 164) | ||
D’entre ceux qui ont produit l’esprit d’Éveil, | :D’entre ceux qui ont produit l’esprit d’Éveil, | ||
Certains se disent supérieurs | :Certains se disent supérieurs | ||
Et tiennent pour inférieurs | :Et tiennent pour inférieurs | ||
Ceux que l’esprit d’Éveil n’a pas encore gagnés. (I, 165) | :Ceux que l’esprit d’Éveil n’a pas encore gagnés. (I, 165) | ||
La juste sagesse ne peut naître | :La juste sagesse ne peut naître | ||
Chez ceux qui pensent de la sorte. | :Chez ceux qui pensent de la sorte. | ||
Ceux-là croient ce qui n’est pas vrai | :Ceux-là croient ce qui n’est pas vrai | ||
Et le vrai n’a pas de sens pour eux. (I, 166) | :Et le vrai n’a pas de sens pour eux. (I, 166) | ||
Artificiels et passagers, les défauts | :Artificiels et passagers, les défauts | ||
Des êtres ne sont pas réels. | :Des êtres ne sont pas réels. | ||
En vérité, les fautes n’ont pas de soi | :En vérité, les fautes n’ont pas de soi | ||
Et les qualités sont pures par nature. (I, 167) | :Et les qualités sont pures par nature. (I, 167) | ||
S’il croit à des défauts irréels | :S’il croit à des défauts irréels | ||
Et sous-estime de réelles qualités, | :Et sous-estime de réelles qualités, | ||
L’être intelligent n’acquerra pas la bienveillance | :L’être intelligent n’acquerra pas la bienveillance | ||
Qui voit l’égalité d’autrui et de soi-même. (I, 168) | :Qui voit l’égalité d’autrui et de soi-même. (I, 168) | ||
Ainsi, quand on a entendu ce qui précède, | :Ainsi, quand on a entendu ce qui précède, | ||
on ne peut qu’être enthousiaste, | :on ne peut qu’être enthousiaste, | ||
Respecter les autres autant que notre Instructeur, | :Respecter les autres autant que notre Instructeur, | ||
Et accéder à la connaissance, à la sagesse et à la grande bienveillance. | :Et accéder à la connaissance, à la sagesse et à la grande bienveillance. | ||
L’émergence de ces cinq qualités permet (I, 169) | :L’émergence de ces cinq qualités permet (I, 169) | ||
D’éliminer l’erreur [du découragement], de voir égal, | :D’éliminer l’erreur [du découragement], de voir égal, | ||
De [réaliser] l’absence des défauts et la présence des qualités, | :De [réaliser] l’absence des défauts et la présence des qualités, | ||
Et de s’aimer soi-même autant que les autres, | :Et de s’aimer soi-même autant que les autres, | ||
Grâce à quoi l’on atteindra bientôt l’état de bouddha. (I, 170) | :Grâce à quoi l’on atteindra bientôt l’état de bouddha. (I, 170) | ||
Ici prend fin le premier chapitre, « La Quintessence des tathāgatas », du | :Ici prend fin le premier chapitre, « La Quintessence des tathāgatas », du | ||
Traité de la Continuité suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation | :Traité de la Continuité suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation | ||
spirituelle des Trois Joyaux. | :spirituelle des Trois Joyaux. | ||
===II - L’ÉVEIL=== | ===II - L’ÉVEIL=== | ||
[L’Éveil] est pureté, obtention et séparation ; | :[L’Éveil] est pureté, obtention et séparation ; | ||
Bien propre, bien d’autrui, support, | :Bien propre, bien d’autrui, support, | ||
Profondeur, vastitude, magnanimité, | :Profondeur, vastitude, magnanimité, | ||
Durée et essence. (II, 1) | :Durée et essence. (II, 1) | ||
L’essence, la cause, le fruit, | :L’essence, la cause, le fruit, | ||
La fonction, la dotation, la manifestation, | :La fonction, la dotation, la manifestation, | ||
La permanence et l’inconcevabilité : | :La permanence et l’inconcevabilité | ||
[Ces huit points] déterminent la bouddhéité. (II, 2) | :[Ces huit points] déterminent la bouddhéité. (II, 2) | ||
On l’appelle « luminosité naturelle » et elle évoque le soleil et le ciel. | :On l’appelle « luminosité naturelle » et elle évoque le soleil et le ciel. | ||
L’épaisse nuée des [voiles] adventices du connaissable | :L’épaisse nuée des [voiles] adventices du connaissable | ||
et des affections la recouvrent | :et des affections la recouvrent | ||
[Mais elle reste] la bouddhéité permanente, stable et éternelle, | :[Mais elle reste] la bouddhéité permanente, stable et éternelle, | ||
dotée de toutes les qualités immaculées des bouddhas. | :dotée de toutes les qualités immaculées des bouddhas. | ||
On peut l’atteindre avec les deux sagesses qui discernent | :On peut l’atteindre avec les deux sagesses qui discernent | ||
tous les phénomènes sans la moindre pensée. (II, 3) | :tous les phénomènes sans la moindre pensée. (II, 3) | ||
L’indivisible bouddhéité se distingue | :L’indivisible bouddhéité se distingue | ||
Pleinement par ses qualités pures, | :Pleinement par ses qualités pures, | ||
Comme si elle se dédoublait en soleil de la sagesse | :Comme si elle se dédoublait en soleil de la sagesse | ||
Et en ciel de l’élimination. (II, 4) | :Et en ciel de l’élimination. (II, 4) | ||
Luminosité incomposée, | :Luminosité incomposée, | ||
Inséparable de ses manifestations, | :Inséparable de ses manifestations, | ||
Elle est dotée de toutes les qualités des bouddhas, | :Elle est dotée de toutes les qualités des bouddhas, | ||
Plus nombreuses que les grains de sable du Gange. (II, 5) | :Plus nombreuses que les grains de sable du Gange. (II, 5) | ||
Comme ils n’existent pas par eux-mêmes, | :Comme ils n’existent pas par eux-mêmes, | ||
Qu’ils sont omniprésents et adventices, | :Qu’ils sont omniprésents et adventices, | ||
On compare les voiles émotionnel | :On compare les voiles émotionnel | ||
Et cognitif à des nuages. (II, 6) | :Et cognitif à des nuages. (II, 6) | ||
On affirme que la séparation d’avec les deux voiles | :On affirme que la séparation d’avec les deux voiles | ||
A pour cause une double sagesse : | :A pour cause une double sagesse | ||
L’absence de pensée [de la méditation] | :L’absence de pensée [de la méditation] | ||
Et la sagesse de la post-méditation. (II, 7) | :Et la sagesse de la post-méditation. (II, 7) | ||
Comme un lac aux eaux limpides qui peu à peu se couvrent de lotus ; | :Comme un lac aux eaux limpides qui peu à peu se couvrent de lotus ; | ||
Comme la pleine lune qui s’échappe de la gueule de Rāhu ; | :Comme la pleine lune qui s’échappe de la gueule de Rāhu ; | ||
Comme le soleil qui se dégage de la nue des affections : | :Comme le soleil qui se dégage de la nue des affections | ||
[L’Éveil] rayonne de lumières en raison de ses qualités immaculées. | :[L’Éveil] rayonne de lumières en raison de ses qualités immaculées. | ||
(II, 8) | :(II, 8) | ||
Le Vainqueur est comparable au plus grand des sages, au miel, | :Le Vainqueur est comparable au plus grand des sages, au miel, | ||
Au grain, à l’or précieux, à un trésor et à un grand arbre ; | :Au grain, à l’or précieux, à un trésor et à un grand arbre ; | ||
On le compare encore à une pure et précieuse image du Bouddha, | :On le compare encore à une pure et précieuse image du Bouddha, | ||
À un maître de la terre et à une statue en or. (II, 9) | :À un maître de la terre et à une statue en or. (II, 9) | ||
Pour nous résumer, nous dirons que le fruit | :Pour nous résumer, nous dirons que le fruit | ||
De la sagesse dépourvue de pensées, | :De la sagesse dépourvue de pensées, | ||
C’est la pureté du désir et des autres affections adventices, | :C’est la pureté du désir et des autres affections adventices, | ||
Laquelle est comparable au lac, [à la pleine lune] et au reste. (II, 10) | :Laquelle est comparable au lac, [à la pleine lune] et au reste. (II, 10) | ||
Il est enseigné que le fruit de la sagesse primordiale | :Il est enseigné que le fruit de la sagesse primordiale | ||
Atteint pendant la post-méditation, | :Atteint pendant la post-méditation, | ||
C’est l’obtention définitive de l’état de bouddha | :C’est l’obtention définitive de l’état de bouddha | ||
Pourvu de tous les attributs suprêmes. (II, 11) | :Pourvu de tous les attributs suprêmes. (II, 11) | ||
[L’état de bouddha] est comparable à une étendue d’eau pure | :[L’état de bouddha] est comparable à une étendue d’eau pure | ||
Où le sédiment du désir a déposé | :Où le sédiment du désir a déposé | ||
Et où l’eau de la concentration | :Et où l’eau de la concentration | ||
Baigne les disciples pareils à des lotus. (II, 12) | :Baigne les disciples pareils à des lotus. (II, 12) | ||
Comme il a échappé à la colère de Rāhu, | :Comme il a échappé à la colère de Rāhu, | ||
On le compare à la pleine lune immaculée | :On le compare à la pleine lune immaculée | ||
Comblant les destinées de lumières | :Comblant les destinées de lumières | ||
Qui rayonnent de grande bienveillance et de grande compassion. (II, 13) | :Qui rayonnent de grande bienveillance et de grande compassion. (II, 13) | ||
La bouddhéité est comparable à un soleil immaculé | :La bouddhéité est comparable à un soleil immaculé | ||
Qui s’est libéré des nuages de l’ignorance | :Qui s’est libéré des nuages de l’ignorance | ||
Et, de ses radieuses lumières de sagesse, | :Et, de ses radieuses lumières de sagesse, | ||
Disperse les ténèbres du monde. (II, 14) | :Disperse les ténèbres du monde. (II, 14) | ||
Comme ses qualités égalent le sans-égal, | :Comme ses qualités égalent le sans-égal, | ||
Qu’elle prodigue la saveur du vrai Dharma | :Qu’elle prodigue la saveur du vrai Dharma | ||
Et qu’elle est libre de l’enveloppe [des voiles] | :Et qu’elle est libre de l’enveloppe [des voiles] | ||
On compare [la bouddhéité] à un bouddha, au miel et à une graine. | :On compare [la bouddhéité] à un bouddha, au miel et à une graine. | ||
(II, 15) | :(II, 15) | ||
Comme elle est pure et riche de qualités | :Comme elle est pure et riche de qualités | ||
Qui éliminent la pauvreté | :Qui éliminent la pauvreté | ||
Et qu’elle procure le fruit de la libération, | :Et qu’elle procure le fruit de la libération, | ||
On la compare à de l’or, à un trésor et à un arbre fruitier. (II, 16) | :On la compare à de l’or, à un trésor et à un arbre fruitier. (II, 16) | ||
Comme elle est le joyau du corps absolu, | :Comme elle est le joyau du corps absolu, | ||
Le maître suprême des hommes, | :Le maître suprême des hommes, | ||
Et qu’elle a l’aspect d’une forme précieuse, on la compare | :Et qu’elle a l’aspect d’une forme précieuse, on la compare | ||
À une précieuse [image], à un monarque et à une [statue en] or. (II, 17) | :À une précieuse [image], à un monarque et à une [statue en] or. (II, 17) | ||
Non souillé, omniprésent, indestructible, | :Non souillé, omniprésent, indestructible, | ||
Stable, paisible, éternel, sans transmigration et source [de qualités], | :Stable, paisible, éternel, sans transmigration et source [de qualités], | ||
Le Tathāgata est, comme l’espace, la cause de l’expérience | :Le Tathāgata est, comme l’espace, la cause de l’expérience | ||
Des objets qui s’offrent aux six facultés des êtres purs. (II, 18) | :Des objets qui s’offrent aux six facultés des êtres purs. (II, 18) | ||
[Le bouddha] est la cause qui permet de voir | :[Le bouddha] est la cause qui permet de voir | ||
des formes dépourvues d’éléments, | :des formes dépourvues d’éléments, | ||
D’entendre des paroles bonnes et pures, | :D’entendre des paroles bonnes et pures, | ||
De humer les fragrances de la discipline des bien-allés, | :De humer les fragrances de la discipline des bien-allés, | ||
De connaître le goût du vrai Dharma des grands êtres sublimes, (II, 19) | :De connaître le goût du vrai Dharma des grands êtres sublimes, (II, 19) | ||
D’éprouver les délices du tangible pendant l’absorption méditative | :D’éprouver les délices du tangible pendant l’absorption méditative | ||
Et de réaliser le mode profond en son essence même. | :Et de réaliser le mode profond en son essence même. | ||
Quand on y réfléchit plus précisément, le tathāgata qui procure | :Quand on y réfléchit plus précisément, le tathāgata qui procure | ||
Le bonheur absolu est dépourvu de causes comme l’espace. (II, 20) | :Le bonheur absolu est dépourvu de causes comme l’espace. (II, 20) | ||
Il faut savoir que ces deux sagesses | :Il faut savoir que ces deux sagesses | ||
Ont en bref pour fonction | :Ont en bref pour fonction | ||
Le corps de libération ou la perfection | :Le corps de libération ou la perfection | ||
Et le corps absolu ou la purification. (II, 21) | :Et le corps absolu ou la purification. (II, 21) | ||
On connaîtra le corps de libération et le corps absolu | :On connaîtra le corps de libération et le corps absolu | ||
Sous deux aspects puis sous un seul, | :Sous deux aspects puis sous un seul, | ||
Puisqu’ils sont non contaminés, omniprésents, | :Puisqu’ils sont non contaminés, omniprésents, | ||
Incomposés et que ce sont des sources [de qualités]. (II, 22) | :Incomposés et que ce sont des sources [de qualités]. (II, 22) | ||
[Le corps de libération] n’est pas contaminé | :[Le corps de libération] n’est pas contaminé | ||
Puisque les affections et leurs tendances ont cessé. | :Puisque les affections et leurs tendances ont cessé. | ||
On tient [le corps absolu] pour l’omniprésence | :On tient [le corps absolu] pour l’omniprésence | ||
de la sagesse primordiale | :de la sagesse primordiale | ||
Puisqu’il n’est attaché à rien et que rien ne lui fait obstacle. (II, 23) | :Puisqu’il n’est attaché à rien et que rien ne lui fait obstacle. (II, 23) | ||
[Ces deux corps] sont incomposés | :[Ces deux corps] sont incomposés | ||
Puisqu’ils sont indestructibles à jamais. | :Puisqu’ils sont indestructibles à jamais. | ||
C’est leur indestructibilité qu’explicitent | :C’est leur indestructibilité qu’explicitent | ||
La stabilité et les trois autres qualités. (II, 24) | :La stabilité et les trois autres qualités. (II, 24) | ||
La destruction présente quatre aspects | :La destruction présente quatre aspects | ||
Qui sont les contraires de la stabilité et ainsi de suite : | :Qui sont les contraires de la stabilité et ainsi de suite | ||
La dégradation, le changement, l’interruption | :La dégradation, le changement, l’interruption | ||
Et la transmigration avec ses métamorphoses inconcevables. (II, 25) | :Et la transmigration avec ses métamorphoses inconcevables. (II, 25) | ||
Indestructibles de ces quatre façons, [les deux corps] | :Indestructibles de ces quatre façons, [les deux corps] | ||
Sont stables, paisibles, permanents et libres de la transmigration. | :Sont stables, paisibles, permanents et libres de la transmigration. | ||
L’absence de souillures et la sagesse en sont la source | :L’absence de souillures et la sagesse en sont la source | ||
En tant que supports des qualités pures. (II, 26) | :En tant que supports des qualités pures. (II, 26) | ||
De même que l’espace, qui n’est pas une cause, | :De même que l’espace, qui n’est pas une cause, | ||
Est cause de la vision des formes | :Est cause de la vision des formes | ||
Et de la perception des sons, des odeurs, | :Et de la perception des sons, des odeurs, | ||
Des saveurs, des tangibles et des phénomènes [mentaux], (II, 27) | :Des saveurs, des tangibles et des phénomènes [mentaux], (II, 27) | ||
De même, grâce à la [voie de] jonction où les voiles disparaissent, | :De même, grâce à la [voie de] jonction où les voiles disparaissent, | ||
Les deux corps sont les causes de l’apparition | :Les deux corps sont les causes de l’apparition | ||
De qualités non contaminées comme autant d’objets | :De qualités non contaminées comme autant d’objets | ||
Offerts aux facultés des [êtres] stables. (II, 28) | :Offerts aux facultés des [êtres] stables. (II, 28) | ||
Inconcevable, permanent, stable, paisible, éternel, | :Inconcevable, permanent, stable, paisible, éternel, | ||
Apaisé, omniprésent, libre de la pensée, pareil à l’espace, | :Apaisé, omniprésent, libre de la pensée, pareil à l’espace, | ||
Libre d’attachement, nulle part entravé, sans plus de contacts grossiers, | :Libre d’attachement, nulle part entravé, sans plus de contacts grossiers, | ||
Invisible, insaisissable et vertueux, le Bouddha est immaculé. (II, 29) | :Invisible, insaisissable et vertueux, le Bouddha est immaculé. (II, 29) | ||
Le corps de libération et le corps absolu | :Le corps de libération et le corps absolu | ||
Enseignent le bien propre et le bien d’autrui. | :Enseignent le bien propre et le bien d’autrui. | ||
Supports du double bienfait, ils sont inconcevables | :Supports du double bienfait, ils sont inconcevables | ||
En plus de quatorze autres qualités. (II, 30) | :En plus de quatorze autres qualités. (II, 30) | ||
La bouddhéité est l’objet de l’omnisciente | :La bouddhéité est l’objet de l’omnisciente | ||
Sagesse primordiale et non des trois connaissances. | :Sagesse primordiale et non des trois connaissances. | ||
Les êtres pourvus d’un corps de sagesse [autres que les bouddhas] | :Les êtres pourvus d’un corps de sagesse [autres que les bouddhas] | ||
Comprendront qu’elle est inconcevable. (II, 31) | :Comprendront qu’elle est inconcevable. (II, 31) | ||
De par sa subtilité, ce n’est pas un objet d’étude. | :De par sa subtilité, ce n’est pas un objet d’étude. | ||
Absolue, ce n’est un objet de réflexion. | :Absolue, ce n’est un objet de réflexion. | ||
Profonde essence du réel, ce n’est pas non plus l’objet | :Profonde essence du réel, ce n’est pas non plus l’objet | ||
Des méditations mondaines et autres. (II, 32) | :Des méditations mondaines et autres. (II, 32) | ||
De même que les aveugles de naissance ne voient pas les formes, | :De même que les aveugles de naissance ne voient pas les formes, | ||
Les êtres puérils ne l’ont jamais vue. Les êtres sublimes eux-mêmes | :Les êtres puérils ne l’ont jamais vue. Les êtres sublimes eux-mêmes | ||
Sont pareils à des nourrissons qui entrevoient la forme du soleil | :Sont pareils à des nourrissons qui entrevoient la forme du soleil | ||
Depuis la chambre où ils viennent de naître. (II, 33) | :Depuis la chambre où ils viennent de naître. (II, 33) | ||
[La bouddhéité] est permanente parce qu’elle n’est jamais née ; | :[La bouddhéité] est permanente parce qu’elle n’est jamais née ; | ||
Elle est stable parce qu’elle ne cesse jamais ; | :Elle est stable parce qu’elle ne cesse jamais ; | ||
Elle est paisible parce qu’elle n’a plus de dualités ; | :Elle est paisible parce qu’elle n’a plus de dualités ; | ||
Elle est éternelle parce que l’essence du réel persiste. (II, 34) | :Elle est éternelle parce que l’essence du réel persiste. (II, 34) | ||
[L’Éveil est] très paisible en tant que vérité de la cessation ; | :[L’Éveil est] très paisible en tant que vérité de la cessation ; | ||
Omniprésent pour sa réalisation de toute chose ; | :Omniprésent pour sa réalisation de toute chose ; | ||
Sans pensées parce qu’il ne fait fond sur rien ; | :Sans pensées parce qu’il ne fait fond sur rien ; | ||
Et sans attachement parce qu’il n’a plus d’affections. (II, 35) | :Et sans attachement parce qu’il n’a plus d’affections. (II, 35) | ||
Il est totalement pur du voile cognitif | :Il est totalement pur du voile cognitif | ||
Et rien ne peut lui faire obstacle. | :Et rien ne peut lui faire obstacle. | ||
Libre du double [obstacle] et infiniment souple, | :Libre du double [obstacle] et infiniment souple, | ||
Il n’a plus de contacts grossiers. (II, 36) | :Il n’a plus de contacts grossiers. (II, 36) | ||
[L’Éveil] est invisible parce qu’il n’a pas de forme ; | :[L’Éveil] est invisible parce qu’il n’a pas de forme ; | ||
Insaisissable parce qu’il n’a pas de caractéristiques ; | :Insaisissable parce qu’il n’a pas de caractéristiques ; | ||
Vertueux parce qu’il est pur par nature ; | :Vertueux parce qu’il est pur par nature ; | ||
Immaculé parce qu’il n’a plus de souillures. (II, 37) | :Immaculé parce qu’il n’a plus de souillures. (II, 37) | ||
Sans commencement ni milieu ni fin, indivisible, | :Sans commencement ni milieu ni fin, indivisible, | ||
Non duelle, dégagée des trois [voiles], immaculée et libre de la pensée : | :Non duelle, dégagée des trois [voiles], immaculée et libre de la pensée | ||
Telle est la nature de la dimension absolue | :Telle est la nature de la dimension absolue | ||
Dont la réalisation est la vision des yogis établis en méditation. | :Dont la réalisation est la vision des yogis établis en méditation. | ||
(II, 38) | :(II, 38) | ||
Dotée de qualités immensurables, inconcevables, | :Dotée de qualités immensurables, inconcevables, | ||
Inégalées, plus nombreuses que les grains de sable du Gange, | :Inégalées, plus nombreuses que les grains de sable du Gange, | ||
La pure immensité des tathāgatas | :La pure immensité des tathāgatas | ||
Est libre de tous les maux et de leurs imprégnations. (II, 39) | :Est libre de tous les maux et de leurs imprégnations. (II, 39) | ||
Avec le vrai Dharma sous ses deux aspects, | :Avec le vrai Dharma sous ses deux aspects, | ||
avec des corps rayonnant de lumières, | :avec des corps rayonnant de lumières, | ||
Il s’empresse d’accomplir son but, celui de libérer les êtres, | :Il s’empresse d’accomplir son but, celui de libérer les êtres, | ||
Et pour ce faire il agit comme le souverain des Joyaux magiques | :Et pour ce faire il agit comme le souverain des Joyaux magiques | ||
En revêtant toutes les apparences possibles | :En revêtant toutes les apparences possibles | ||
sans être leur essence pour autant. (II, 40) | :sans être leur essence pour autant. (II, 40) | ||
Les [corps] formels sont en ce monde la cause de l’entrée | :Les [corps] formels sont en ce monde la cause de l’entrée | ||
des êtres ordinaires dans la voie de la paix. | :des êtres ordinaires dans la voie de la paix. | ||
De même sont-ils la cause de leur maturité et de la prédiction. | :De même sont-ils la cause de leur maturité et de la prédiction. | ||
Ils resteront ici à jamais comme le monde | :Ils resteront ici à jamais comme le monde | ||
De la Forme restera dans l’espace. (II, 41) | :De la Forme restera dans l’espace. (II, 41) | ||
On appelle « bouddhéité » l’omniscience | :On appelle « bouddhéité » l’omniscience | ||
De ceux qui d’eux-mêmes sont nés. | :De ceux qui d’eux-mêmes sont nés. | ||
Voilà le nirvāṇa suprême, l’impensable, | :Voilà le nirvāṇa suprême, l’impensable, | ||
Le vainqueur de l’ennemi et l’incarnation | :Le vainqueur de l’ennemi et l’incarnation | ||
[de la sagesse] qui se connaît elle-même. (II, 42) | :[de la sagesse] qui se connaît elle-même. (II, 42) | ||
Elle se manifeste dans le corps essentiel | :Elle se manifeste dans le corps essentiel | ||
Et les deux autres corps en fonction de leurs qualités | :Et les deux autres corps en fonction de leurs qualités | ||
Respectives de profondeur, de vastitude | :Respectives de profondeur, de vastitude | ||
Et de magnanimité. (II, 43) | :Et de magnanimité. (II, 43) | ||
Sachez donc, en bref, | :Sachez donc, en bref, | ||
Que le corps essentiel des bouddhas | :Que le corps essentiel des bouddhas | ||
Possède cinq caractéristiques. | :Possède cinq caractéristiques. | ||
On ramène ses qualités à cinq aussi. (II, 44) | :On ramène ses qualités à cinq aussi. (II, 44) | ||
[Le corps essentiel est] incomposé, indivisible, | :[Le corps essentiel est] incomposé, indivisible, | ||
Dégagé des deux extrêmes | :Dégagé des deux extrêmes | ||
Et définitivement libre des trois voiles : | :Et définitivement libre des trois voiles | ||
Émotionnel, cognitif et méditatif. (II, 45) | :Émotionnel, cognitif et méditatif. (II, 45) | ||
Immaculé, sans pensée, | :Immaculé, sans pensée, | ||
C’est le domaine des yogis | :C’est le domaine des yogis | ||
Et, en tant que dimension absolue | :Et, en tant que dimension absolue | ||
Pure par essence, la luminosité. (II, 46) | :Pure par essence, la luminosité. (II, 46) | ||
Le corps essentiel est réellement pourvu | :Le corps essentiel est réellement pourvu | ||
De qualités ultimes : il est immensurable, | :De qualités ultimes : il est immensurable, | ||
Indénombrable, inconcevable, | :Indénombrable, inconcevable, | ||
Inégalable et pur. (II, 47) | :Inégalable et pur. (II, 47) | ||
Cela, parce que, respectivement, il est immense | :Cela, parce que, respectivement, il est immense | ||
Et se dérobe à toute mesure, que ce n’est pas un objet | :Et se dérobe à toute mesure, que ce n’est pas un objet | ||
De spéculation, qu’il est unique | :De spéculation, qu’il est unique | ||
Et n’a plus de propensions karmiques. (II, 48) | :Et n’a plus de propensions karmiques. (II, 48) | ||
Il jouit à la perfection des divers enseignements, | :Il jouit à la perfection des divers enseignements, | ||
Il se manifeste avec ses qualités naturelles, | :Il se manifeste avec ses qualités naturelles, | ||
Et le bien qu’il ne cesse de prodiguer aux êtres | :Et le bien qu’il ne cesse de prodiguer aux êtres | ||
Est l’analogue de sa pure compassion. (II, 49) | :Est l’analogue de sa pure compassion. (II, 49) | ||
Il comble tous les désirs, quels qu’ils soient, | :Il comble tous les désirs, quels qu’ils soient, | ||
Sans la moindre pensée, sans le moindre effort. | :Sans la moindre pensée, sans le moindre effort. | ||
Aussi, avec ses prodiges de Joyau magique, | :Aussi, avec ses prodiges de Joyau magique, | ||
Sa présence est-elle parfaite jouissance. (II, 50) | :Sa présence est-elle parfaite jouissance. (II, 50) | ||
L’expression, l’apparence et les activités ininterrompues, | :L’expression, l’apparence et les activités ininterrompues, | ||
L’absence d’action délibérée | :L’absence d’action délibérée | ||
Et le fait de montrer qu’il n’est pas l’essence de toutes [ces choses], | :Et le fait de montrer qu’il n’est pas l’essence de toutes [ces choses], | ||
Rendent compte de la quintuple diversité | :Rendent compte de la quintuple diversité | ||
[du corps de parfaite jouissance]. (II, 51) | :[du corps de parfaite jouissance]. (II, 51) | ||
De même que sur un fond coloré | :De même que sur un fond coloré | ||
La pierre précieuse apparaît telle qu’elle n’est pas, | :La pierre précieuse apparaît telle qu’elle n’est pas, | ||
De même, du fait de la diversité des êtres, | :De même, du fait de la diversité des êtres, | ||
L’Omniprésent est perçu tel qu’il n’est pas. (II, 52) | :L’Omniprésent est perçu tel qu’il n’est pas. (II, 52) | ||
Celui qui connaît tous les mondes | :Celui qui connaît tous les mondes | ||
Les considère avec grande compassion | :Les considère avec grande compassion | ||
Et, sans dévier du corps absolu, | :Et, sans dévier du corps absolu, | ||
Manifeste diverses apparitions de lui-même. (II, 53) | :Manifeste diverses apparitions de lui-même. (II, 53) | ||
Les vies antérieures, la naissance spontanée [chez les dieux], | :Les vies antérieures, la naissance spontanée [chez les dieux], | ||
La descente du ciel des Tuṣitas, | :La descente du ciel des Tuṣitas, | ||
L’entrée dans une matrice, la naissance, | :L’entrée dans une matrice, la naissance, | ||
La maîtrise des arts et des sciences, (II, 54) | :La maîtrise des arts et des sciences, (II, 54) | ||
Les plaisirs du gynécée, | :Les plaisirs du gynécée, | ||
Le renoncement, l’ascèse, | :Le renoncement, l’ascèse, | ||
L’arrivée au Trône de l’Éveil, | :L’arrivée au Trône de l’Éveil, | ||
La victoire sur les armées de Māra et l’Éveil parfait, (II, 55) | :La victoire sur les armées de Māra et l’Éveil parfait, (II, 55) | ||
[La mise en branle] de la roue du Dharma | :[La mise en branle] de la roue du Dharma | ||
Et le passage en nirvāṇa : voilà autant de hauts faits | :Et le passage en nirvāṇa : voilà autant de hauts faits | ||
Qu’il manifeste dans les champs impurs | :Qu’il manifeste dans les champs impurs | ||
Tant que s’y trouveront des êtres. (II, 56) | :Tant que s’y trouveront des êtres. (II, 56) | ||
Les termes « impermanence », « souffrance », « sans soi » | :Les termes « impermanence », « souffrance », « sans soi » | ||
Et « paix » permettent à celui qui connaît les méthodes | :Et « paix » permettent à celui qui connaît les méthodes | ||
De provoquer chez les êtres le dégoût des trois mondes | :De provoquer chez les êtres le dégoût des trois mondes | ||
En leur donnant accès au nirvāṇa. (II, 57) | :En leur donnant accès au nirvāṇa. (II, 57) | ||
Fort engagés sur la voie de la paix, certains | :Fort engagés sur la voie de la paix, certains | ||
Pensent avoir atteint le nirvāṇa. À ceux-là | :Pensent avoir atteint le nirvāṇa. À ceux-là | ||
Le Bouddha montre la réalité des phénomènes | :Le Bouddha montre la réalité des phénomènes | ||
Comme dans Le Lotus blanc et d’autres soûtras, (II, 58) | :Comme dans Le Lotus blanc et d’autres soûtras, (II, 58) | ||
Si bien qu’il les détourne de leurs anciennes croyances | :Si bien qu’il les détourne de leurs anciennes croyances | ||
Et les amène à adopter les méthodes et la connaissance | :Et les amène à adopter les méthodes et la connaissance | ||
En les faisant mûrir dans le véhicule suprême. | :En les faisant mûrir dans le véhicule suprême. | ||
Ensuite, il leur annonce qu’ils atteindront l’Éveil suprême. (II, 59) | :Ensuite, il leur annonce qu’ils atteindront l’Éveil suprême. (II, 59) | ||
[Le bouddha] est profond, sa puissance est parfaite | :[Le bouddha] est profond, sa puissance est parfaite | ||
Et il guide les êtres puérils en fonction de leurs intérêts. | :Et il guide les êtres puérils en fonction de leurs intérêts. | ||
Dès lors, on saura que [ses trois corps] sont, dans le même ordre, | :Dès lors, on saura que [ses trois corps] sont, dans le même ordre, | ||
Profondeur, vastitude et magnanimité. (II, 60) | :Profondeur, vastitude et magnanimité. (II, 60) | ||
Ici donc, le corps absolu vient en premier | :Ici donc, le corps absolu vient en premier | ||
Et les [deux] corps formels suivent. | :Et les [deux] corps formels suivent. | ||
Comme les formes se situent dans l’espace, | :Comme les formes se situent dans l’espace, | ||
Dans le premier corps se situent les deux autres. (II, 61) | :Dans le premier corps se situent les deux autres. (II, 61) | ||
En raison d’une infinité de causes et du nombre inépuisable des êtres, | :En raison d’une infinité de causes et du nombre inépuisable des êtres, | ||
Et comme l’amour, les prodiges, la connaissance | :Et comme l’amour, les prodiges, la connaissance | ||
et la perfection lui sont acquis, | :et la perfection lui sont acquis, | ||
Qu’il domine les phénomènes, qu’il a vaincu le démon de la mort | :Qu’il domine les phénomènes, qu’il a vaincu le démon de la mort | ||
Et qu’il n’a pas d’essence, le Protecteur du monde est permanent. (II, 62) | :Et qu’il n’a pas d’essence, le Protecteur du monde est permanent. (II, 62) | ||
Comme, ayant renoncé à son corps, à sa vie | :Comme, ayant renoncé à son corps, à sa vie | ||
Et à ses biens, il a embrassé le vrai Dharma ; | :Et à ses biens, il a embrassé le vrai Dharma ; | ||
Comme, pour le bien de tous les êtres, il ira | :Comme, pour le bien de tous les êtres, il ira | ||
Jusqu’au terme de son vœu originel ; (II, 63) | :Jusqu’au terme de son vœu originel ; (II, 63) | ||
Comme la bouddhéité est totalement imprégnée | :Comme la bouddhéité est totalement imprégnée | ||
D’une compassion pure et immaculée ; | :D’une compassion pure et immaculée ; | ||
Comme il use des quatre bases des pouvoirs miraculeux | :Comme il use des quatre bases des pouvoirs miraculeux | ||
Pour agir en restant [dans le monde] ; (II, 64) | :Pour agir en restant [dans le monde] ; (II, 64) | ||
Comme avec la connaissance il s’est affranchi | :Comme avec la connaissance il s’est affranchi | ||
De la croyance à la dualité du saṃsāra et du nirvāṇa ; | :De la croyance à la dualité du saṃsāra et du nirvāṇa ; | ||
Comme il ne se déprend jamais de la félicité parfaite | :Comme il ne se déprend jamais de la félicité parfaite | ||
D’inconcevables recueillements d’extase ; (II, 65) | :D’inconcevables recueillements d’extase ; (II, 65) | ||
Et comme, lors même qu’il agit dans le monde, | :Et comme, lors même qu’il agit dans le monde, | ||
Les choses du monde ne peuvent pas le souiller ; | :Les choses du monde ne peuvent pas le souiller ; | ||
[Le corps absolu est permanent] parce qu’il a trouvé | :[Le corps absolu est permanent] parce qu’il a trouvé | ||
l’immortalité et la paix | :l’immortalité et la paix | ||
Là où le démon de la mort ne court plus. (II, 66) | :Là où le démon de la mort ne court plus. (II, 66) | ||
Parce que, inconditionné par nature, | :Parce que, inconditionné par nature, | ||
Le sage est apaisé dès l’origine | :Le sage est apaisé dès l’origine | ||
Et parce qu’il est logique qu’il soit le refuge | :Et parce qu’il est logique qu’il soit le refuge | ||
De ceux qui n’ont pas de refuge permanent. (II, 67) | :De ceux qui n’ont pas de refuge permanent. (II, 67) | ||
Les sept premières raisons | :Les sept premières raisons | ||
Valent pour la permanence des corps formels | :Valent pour la permanence des corps formels | ||
De notre Instructeur ; les trois dernières, | :De notre Instructeur ; les trois dernières, | ||
Pour la permanence de son corps absolu. (II, 68) | :Pour la permanence de son corps absolu. (II, 68) | ||
Ineffable, il revient à l’absolu ; | :Ineffable, il revient à l’absolu ; | ||
Ce n’est pas un objet d’analyse ; il échappe à toute comparaison ; | :Ce n’est pas un objet d’analyse ; il échappe à toute comparaison ; | ||
Insurpassable, l’existence et la paix ne peuvent le contenir ; | :Insurpassable, l’existence et la paix ne peuvent le contenir ; | ||
Aux êtres sublimes aussi, le domaine des Vainqueurs | :Aux êtres sublimes aussi, le domaine des Vainqueurs | ||
reste inconcevable. (II, 69) | :reste inconcevable. (II, 69) | ||
[L’Éveil] est inconcevable parce qu’il est indicible ; | :[L’Éveil] est inconcevable parce qu’il est indicible ; | ||
Il est indicible parce qu’il est absolu ; | :Il est indicible parce qu’il est absolu ; | ||
Il est absolu parce que ce n’est pas un objet d’analyse ; | :Il est absolu parce que ce n’est pas un objet d’analyse ; | ||
Ce n’est pas un objet d’analyse parce qu’on ne peut pas l’inférer ; (II, 70) | :Ce n’est pas un objet d’analyse parce qu’on ne peut pas l’inférer ; (II, 70) | ||
On ne peut pas l’inférer parce que rien ne lui est supérieur ; | :On ne peut pas l’inférer parce que rien ne lui est supérieur ; | ||
Rien ne lui est supérieur parce qu’on ne peut à rien le ramener ; | :Rien ne lui est supérieur parce qu’on ne peut à rien le ramener ; | ||
On ne peut à rien le ramener parce qu’il ne se trouve nulle part ; | :On ne peut à rien le ramener parce qu’il ne se trouve nulle part ; | ||
Il ne se trouve nulle part parce qu’il n’a pas les idées | :Il ne se trouve nulle part parce qu’il n’a pas les idées | ||
de qualité et de défaut. (II, 71) | :de qualité et de défaut. (II, 71) | ||
Subtil pour les cinq premières raisons, | :Subtil pour les cinq premières raisons, | ||
Le corps absolu est inconcevable ; | :Le corps absolu est inconcevable ; | ||
Irréels, pour la sixième [raison], | :Irréels, pour la sixième [raison], | ||
Les corps formels sont inconcevables. (II, 72) | :Les corps formels sont inconcevables. (II, 72) | ||
Du fait de leur sagesse insurpassable, de leur grande compassion | :Du fait de leur sagesse insurpassable, de leur grande compassion | ||
et de leurs autres vertus, | :et de leurs autres vertus, | ||
Les Vainqueurs transcendent toutes les qualités | :Les Vainqueurs transcendent toutes les qualités | ||
et sont [donc] inconcevables. | :et sont [donc] inconcevables. | ||
Dès lors, les grands sages qui ont reçu l’initiation ignorent, | :Dès lors, les grands sages qui ont reçu l’initiation ignorent, | ||
Eux aussi, l’état ultime des bouddhas nés d’eux-mêmes. (II, 73) | :Eux aussi, l’état ultime des bouddhas nés d’eux-mêmes. (II, 73) | ||
Ici prend fin le deuxième chapitre, « L’Éveil », du Traité de la Continuité | :Ici prend fin le deuxième chapitre, « L’Éveil », du Traité de la Continuité | ||
suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation spirituelle des Trois Joyaux. | :suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation spirituelle des Trois Joyaux. | ||
===III - LES QUALITÉS=== | ===III - LES QUALITÉS=== | ||
Le bien propre et le bien d’autrui sont le corps absolu | :Le bien propre et le bien d’autrui sont le corps absolu | ||
Et les corps relatifs qui en dépendent. | :Et les corps relatifs qui en dépendent. | ||
Ils présentent soixante-quatre qualités | :Ils présentent soixante-quatre qualités | ||
Qui sont des fruits de séparation et de maturation. (III, 1) | :Qui sont des fruits de séparation et de maturation. (III, 1) | ||
Le corps absolu est le lieu | :Le corps absolu est le lieu | ||
Des richesses personnelles. | :Des richesses personnelles. | ||
Le corps symbolique des sages | :Le corps symbolique des sages | ||
Est le lieu du bien parfait des autres. (III, 2) | :Est le lieu du bien parfait des autres. (III, 2) | ||
Le premier corps est doté des forces | :Le premier corps est doté des forces | ||
Et des autres qualités de séparation ; | :Et des autres qualités de séparation ; | ||
Le second possède les marques des grands êtres, | :Le second possède les marques des grands êtres, | ||
Qui sont des qualités de maturation. (III, 3) | :Qui sont des qualités de maturation. (III, 3) | ||
Si les forces sont comparables aux vajras [lancés] | :Si les forces sont comparables aux vajras [lancés] | ||
contre le voile de l’ignorance, | :contre le voile de l’ignorance, | ||
Les intrépidités évoquent le lion dans l’assemblée [des animaux], | :Les intrépidités évoquent le lion dans l’assemblée [des animaux], | ||
Les [qualités] exclusives des tathāgatas ressemblent à l’espace | :Les [qualités] exclusives des tathāgatas ressemblent à l’espace | ||
Et la double apparence du Sage tient [du reflet] de la lune dans l’eau. (III, 4) | :Et la double apparence du Sage tient [du reflet] de la lune dans l’eau. (III, 4) | ||
Le correct et l’incorrect, | :Le correct et l’incorrect, | ||
La rétribution des actes, les facultés, | :La rétribution des actes, les facultés, | ||
Les tempéraments, les aspirations, | :Les tempéraments, les aspirations, | ||
Les voies de toutes les destinées, les concentrations (III, 5) | :Les voies de toutes les destinées, les concentrations (III, 5) | ||
Souillées ou immaculées, | :Souillées ou immaculées, | ||
Le souvenir des existences [passées], | :Le souvenir des existences [passées], | ||
L’œil divin et l’apaisement : | :L’œil divin et l’apaisement | ||
Voilà les dix forces de connaissance. (III, 6) | :Voilà les dix forces de connaissance. (III, 6) | ||
Le correct et l’incorrect, la rétribution, les tempéraments, | :Le correct et l’incorrect, la rétribution, les tempéraments, | ||
les destinées et les aspirations dans toute leur diversité, | :les destinées et les aspirations dans toute leur diversité, | ||
Ce qui est souillé par les affections ou parfaitement purifié, | :Ce qui est souillé par les affections ou parfaitement purifié, | ||
l’ensemble des facultés, le souvenir des états antérieurs, | :l’ensemble des facultés, le souvenir des états antérieurs, | ||
L’œil divin et l’art d’épuiser les souillures : voilà les [dix] forces | :L’œil divin et l’art d’épuiser les souillures : voilà les [dix] forces | ||
[de connaissance] que l’on compare à des vajras | :[de connaissance] que l’on compare à des vajras | ||
Parce qu’elles transpercent les armures, abattent les remparts | :Parce qu’elles transpercent les armures, abattent les remparts | ||
et rasent les forêts de l’ignorance. (III, 7) | :et rasent les forêts de l’ignorance. (III, 7) | ||
À toute chose il s’éveille pleinement ; | :À toute chose il s’éveille pleinement ; | ||
Il met fin aux obstacles ; | :Il met fin aux obstacles ; | ||
Il enseigne la voie et montre la cessation : | :Il enseigne la voie et montre la cessation | ||
Telles sont les quatre intrépidités. (III, 8) | :Telles sont les quatre intrépidités. (III, 8) | ||
Comme il connaît et fait connaître tout ce que les autres et soi-même | :Comme il connaît et fait connaître tout ce que les autres et soi-même | ||
se doivent de connaître ; | :se doivent de connaître ; | ||
Comme il a éliminé et fait éliminer ce qui devait l’être | :Comme il a éliminé et fait éliminer ce qui devait l’être | ||
et qu’il a suivi ce qu’il fallait suivre ; | :et qu’il a suivi ce qu’il fallait suivre ; | ||
Comme il a atteint et fait atteindre l’état suprême | :Comme il a atteint et fait atteindre l’état suprême | ||
et très immaculé qu’il faut atteindre, | :et très immaculé qu’il faut atteindre, | ||
Et comme, enfin, il prêche la vérité pour le bien de tous, | :Et comme, enfin, il prêche la vérité pour le bien de tous, | ||
le Sage ne rencontre jamais d’obstacles. (III, 9) | :le Sage ne rencontre jamais d’obstacles. (III, 9) | ||
À l’orée de la jungle, le roi des animaux se promène sans peur | :À l’orée de la jungle, le roi des animaux se promène sans peur | ||
Et jamais il ne craint aucun autre animal. | :Et jamais il ne craint aucun autre animal. | ||
De même, dans une assemblée, le Seigneur des Sages, | :De même, dans une assemblée, le Seigneur des Sages, | ||
qui est pareil au lion, | :qui est pareil au lion, | ||
Peut-il rester à l’aise, indépendant, habile et stable. (III, 10) | :Peut-il rester à l’aise, indépendant, habile et stable. (III, 10) | ||
[Notre Instructeur] ne se trompe pas | :[Notre Instructeur] ne se trompe pas | ||
et ne tient pas de propos futiles, | :et ne tient pas de propos futiles, | ||
Sa mémoire est infaillible, son esprit | :Sa mémoire est infaillible, son esprit | ||
Ne quitte jamais le recueillement profond ; | :Ne quitte jamais le recueillement profond ; | ||
Il ne perçoit pas non plus de différences (III, 11) | :Il ne perçoit pas non plus de différences (III, 11) | ||
Et ne saurait être indifférent par manque de discernement. | :Et ne saurait être indifférent par manque de discernement. | ||
Ses aspirations, son ardeur, son attention, | :Ses aspirations, son ardeur, son attention, | ||
Sa connaissance supérieure, sa liberté totale | :Sa connaissance supérieure, sa liberté totale | ||
Et ce que voit sa libre sagesse ignorent le déclin. (III, 12) | :Et ce que voit sa libre sagesse ignorent le déclin. (III, 12) | ||
Ses actes procèdent de la sagesse | :Ses actes procèdent de la sagesse | ||
Libre des voiles temporels. | :Libre des voiles temporels. | ||
Telles sont, entre autres, dix-huit | :Telles sont, entre autres, dix-huit | ||
Qualités exclusives de notre Instructeur. (III, 13) | :Qualités exclusives de notre Instructeur. (III, 13) | ||
Erreurs, bavardages, oubli, dispersion, perceptions toutes différentes | :Erreurs, bavardages, oubli, dispersion, perceptions toutes différentes | ||
Et indifférence naturelle : rien de cela n’affecte le Sage. | :Et indifférence naturelle : rien de cela n’affecte le Sage. | ||
Ses aspirations, son ardeur, son attention, sa connaissance | :Ses aspirations, son ardeur, son attention, sa connaissance | ||
parfaitement pure et immaculée, sa liberté perpétuelle | :parfaitement pure et immaculée, sa liberté perpétuelle | ||
Et sa libre sagesse qui voit tous les phénomènes ignorent le déclin. | :Et sa libre sagesse qui voit tous les phénomènes ignorent le déclin. | ||
(III, 14) | :(III, 14) | ||
Les actes de son corps, de sa parole et de son esprit | :Les actes de son corps, de sa parole et de son esprit | ||
sont tous précédés et suivis par la sagesse primordiale, | :sont tous précédés et suivis par la sagesse primordiale, | ||
Tandis que son immense sagesse opère toujours | :Tandis que son immense sagesse opère toujours | ||
dans les trois temps sans jamais rencontrer d’obstacles. | :dans les trois temps sans jamais rencontrer d’obstacles. | ||
Fort de cette réalisation, il ne craint pas de faire tourner | :Fort de cette réalisation, il ne craint pas de faire tourner | ||
la grande roue du vrai Dharma pour le bien des êtres. | :la grande roue du vrai Dharma pour le bien des êtres. | ||
Cette victoire dotée de grande compassion : | :Cette victoire dotée de grande compassion | ||
voilà ce que les bouddhas ont trouvé. (III, 15) | :voilà ce que les bouddhas ont trouvé. (III, 15) | ||
La terre et les autres éléments n’ont pas la même nature que l’espace ; | :La terre et les autres éléments n’ont pas la même nature que l’espace ; | ||
Les caractéristiques de la forme n’ont rien à voir | :Les caractéristiques de la forme n’ont rien à voir | ||
avec l’absence d’obstacles et les autres particularités de l’espace. | :avec l’absence d’obstacles et les autres particularités de l’espace. | ||
La terre, l’eau, le feu et l’air, de même que l’espace, | :La terre, l’eau, le feu et l’air, de même que l’espace, | ||
sont communs à [tous les] mondes, | :sont communs à [tous les] mondes, | ||
Mais les [qualités] exclusives [des bouddhas] n’ont pas même | :Mais les [qualités] exclusives [des bouddhas] n’ont pas même | ||
une particule en commun avec le monde. (III, 16) | :une particule en commun avec le monde. (III, 16) | ||
[Le bouddha] a les pieds bien posés, marqués chacun d’une roue ; | :[Le bouddha] a les pieds bien posés, marqués chacun d’une roue ; | ||
Il a les talons larges et les malléoles invisibles ; | :Il a les talons larges et les malléoles invisibles ; | ||
Ses doigts et ses orteils sont longs | :Ses doigts et ses orteils sont longs | ||
Et rattachés par des membranes. (III, 17) | :Et rattachés par des membranes. (III, 17) | ||
D’une délicatesse juvénile, sa peau est d’une douceur parfaite ; | :D’une délicatesse juvénile, sa peau est d’une douceur parfaite ; | ||
Le dos de ses mains, ses cous-de-pied, ses épaules et sa nuque | :Le dos de ses mains, ses cous-de-pied, ses épaules et sa nuque | ||
forment sept protubérances bien arrondies ; | :forment sept protubérances bien arrondies ; | ||
Ses jarrets sont les mêmes que ceux de l’antilope eṇaya | :Ses jarrets sont les mêmes que ceux de l’antilope eṇaya | ||
Et son secret rentré au fourreau comme celui de l’éléphant. (III, 18) | :Et son secret rentré au fourreau comme celui de l’éléphant. (III, 18) | ||
Il a un torse de lion et des épaules | :Il a un torse de lion et des épaules | ||
Pleines et larges aux sommets | :Pleines et larges aux sommets | ||
Bien rebondis. Il a les bras tendres, | :Bien rebondis. Il a les bras tendres, | ||
Ronds et réguliers. (III, 19) | :Ronds et réguliers. (III, 19) | ||
Ses bras sont longs et son corps, entièrement pur, | :Ses bras sont longs et son corps, entièrement pur, | ||
Est entouré d’un halo de lumière. | :Est entouré d’un halo de lumière. | ||
Sa gorge évoque une conque immaculée | :Sa gorge évoque une conque immaculée | ||
Et ses joues valent celles du roi des animaux. (III, 20) | :Et ses joues valent celles du roi des animaux. (III, 20) | ||
Il a quarante dents parfaitement égales, | :Il a quarante dents parfaitement égales, | ||
Brillantes et bien alignées, | :Brillantes et bien alignées, | ||
Pures et de la même taille ; | :Pures et de la même taille ; | ||
Ses canines sont d’une blancheur suprême. (III, 21) | :Ses canines sont d’une blancheur suprême. (III, 21) | ||
Sa langue longue, infinie, inconcevable, | :Sa langue longue, infinie, inconcevable, | ||
Donne un goût suprême à tous les aliments. | :Donne un goût suprême à tous les aliments. | ||
De sa voix de Brahma, le Bouddha parle | :De sa voix de Brahma, le Bouddha parle | ||
Avec des accents de kalaviṅka. (III, 22) | :Avec des accents de kalaviṅka. (III, 22) | ||
Il a de beaux yeux pareils à des lotus bleus | :Il a de beaux yeux pareils à des lotus bleus | ||
et les cils de la reine des vaches ne valent pas les siens. | :et les cils de la reine des vaches ne valent pas les siens. | ||
Son beau visage sans défauts s’orne d’un poil-trésor blanc. | :Son beau visage sans défauts s’orne d’un poil-trésor blanc. | ||
Le haut de son crâne se pare d’un apex et sa peau, | :Le haut de son crâne se pare d’un apex et sa peau, | ||
fine et pure, | :fine et pure, | ||
A la couleur de l’or : n’est-il pas suprême entre tous les êtres ? (III, 23) | :A la couleur de l’or : n’est-il pas suprême entre tous les êtres ? (III, 23) | ||
Chacun de ses poils doux et fins | :Chacun de ses poils doux et fins | ||
S’enroule à droite en poussant vers le haut ; | :S’enroule à droite en poussant vers le haut ; | ||
Impeccable est sa chevelure bleu foncé comme un précieux saphir ; | :Impeccable est sa chevelure bleu foncé comme un précieux saphir ; | ||
Ses proportions sont parfaites comme celles du banian. (III, 24) | :Ses proportions sont parfaites comme celles du banian. (III, 24) | ||
Universellement bon et incomparable, le grand Sage | :Universellement bon et incomparable, le grand Sage | ||
A le corps robuste et la force de Nārāyaṇa. | :A le corps robuste et la force de Nārāyaṇa. | ||
De ces trente-deux marques inconcevables, | :De ces trente-deux marques inconcevables, | ||
Notre Instructeur précise qu’elles appartiennent | :Notre Instructeur précise qu’elles appartiennent | ||
aux seigneurs parmi les hommes. (III, 25) | :aux seigneurs parmi les hommes. (III, 25) | ||
De même qu’en automne on voit la forme de la lune | :De même qu’en automne on voit la forme de la lune | ||
Dans un ciel sans nuages comme dans les eaux bleues d’un lac, | :Dans un ciel sans nuages comme dans les eaux bleues d’un lac, | ||
De même, les enfants des Vainqueurs verront la forme | :De même, les enfants des Vainqueurs verront la forme | ||
De l’Omniprésent dans le maṇḍala de la parfaite bouddhéité. (III, 26) | :De l’Omniprésent dans le maṇḍala de la parfaite bouddhéité. (III, 26) | ||
Il faut savoir que ces soixante-quatre qualités, | :Il faut savoir que ces soixante-quatre qualités, | ||
Ainsi que les causes de chacune, | :Ainsi que les causes de chacune, | ||
Apparaissent ici dans le même ordre | :Apparaissent ici dans le même ordre | ||
Que dans le Soûtra de Ratnadārikā. (III, 27) | :Que dans le Soûtra de Ratnadārikā. (III, 27) | ||
Elles sont indestructibles, audacieuses, | :Elles sont indestructibles, audacieuses, | ||
Inégalables et inamovibles, | :Inégalables et inamovibles, | ||
Si bien qu’on les compare respectivement | :Si bien qu’on les compare respectivement | ||
Au vajra, au lion, à l’espace et au [reflet de] la lune dans l’eau pure. | :Au vajra, au lion, à l’espace et au [reflet de] la lune dans l’eau pure. | ||
(III, 28) | :(III, 28) | ||
Des dix forces, les six premières éliminent | :Des dix forces, les six premières éliminent | ||
Le voile de la connaissance ; les trois suivantes | :Le voile de la connaissance ; les trois suivantes | ||
Le voile de l’absorption méditative ; et la dernière | :Le voile de l’absorption méditative ; et la dernière | ||
Le voile des affections avec leurs imprégnations : (III, 29) | :Le voile des affections avec leurs imprégnations : (III, 29) | ||
Comme si elles transperçaient des armures, | :Comme si elles transperçaient des armures, | ||
Abattaient des remparts et rasaient des forêts. | :Abattaient des remparts et rasaient des forêts. | ||
Les forces des Sages sont comparables à des vajras, | :Les forces des Sages sont comparables à des vajras, | ||
Parce qu’elles sont sûres, essentielles, stables et indestructibles.(III, 30) | :Parce qu’elles sont sûres, essentielles, stables et indestructibles.(III, 30) | ||
Pourquoi sont-elles sûres ? Parce qu’elles sont essentielles. | :Pourquoi sont-elles sûres ? Parce qu’elles sont essentielles. | ||
Essentielles ? Parce qu’elles sont stables. Stables ? | :Essentielles ? Parce qu’elles sont stables. Stables ? | ||
Parce qu’elles sont indestructibles. Et comme elles sont | :Parce qu’elles sont indestructibles. Et comme elles sont | ||
Indestructibles, on les compare à des vajras. (III, 31) | :Indestructibles, on les compare à des vajras. (III, 31) | ||
Impavide, indépendant, | :Impavide, indépendant, | ||
Stable et parfaitement habile, | :Stable et parfaitement habile, | ||
Le lion des sages est tel un lion sans crainte | :Le lion des sages est tel un lion sans crainte | ||
Au cœur des assemblées qui se pressent autour de lui. (III, 32) | :Au cœur des assemblées qui se pressent autour de lui. (III, 32) | ||
Comme il connaît tout directement, | :Comme il connaît tout directement, | ||
Il reste sans peur en toute occasion, | :Il reste sans peur en toute occasion, | ||
Et comme il voit que les êtres qui se sont purifiés | :Et comme il voit que les êtres qui se sont purifiés | ||
Eux-mêmes ne le valent point, il reste indépendant. (III, 33) | :Eux-mêmes ne le valent point, il reste indépendant. (III, 33) | ||
L’esprit concentré sur tous les phénomènes, | :L’esprit concentré sur tous les phénomènes, | ||
Il est la stabilité même. Passé très au-delà | :Il est la stabilité même. Passé très au-delà | ||
De la terre des imprégnations de l’ignorance, | :De la terre des imprégnations de l’ignorance, | ||
Il rayonne de pouvoir créatif. (III, 34) | :Il rayonne de pouvoir créatif. (III, 34) | ||
Les êtres ordinaires, les auditeurs, les bouddhas-par-soi, | :Les êtres ordinaires, les auditeurs, les bouddhas-par-soi, | ||
Les sages bodhisattvas et les bouddhas nés d’eux-mêmes, | :Les sages bodhisattvas et les bouddhas nés d’eux-mêmes, | ||
Atteignent des états de compréhension de plus en plus subtils | :Atteignent des états de compréhension de plus en plus subtils | ||
Qu’illustrent cinq comparaisons : (III, 35) | :Qu’illustrent cinq comparaisons : (III, 35) | ||
Comme ils assurent la survie de tous les mondes, | :Comme ils assurent la survie de tous les mondes, | ||
Ils sont pareils à la terre, à l’eau, au feu et au vent ; | :Ils sont pareils à la terre, à l’eau, au feu et au vent ; | ||
Comme ils transcendent les caractères mondains | :Comme ils transcendent les caractères mondains | ||
Et supramondains, ils sont comparables à l’espace. (III, 36) | :Et supramondains, ils sont comparables à l’espace. (III, 36) | ||
Ces trente-deux qualités sont autant | :Ces trente-deux qualités sont autant | ||
De divisions du corps absolu, | :De divisions du corps absolu, | ||
De même que la lumière, la couleur et la forme | :De même que la lumière, la couleur et la forme | ||
D’une pierre précieuse n’en sont point séparées. (III, 37) | :D’une pierre précieuse n’en sont point séparées. (III, 37) | ||
Elles comblent la vue, ces qualités | :Elles comblent la vue, ces qualités | ||
Appelées « trente-deux marques » ! | :Appelées « trente-deux marques » ! | ||
Elles s’appuient sur le corps d’apparition | :Elles s’appuient sur le corps d’apparition | ||
Et le corps de la jouissance parfaite du Dharma. (III, 38) | :Et le corps de la jouissance parfaite du Dharma. (III, 38) | ||
Les éloignés de la pureté et ses proches, | :Les éloignés de la pureté et ses proches, | ||
Les uns dans le monde et les autres dans le maṇḍala d’un vainqueur, | :Les uns dans le monde et les autres dans le maṇḍala d’un vainqueur, | ||
Voient les corps formels de deux façons : | :Voient les corps formels de deux façons | ||
Comme la forme de la lune dans le ciel | :Comme la forme de la lune dans le ciel | ||
ou bien de son reflet dans l’eau. (III, 39) | :ou bien de son reflet dans l’eau. (III, 39) | ||
Ici prend fin le troisième chapitre, « Les Qualités », du Traité de la | :Ici prend fin le troisième chapitre, « Les Qualités », du Traité de la | ||
Continuité suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation spirituelle des | :Continuité suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation spirituelle des | ||
Trois Joyaux. | :Trois Joyaux. | ||
=== IV - LES ACTIVITÉS ÉVEILLÉES=== | === IV - LES ACTIVITÉS ÉVEILLÉES=== | ||
L’Omniprésent se manifeste toujours spontanément | :L’Omniprésent se manifeste toujours spontanément | ||
Et arrive sur les lieux au moment opportun | :Et arrive sur les lieux au moment opportun | ||
Selon les dispositions du disciple, les moyens de le discipliner | :Selon les dispositions du disciple, les moyens de le discipliner | ||
Et la discipline qu’il convient d’appliquer. (IV, 1) | :Et la discipline qu’il convient d’appliquer. (IV, 1) | ||
Riche de tous les joyaux les plus précieux, les qualités, | :Riche de tous les joyaux les plus précieux, les qualités, | ||
l’océan de la sagesse primordiale scintille | :l’océan de la sagesse primordiale scintille | ||
au soleil des mérites et de la sagesse ; | :au soleil des mérites et de la sagesse ; | ||
C’est l’accomplissement définitif de tous les véhicules, | :C’est l’accomplissement définitif de tous les véhicules, | ||
une immensité dépourvue de centre et de périphérie, | :une immensité dépourvue de centre et de périphérie, | ||
omniprésente comme l’espace. | :omniprésente comme l’espace. | ||
La bouddhéité, trésor des qualités immaculées, apparaît alors | :La bouddhéité, trésor des qualités immaculées, apparaît alors | ||
dans tous les êtres, sans différence entre eux, | :dans tous les êtres, sans différence entre eux, | ||
Tandis que se lève le vent de la compassion des bouddhas | :Tandis que se lève le vent de la compassion des bouddhas | ||
qui déchirera le filet des nuages tissé | :qui déchirera le filet des nuages tissé | ||
par les voiles émotionnel et cognitif. (IV, 2) | :par les voiles émotionnel et cognitif. (IV, 2) | ||
Qui ? Comment ? En appliquant | :Qui ? Comment ? En appliquant | ||
Quelle discipline ? Où ? Quand ? | :Quelle discipline ? Où ? Quand ? | ||
Comme le Sage n’a pas de ces pensées, | :Comme le Sage n’a pas de ces pensées, | ||
Son action est toujours spontanée. (IV, 3) | :Son action est toujours spontanée. (IV, 3) | ||
« Qui » renvoie aux dispositions du disciple, | :« Qui » renvoie aux dispositions du disciple, | ||
« Comment » aux moyens de le discipliner, | :« Comment » aux moyens de le discipliner, | ||
« Quelle discipline » à leur application, | :« Quelle discipline » à leur application, | ||
« Où » et « quand » au lieu et à l’instant. (IV, 4) | :« Où » et « quand » au lieu et à l’instant. (IV, 4) | ||
[Les activités éveillées ne s’interrompent jamais] | :[Les activités éveillées ne s’interrompent jamais] | ||
Parce qu’elles ont lieu sans pensées comme celles-ci : | :Parce qu’elles ont lieu sans pensées comme celles-ci | ||
La libération définitive, son point d’appui, | :La libération définitive, son point d’appui, | ||
Son fruit, les êtres pris en charge, | :Son fruit, les êtres pris en charge, | ||
Les voiles et la condition de leur élimination. (IV, 5) | :Les voiles et la condition de leur élimination. (IV, 5) | ||
Les dix terres sont la voie de la libération définitive | :Les dix terres sont la voie de la libération définitive | ||
Dont les deux accumulations forment la cause. | :Dont les deux accumulations forment la cause. | ||
Le fruit alors atteint est l’Éveil suprême | :Le fruit alors atteint est l’Éveil suprême | ||
Qui prend en charge l’Éveil au cœur des êtres. (IV, 6) | :Qui prend en charge l’Éveil au cœur des êtres. (IV, 6) | ||
Les innombrables affections principales et secondaires, | :Les innombrables affections principales et secondaires, | ||
Ainsi que leurs imprégnations, forment un voile. | :Ainsi que leurs imprégnations, forment un voile. | ||
La condition qui à tout moment détruit | :La condition qui à tout moment détruit | ||
[Les affections] est la grande compassion. (IV, 7) | :[Les affections] est la grande compassion. (IV, 7) | ||
Voici six points dont vous saurez qu’ils comparent | :Voici six points dont vous saurez qu’ils comparent | ||
[Le processus des activités] à l’océan, | :[Le processus des activités] à l’océan, | ||
Puis au soleil, ensuite à l’espace, à un trésor, | :Puis au soleil, ensuite à l’espace, à un trésor, | ||
Aux nuages et enfin au vent. (IV, 8) | :Aux nuages et enfin au vent. (IV, 8) | ||
Les terres [des bodhisattvas] sont comparables à l’océan | :Les terres [des bodhisattvas] sont comparables à l’océan | ||
Parce qu’on y trouve l’eau de la sagesse et les joyaux des qualités. | :Parce qu’on y trouve l’eau de la sagesse et les joyaux des qualités. | ||
Les deux accumulations ressemblent au soleil | :Les deux accumulations ressemblent au soleil | ||
Parce qu’elles sustentent tous les êtres. (IV, 9) | :Parce qu’elles sustentent tous les êtres. (IV, 9) | ||
L’Éveil est pareil à l’élément espace | :L’Éveil est pareil à l’élément espace | ||
Parce qu’il est immense et n’a ni bords ni centre. | :Parce qu’il est immense et n’a ni bords ni centre. | ||
On compare l’Élément des êtres à un trésor | :On compare l’Élément des êtres à un trésor | ||
Parce qu’il a pour nature la bouddhéité authentique et parfaite. (IV, 10) | :Parce qu’il a pour nature la bouddhéité authentique et parfaite. (IV, 10) | ||
Les affections évoquent les nuages parce qu’elles ne durent pas, | :Les affections évoquent les nuages parce qu’elles ne durent pas, | ||
Enveloppent toute chose et manquent de solidité. | :Enveloppent toute chose et manquent de solidité. | ||
Enfin, la compassion est comparable à un vent irrésistible | :Enfin, la compassion est comparable à un vent irrésistible | ||
Parce qu’elle se tient prête à disperser [les affections]. (IV, 11) | :Parce qu’elle se tient prête à disperser [les affections]. (IV, 11) | ||
Les activités ne s’interrompront pas tant que le saṃsāra durera | :Les activités ne s’interrompront pas tant que le saṃsāra durera | ||
Parce que les bouddhas se libèrent avec le concours des autres, | :Parce que les bouddhas se libèrent avec le concours des autres, | ||
Parce qu’ils voient que tous les êtres sont leurs égaux | :Parce qu’ils voient que tous les êtres sont leurs égaux | ||
Et parce que leur œuvre est inachevée. (IV, 12) | :Et parce que leur œuvre est inachevée. (IV, 12) | ||
Le Tathāgata est comparable à Indra, | :Le Tathāgata est comparable à Indra, | ||
Au tambour [des dieux], à un nuage, | :Au tambour [des dieux], à un nuage, | ||
À Brahma, au soleil, à un précieux joyau, | :À Brahma, au soleil, à un précieux joyau, | ||
À l’écho, à l’espace et à la terre. (IV, 13) | :À l’écho, à l’espace et à la terre. (IV, 13) | ||
Si le sol prenait l’aspect | :Si le sol prenait l’aspect | ||
Du lapis-lazuli le plus pur, | :Du lapis-lazuli le plus pur, | ||
Cette pureté permettrait de voir | :Cette pureté permettrait de voir | ||
Le seigneur des dieux parmi les jeunes déesses, (IV, 14) | :Le seigneur des dieux parmi les jeunes déesses, (IV, 14) | ||
Le splendide palais de la Victoire Absolue | :Le splendide palais de la Victoire Absolue | ||
Et d’autres divins séjours agrémentés | :Et d’autres divins séjours agrémentés | ||
De bâtisses magnifiques, ainsi que les objets | :De bâtisses magnifiques, ainsi que les objets | ||
Divins les plus divers. (IV, 15) | :Divins les plus divers. (IV, 15) | ||
À la vue de ces apparences, | :À la vue de ces apparences, | ||
Les hommes et les femmes | :Les hommes et les femmes | ||
Qui peuplent la terre | :Qui peuplent la terre | ||
Forment le souhait (IV, 16) | :Forment le souhait (IV, 16) | ||
D’être comme le seigneur | :D’être comme le seigneur | ||
Des dieux avant longtemps. | :Des dieux avant longtemps. | ||
Pour y parvenir, ils adoptent | :Pour y parvenir, ils adoptent | ||
La vertu et s’y tiennent pour de bon. (IV, 17) | :La vertu et s’y tiennent pour de bon. (IV, 17) | ||
Même s’ils ignorent | :Même s’ils ignorent | ||
Que ce n’est là qu’une apparence, | :Que ce n’est là qu’une apparence, | ||
Leurs actes vertueux leur permettront | :Leurs actes vertueux leur permettront | ||
De quitter la terre pour renaître chez les dieux. (IV, 18) | :De quitter la terre pour renaître chez les dieux. (IV, 18) | ||
Et même si cette apparence n’a absolument | :Et même si cette apparence n’a absolument | ||
Aucune pensée et que rien ne l’ébranle, | :Aucune pensée et que rien ne l’ébranle, | ||
Il faut bien admettre que, sur la terre, | :Il faut bien admettre que, sur la terre, | ||
Elle est de la plus grande utilité. (IV, 19) | :Elle est de la plus grande utilité. (IV, 19) | ||
Ainsi, les êtres dont la foi et les autres qualités | :Ainsi, les êtres dont la foi et les autres qualités | ||
Ne sont pas souillées mais dûment cultivées | :Ne sont pas souillées mais dûment cultivées | ||
Verront mentalement le parfait Bouddha, | :Verront mentalement le parfait Bouddha, | ||
Paré des marques majeures et mineures, (IV, 20) | :Paré des marques majeures et mineures, (IV, 20) | ||
Marcher, rester debout, | :Marcher, rester debout, | ||
S’asseoir et s’allonger, | :S’asseoir et s’allonger, | ||
Se livrer aux activités les plus variées, | :Se livrer aux activités les plus variées, | ||
Enseigner la vérité de la paix, (IV, 21) | :Enseigner la vérité de la paix, (IV, 21) | ||
Se taire et méditer avant de manifester | :Se taire et méditer avant de manifester | ||
Des prodiges en tout genre : | :Des prodiges en tout genre | ||
Ces êtres verront ces hauts faits | :Ces êtres verront ces hauts faits | ||
Dans leur majestueux éclat. (IV, 22) | :Dans leur majestueux éclat. (IV, 22) | ||
Ce qu’ayant vu, ils aspireront | :Ce qu’ayant vu, ils aspireront | ||
À la « bouddhéité » et s’y appliqueront. | :À la « bouddhéité » et s’y appliqueront. | ||
Ils adopteront les causes de l’état | :Ils adopteront les causes de l’état | ||
Auquel ils aspirent et ils l’atteindront. (IV, 23) | :Auquel ils aspirent et ils l’atteindront. (IV, 23) | ||
Car, même si cette apparence n’a absolument | :Car, même si cette apparence n’a absolument | ||
Aucune pensée et que rien ne l’ébranle, | :Aucune pensée et que rien ne l’ébranle, | ||
Il faut bien admettre que, dans le monde, | :Il faut bien admettre que, dans le monde, | ||
Elle est de la plus grande utilité. (IV, 24) | :Elle est de la plus grande utilité. (IV, 24) | ||
Les êtres ordinaires ne savent pas que cette vision | :Les êtres ordinaires ne savent pas que cette vision | ||
Est une perception au sein de leur propre esprit. | :Est une perception au sein de leur propre esprit. | ||
Cependant, la vue de ces formes | :Cependant, la vue de ces formes | ||
Leur procurera de grands bienfaits. (IV, 25) | :Leur procurera de grands bienfaits. (IV, 25) | ||
Petit à petit, les êtres qui s’en tiennent | :Petit à petit, les êtres qui s’en tiennent | ||
À ce véhicule-ci verront, du fait de cette vision, | :À ce véhicule-ci verront, du fait de cette vision, | ||
Le suprême corps absolu à l’intérieur d’eux-mêmes | :Le suprême corps absolu à l’intérieur d’eux-mêmes | ||
Avec l’œil de la sagesse primordiale. (IV, 26) | :Avec l’œil de la sagesse primordiale. (IV, 26) | ||
Si la terre, débarrassée de tous ses lieux inquiétants, | :Si la terre, débarrassée de tous ses lieux inquiétants, | ||
Prenait la belle clarté d’un pur lapis, si elle devenait lisse | :Prenait la belle clarté d’un pur lapis, si elle devenait lisse | ||
et présentait les perfections d’un joyau, | :et présentait les perfections d’un joyau, | ||
Elle serait si pure que les divers séjours divins | :Elle serait si pure que les divers séjours divins | ||
et la forme des dieux et de leur seigneur pourraient s’y refléter. | :et la forme des dieux et de leur seigneur pourraient s’y refléter. | ||
Mais peu à peu le sol perdrait ces qualités, | :Mais peu à peu le sol perdrait ces qualités, | ||
et les reflets dont il se parait disparaîtraient. (IV, 27) | :et les reflets dont il se parait disparaîtraient. (IV, 27) | ||
Pour atteindre l’état d’Indra, les hommes et les femmes suivraient | :Pour atteindre l’état d’Indra, les hommes et les femmes suivraient | ||
les préceptes d’un jour et les règles de conduite. Ils opteraient | :les préceptes d’un jour et les règles de conduite. Ils opteraient | ||
pour le don et les autres vertus | :pour le don et les autres vertus | ||
Et, formant de pieux souhaits, ils prieraient en répandant des fleurs | :Et, formant de pieux souhaits, ils prieraient en répandant des fleurs | ||
et [en s’adonnant à d’] autres [dévotions]. (IV, 28ab) | :et [en s’adonnant à d’] autres [dévotions]. (IV, 28ab) | ||
De même, pour atteindre l’état du Seigneur des Sages | :De même, pour atteindre l’état du Seigneur des Sages | ||
qui apparaît dans leur l’esprit pareil à un pur lapis-lazuli, | :qui apparaît dans leur l’esprit pareil à un pur lapis-lazuli, | ||
Pleins d’une douce allégresse, les enfants des Vainqueurs | :Pleins d’une douce allégresse, les enfants des Vainqueurs | ||
engendrent l’esprit d’Éveil. (IV, 28cd) | :engendrent l’esprit d’Éveil. (IV, 28cd) | ||
De même que sur le sol pur en lapis-lazuli | :De même que sur le sol pur en lapis-lazuli | ||
Apparaît le reflet du seigneur des dieux, | :Apparaît le reflet du seigneur des dieux, | ||
Sur le sol pur de l’esprit des êtres, | :Sur le sol pur de l’esprit des êtres, | ||
Apparaît le reflet du Seigneur des Sages. (IV, 29) | :Apparaît le reflet du Seigneur des Sages. (IV, 29) | ||
L’apparition ou la disparition de ces reflets dans le monde des êtres | :L’apparition ou la disparition de ces reflets dans le monde des êtres | ||
Se produit en fonction de l’état clair ou trouble de l’esprit de chacun. | :Se produit en fonction de l’état clair ou trouble de l’esprit de chacun. | ||
De même que les reflets [d’Indra] | :De même que les reflets [d’Indra] | ||
qui apparaissent dans le monde, | :qui apparaissent dans le monde, | ||
Il ne faut pas voir [les apparences du Bouddha] | :Il ne faut pas voir [les apparences du Bouddha] | ||
comme si elles étaient et qu’elles ne sont plus. (IV, 30) | :comme si elles étaient et qu’elles ne sont plus. (IV, 30) | ||
Ainsi, chez les dieux, par le pouvoir | :Ainsi, chez les dieux, par le pouvoir | ||
Des actes blancs de leurs vies antérieures, | :Des actes blancs de leurs vies antérieures, | ||
Sans effort ni lieu [d’origine], sans esprit | :Sans effort ni lieu [d’origine], sans esprit | ||
Ni forme, et sans la moindre pensée, (IV, 31) | :Ni forme, et sans la moindre pensée, (IV, 31) | ||
Le tambour du Dharma exhorte encore | :Le tambour du Dharma exhorte encore | ||
Et toujours les dieux insouciants, | :Et toujours les dieux insouciants, | ||
Au son des mots : impermanence, | :Au son des mots : impermanence, | ||
Souffrance, irréalité du soi et paix. (IV, 32) | :Souffrance, irréalité du soi et paix. (IV, 32) | ||
De même, l’Omniprésent est libre de l’effort | :De même, l’Omniprésent est libre de l’effort | ||
Et des quatre autres points mais, de sa parole éveillée, | :Et des quatre autres points mais, de sa parole éveillée, | ||
Il imprègne tous les êtres sans exception | :Il imprègne tous les êtres sans exception | ||
Et enseigne le Dharma aux êtres fortunés. (IV, 33) | :Et enseigne le Dharma aux êtres fortunés. (IV, 33) | ||
De même que le son du tambour | :De même que le son du tambour | ||
Des dieux émane de leurs actes, | :Des dieux émane de leurs actes, | ||
De même, les enseignements que le Sage | :De même, les enseignements que le Sage | ||
A prodigués au monde émanent des actes de chacun. (IV, 34) | :A prodigués au monde émanent des actes de chacun. (IV, 34) | ||
De même que sans effort, sans lieu, sans corps | :De même que sans effort, sans lieu, sans corps | ||
Et sans esprit, le son du tambour établit la paix, | :Et sans esprit, le son du tambour établit la paix, | ||
De même, sans effort, sans lieu, sans corps | :De même, sans effort, sans lieu, sans corps | ||
Et sans esprit, ces enseignements établissent la paix. (IV, 35) | :Et sans esprit, ces enseignements établissent la paix. (IV, 35) | ||
De même que dans la ville des dieux, le son du tambour | :De même que dans la ville des dieux, le son du tambour | ||
leur insuffle le don de l’intrépidité | :leur insuffle le don de l’intrépidité | ||
Lorsque, sous l’effet de leurs affections, les dieux se jettent | :Lorsque, sous l’effet de leurs affections, les dieux se jettent | ||
dans la mêlée pour vaincre les antidieux ; et de même, encore, | :dans la mêlée pour vaincre les antidieux ; et de même, encore, | ||
que le tambour met fin à leurs jeux, | :que le tambour met fin à leurs jeux, | ||
De même, dans notre monde, la concentration | :De même, dans notre monde, la concentration | ||
du Sans-Forme et les autres vertus concourent à la cause | :du Sans-Forme et les autres vertus concourent à la cause | ||
De l’expression de la voie suprême, laquelle écrase les affections | :De l’expression de la voie suprême, laquelle écrase les affections | ||
qui torturent les êtres tout en apaisant leurs souffrances. (IV, 36) | :qui torturent les êtres tout en apaisant leurs souffrances. (IV, 36) | ||
Universelle, bénéfique, source de bonheur, | :Universelle, bénéfique, source de bonheur, | ||
Dotée du pouvoir des trois prodiges, | :Dotée du pouvoir des trois prodiges, | ||
La voix du Sage est éminemment | :La voix du Sage est éminemment | ||
Supérieure aux cymbales des dieux. (IV, 37) | :Supérieure aux cymbales des dieux. (IV, 37) | ||
Dans le monde des dieux, le son puissant du tambour | :Dans le monde des dieux, le son puissant du tambour | ||
Ne tombe pas jusqu’aux oreilles des terriens. | :Ne tombe pas jusqu’aux oreilles des terriens. | ||
Le tambour de la voix d’un bouddha résonne | :Le tambour de la voix d’un bouddha résonne | ||
Jusqu’aux mondes souterrains du saṃsāra. (IV, 38) | :Jusqu’aux mondes souterrains du saṃsāra. (IV, 38) | ||
Dans le monde des dieux, les cymbales sonnent | :Dans le monde des dieux, les cymbales sonnent | ||
Par millions pour exacerber les flammes du désir. | :Par millions pour exacerber les flammes du désir. | ||
Les incarnations de la compassion n’ont qu’une seule voix | :Les incarnations de la compassion n’ont qu’une seule voix | ||
Qui fait tout pour éteindre à jamais les flammes de la souffrance. | :Qui fait tout pour éteindre à jamais les flammes de la souffrance. | ||
(IV, 39) | :(IV, 39) | ||
Dans le monde des dieux, le son des cymbales dont la beauté se double | :Dans le monde des dieux, le son des cymbales dont la beauté se double | ||
D’un charme exquis augmente l’agitation mentale habituelle. | :D’un charme exquis augmente l’agitation mentale habituelle. | ||
La parole des tathāgatas, compassion incarnée, incite | :La parole des tathāgatas, compassion incarnée, incite | ||
À réfléchir et à méditer jusqu’au recueillement profond. (IV, 40) | :À réfléchir et à méditer jusqu’au recueillement profond. (IV, 40) | ||
En bref, dans toutes les sphères du monde sans aucune exception, | :En bref, dans toutes les sphères du monde sans aucune exception, | ||
Chez les dieux comme ici-bas, toutes les matières à bonheur | :Chez les dieux comme ici-bas, toutes les matières à bonheur | ||
Reposent entièrement, dit-on, sur cette voix mélodieuse | :Reposent entièrement, dit-on, sur cette voix mélodieuse | ||
Que l’on perçoit, omniprésente, dans absolument tous les mondes. | :Que l’on perçoit, omniprésente, dans absolument tous les mondes. | ||
(IV, 41) | :(IV, 41) | ||
De même que les malentendants | :De même que les malentendants | ||
Ne perçoivent pas les sons subtils | :Ne perçoivent pas les sons subtils | ||
Et que l’oreille divine elle-même | :Et que l’oreille divine elle-même | ||
N’entend pas tous les sons, (IV, 42) | :N’entend pas tous les sons, (IV, 42) | ||
De même, les enseignements les plus subtils | :De même, les enseignements les plus subtils | ||
Relèvent de la sagesse primordiale, fine aussi, | :Relèvent de la sagesse primordiale, fine aussi, | ||
Mais ils atteindront seulement les oreilles | :Mais ils atteindront seulement les oreilles | ||
D’une poignée de sages libres d’affections. (IV, 43) | :D’une poignée de sages libres d’affections. (IV, 43) | ||
De même qu’en été les nuages | :De même qu’en été les nuages | ||
Sont des gages d’abondantes récoltes | :Sont des gages d’abondantes récoltes | ||
Quand ils s’abattent sans effort | :Quand ils s’abattent sans effort | ||
En trombes d’eau sur la terre, (IV, 44) | :En trombes d’eau sur la terre, (IV, 44) | ||
De même, des nuages de la compassion | :De même, des nuages de la compassion | ||
Tombe sans la moindre pensée | :Tombe sans la moindre pensée | ||
La pluie des saints enseignements du Vainqueur | :La pluie des saints enseignements du Vainqueur | ||
Qui promet aux êtres des moissons de vertus. (IV, 45) | :Qui promet aux êtres des moissons de vertus. (IV, 45) | ||
De même que, le monde prenant le chemin de la vertu, | :De même que, le monde prenant le chemin de la vertu, | ||
Les nuages nés du vent se répandent en pluies, | :Les nuages nés du vent se répandent en pluies, | ||
De même, pour accroître les vertus d’un monde | :De même, pour accroître les vertus d’un monde | ||
où souffle le vent de l’amour, | :où souffle le vent de l’amour, | ||
Des nuages de la bouddhéité tombe la pluie du vrai Dharma. (IV, 46) | :Des nuages de la bouddhéité tombe la pluie du vrai Dharma. (IV, 46) | ||
Plein de connaissance et d’amour pour le monde, | :Plein de connaissance et d’amour pour le monde, | ||
Il trône au centre de l’espace, inaltéré par le changeant et l’immuable. | :Il trône au centre de l’espace, inaltéré par le changeant et l’immuable. | ||
Les nuages du Seigneur des Sages, qui consistent en l’eau pure | :Les nuages du Seigneur des Sages, qui consistent en l’eau pure | ||
des recueillements et des formules de mémoire, | :des recueillements et des formules de mémoire, | ||
Produiront des moissons de vertus. (IV, 47) | :Produiront des moissons de vertus. (IV, 47) | ||
Fraîche, agréable, douce et légère, | :Fraîche, agréable, douce et légère, | ||
L’eau qui tombe des nuages | :L’eau qui tombe des nuages | ||
Se charge d’un grand nombre de saveurs, | :Se charge d’un grand nombre de saveurs, | ||
Comme le salé, au contact de la terre. (IV, 48) | :Comme le salé, au contact de la terre. (IV, 48) | ||
De même, la pluie de l’octuple sentier des êtres sublimes | :De même, la pluie de l’octuple sentier des êtres sublimes | ||
Qui jaillit des immenses nuées de la compassion | :Qui jaillit des immenses nuées de la compassion | ||
Aura autant de goûts différents | :Aura autant de goûts différents | ||
Qu’il y a de formes d’esprit chez les êtres. (IV, 49) | :Qu’il y a de formes d’esprit chez les êtres. (IV, 49) | ||
Ceux qui ont foi dans le véhicule suprême, | :Ceux qui ont foi dans le véhicule suprême, | ||
Ceux qui restent neutres et ceux qui lui sont hostiles | :Ceux qui restent neutres et ceux qui lui sont hostiles | ||
Forment trois groupes d’êtres comparables | :Forment trois groupes d’êtres comparables | ||
À des êtres humains, des paons et des prétas (IV, 50) | :À des êtres humains, des paons et des prétas (IV, 50) | ||
À la fin du printemps, les hommes et les oiseaux | :À la fin du printemps, les hommes et les oiseaux | ||
qui ne volent pas souffrent de l’absence des nuages, | :qui ne volent pas souffrent de l’absence des nuages, | ||
Alors que les prétas pâtissent des pluies d’été qui s’abattent sur la terre. | :Alors que les prétas pâtissent des pluies d’été qui s’abattent sur la terre. | ||
De même, suivant que, des nuées de la compassion, | :De même, suivant que, des nuées de la compassion, | ||
l’eau des enseignements jaillit ou non, | :l’eau des enseignements jaillit ou non, | ||
Ceux qui, dans les mondes, aspirent au Dharma | :Ceux qui, dans les mondes, aspirent au Dharma | ||
et ceux qui lui sont hostiles correspondent | :et ceux qui lui sont hostiles correspondent | ||
aux éléments de la comparaison. (IV, 51) | :aux éléments de la comparaison. (IV, 51) | ||
Quand s’abattent sur la terre de grosses gouttes de pluie, | :Quand s’abattent sur la terre de grosses gouttes de pluie, | ||
des pierres brûlantes ou des flammes de diamant, | :des pierres brûlantes ou des flammes de diamant, | ||
Les nuages ne se soucient pas plus des petites bêtes | :Les nuages ne se soucient pas plus des petites bêtes | ||
que de celles qui se sont réfugiées dans la montagne. | :que de celles qui se sont réfugiées dans la montagne. | ||
Les gouttes, des plus petites aux plus grosses, | :Les gouttes, des plus petites aux plus grosses, | ||
qui tombent des nuages de l’amour et de la connaissance | :qui tombent des nuages de l’amour et de la connaissance | ||
Ne se soucient absolument pas des affections qu’elles purifient | :Ne se soucient absolument pas des affections qu’elles purifient | ||
ni de la tendance à voir un soi. (IV, 52) | :ni de la tendance à voir un soi. (IV, 52) | ||
Dans le cercle sans commencement des morts et des renaissances, | :Dans le cercle sans commencement des morts et des renaissances, | ||
les êtres suivent cinq voies | :les êtres suivent cinq voies | ||
Mais, de même qu’il n’y a pas de bonnes odeurs dans les excréments, | :Mais, de même qu’il n’y a pas de bonnes odeurs dans les excréments, | ||
il n’y a jamais de bonheur dans les cinq destinées. | :il n’y a jamais de bonheur dans les cinq destinées. | ||
Cette souffrance permanente née de la rencontre | :Cette souffrance permanente née de la rencontre | ||
avec les armes, le feu, le sel et d’autres supplices encore | :avec les armes, le feu, le sel et d’autres supplices encore | ||
S’apaise quand, des nuées de la compassion, tombe | :S’apaise quand, des nuées de la compassion, tombe | ||
une abondante pluie de vrai Dharma. (IV, 53) | :une abondante pluie de vrai Dharma. (IV, 53) | ||
Comme ils ont compris que les dieux souffraient de la déchéance | :Comme ils ont compris que les dieux souffraient de la déchéance | ||
[qui suit leur mort] et les hommes de la quête effrénée [du plaisir], | :[qui suit leur mort] et les hommes de la quête effrénée [du plaisir], | ||
Les sages n’aspirent pas aux suprêmes pouvoirs des dieux | :Les sages n’aspirent pas aux suprêmes pouvoirs des dieux | ||
et des hommes. | :et des hommes. | ||
Grâce à la connaissance supérieure et aux paroles du Tathāgata | :Grâce à la connaissance supérieure et aux paroles du Tathāgata | ||
qu’ils ont suivies avec foi, | :qu’ils ont suivies avec foi, | ||
Ils voient avec sagesse que « ceci est la souffrance, | :Ils voient avec sagesse que « ceci est la souffrance, | ||
cela en est la cause, et cela la cessation ». (IV, 54) | :cela en est la cause, et cela la cessation ». (IV, 54) | ||
De même qu’il faut reconnaître la maladie et en éliminer la cause | :De même qu’il faut reconnaître la maladie et en éliminer la cause | ||
En prenant des remèdes qui rétabliront la santé, | :En prenant des remèdes qui rétabliront la santé, | ||
Il faut reconnaître la souffrance, en éliminer la cause | :Il faut reconnaître la souffrance, en éliminer la cause | ||
Et réaliser sa cessation en empruntant la voie. (IV, 55) | :Et réaliser sa cessation en empruntant la voie. (IV, 55) | ||
De même que, sans quitter son palais, | :De même que, sans quitter son palais, | ||
Brahma manifeste des apparences | :Brahma manifeste des apparences | ||
De lui-même dans tous les lieux divins | :De lui-même dans tous les lieux divins | ||
Sans fournir le moindre effort, (IV, 56) | :Sans fournir le moindre effort, (IV, 56) | ||
De même, sans quitter le corps absolu | :De même, sans quitter le corps absolu | ||
Et sans effort, le Sage montre des apparences | :Et sans effort, le Sage montre des apparences | ||
De lui-même dans toutes les sphères | :De lui-même dans toutes les sphères | ||
Aux êtres assez fortunés pour cela. (IV, 57) | :Aux êtres assez fortunés pour cela. (IV, 57) | ||
De même que, sans jamais quitter son palais, | :De même que, sans jamais quitter son palais, | ||
Brahma se manifeste dans le monde du Désir | :Brahma se manifeste dans le monde du Désir | ||
À la vue des dieux et qu’à cette vision, ces derniers | :À la vue des dieux et qu’à cette vision, ces derniers | ||
se détournent des objets [de plaisir], | :se détournent des objets [de plaisir], | ||
De même, sans quitter le corps absolu, le Bien-Allé s’introduit | :De même, sans quitter le corps absolu, le Bien-Allé s’introduit | ||
dans toutes les sphères du monde | :dans toutes les sphères du monde | ||
Où les êtres fortunés le voient, et cette vision leur permet | :Où les êtres fortunés le voient, et cette vision leur permet | ||
d’éliminer toutes leurs souillures à jamais. (IV, 58) | :d’éliminer toutes leurs souillures à jamais. (IV, 58) | ||
Par le pouvoir de ses propres souhaits antérieurs | :Par le pouvoir de ses propres souhaits antérieurs | ||
Et celui des actes vertueux des êtres divins, | :Et celui des actes vertueux des êtres divins, | ||
Brahma se manifeste sans effort. De même en est-il | :Brahma se manifeste sans effort. De même en est-il | ||
Pour les corps d’apparition de celui qui est né de lui-même. (IV, 59) | :Pour les corps d’apparition de celui qui est né de lui-même. (IV, 59) | ||
Le départ [de Tuṣita], l’entrée dans la matrice, la naissance, | :Le départ [de Tuṣita], l’entrée dans la matrice, la naissance, | ||
l’arrivée au palais de son père, | :l’arrivée au palais de son père, | ||
Les jeux de l’amour, la quête solitaire, le triomphe sur Māra, | :Les jeux de l’amour, la quête solitaire, le triomphe sur Māra, | ||
L’obtention de l’Éveil le plus grand | :L’obtention de l’Éveil le plus grand | ||
et l’art de guider sur la voie de la paix : | :et l’art de guider sur la voie de la paix | ||
Quand il eut tout montré, le Sage disparut | :Quand il eut tout montré, le Sage disparut | ||
de la vue des êtres infortunés. (IV, 60) | :de la vue des êtres infortunés. (IV, 60) | ||
Le soleil brûle tout. Au même instant, le lotus et d’autres fleurs | :Le soleil brûle tout. Au même instant, le lotus et d’autres fleurs | ||
S’ouvrent tandis que le nénuphar blanc se referme. | :S’ouvrent tandis que le nénuphar blanc se referme. | ||
Ces [fleurs] nées de l’eau ont la qualité de s’ouvrir | :Ces [fleurs] nées de l’eau ont la qualité de s’ouvrir | ||
et le défaut de se refermer, | :et le défaut de se refermer, | ||
Mais l’astre n’y pense pas : de même le soleil de l’être sublime. (IV, 61) | :Mais l’astre n’y pense pas : de même le soleil de l’être sublime. (IV, 61) | ||
De même que, sans y penser, | :De même que, sans y penser, | ||
En émettant soudain sa lumière, | :En émettant soudain sa lumière, | ||
Le soleil fait s’ouvrir les lotus | :Le soleil fait s’ouvrir les lotus | ||
Et mûrir d’autres [plantes], (IV, 62) | :Et mûrir d’autres [plantes], (IV, 62) | ||
De même, les rayons de vrai Dharma | :De même, les rayons de vrai Dharma | ||
Du soleil du Tathāgata | :Du soleil du Tathāgata | ||
S’infiltrent sans la moindre pensée | :S’infiltrent sans la moindre pensée | ||
Dans les lotus des êtres qu’il peut aider. (IV, 63) | :Dans les lotus des êtres qu’il peut aider. (IV, 63) | ||
Avec le corps absolu et les corps formels, | :Avec le corps absolu et les corps formels, | ||
Le soleil de l’Omniscient qui s’élève | :Le soleil de l’Omniscient qui s’élève | ||
Dans l’espace de la quintessence de l’Éveil | :Dans l’espace de la quintessence de l’Éveil | ||
Darde ses rayons de sagesse sur les êtres. (IV, 64) | :Darde ses rayons de sagesse sur les êtres. (IV, 64) | ||
Tous les êtres sensibles au Dharma du Bien-Allé | :Tous les êtres sensibles au Dharma du Bien-Allé | ||
Sont comparables à des coupes d’eau pure | :Sont comparables à des coupes d’eau pure | ||
Où les innombrables reflets du soleil du Bouddha | :Où les innombrables reflets du soleil du Bouddha | ||
Apparaissent tous au même instant. (IV, 65) | :Apparaissent tous au même instant. (IV, 65) | ||
Au cœur de l’espace de la dimension absolue | :Au cœur de l’espace de la dimension absolue | ||
Qui tout embrasse à jamais, | :Qui tout embrasse à jamais, | ||
Le soleil du Bouddha brille sur les montagnes | :Le soleil du Bouddha brille sur les montagnes | ||
Des disciples à proportion de leurs mérites. (IV, 66) | :Des disciples à proportion de leurs mérites. (IV, 66) | ||
De même qu’en se levant le soleil répand sa lumière immense | :De même qu’en se levant le soleil répand sa lumière immense | ||
Et ses rayons par milliers en éclairant tout | :Et ses rayons par milliers en éclairant tout | ||
dans les mondes avant de se poser | :dans les mondes avant de se poser | ||
Par paliers sur les montagnes les plus hautes, | :Par paliers sur les montagnes les plus hautes, | ||
les moyennes et enfin les plus basses, | :les moyennes et enfin les plus basses, | ||
De même, le soleil du Vainqueur brille progressivement | :De même, le soleil du Vainqueur brille progressivement | ||
sur tous les êtres. (IV, 67) | :sur tous les êtres. (IV, 67) | ||
Le soleil ne rayonne pas jusqu’au fond de l’espace dans tous les univers | :Le soleil ne rayonne pas jusqu’au fond de l’espace dans tous les univers | ||
Et il ne peut même pas montrer le sens d’un objet | :Et il ne peut même pas montrer le sens d’un objet | ||
retenu sous les ténèbres de l’ignorance. | :retenu sous les ténèbres de l’ignorance. | ||
La compassion incarnée éclaire tout et montre aux êtres | :La compassion incarnée éclaire tout et montre aux êtres | ||
le sens des choses | :le sens des choses | ||
Avec des lumières rayonnant de toutes les couleurs. (IV, 68) | :Avec des lumières rayonnant de toutes les couleurs. (IV, 68) | ||
Quand le Bouddha se rend au village, les individus | :Quand le Bouddha se rend au village, les individus | ||
privés de la vue voient. | :privés de la vue voient. | ||
Libérés de toute chose insensée, ils voient le sens et, | :Libérés de toute chose insensée, ils voient le sens et, | ||
mieux, ils l’éprouvent. | :mieux, ils l’éprouvent. | ||
Aveuglés par l’ignorance, les êtres aux prises avec l’océan des existences | :Aveuglés par l’ignorance, les êtres aux prises avec l’océan des existences | ||
sont enveloppés par les ténèbres des vues fausses, | :sont enveloppés par les ténèbres des vues fausses, | ||
Mais, à la lumière du soleil d’un bouddha, ils verront | :Mais, à la lumière du soleil d’un bouddha, ils verront | ||
ce que leur esprit ne pouvait pas voir jusque-là. (IV, 69) | :ce que leur esprit ne pouvait pas voir jusque-là. (IV, 69) | ||
De même que le Joyau magique, | :De même que le Joyau magique, | ||
Exauce chacun de tous les désirs | :Exauce chacun de tous les désirs | ||
De ceux qui se trouvent dans sa sphère | :De ceux qui se trouvent dans sa sphère | ||
Instantanément et sans y penser, (IV, 70) | :Instantanément et sans y penser, (IV, 70) | ||
De même, quand ceux dont les désirs diffèrent | :De même, quand ceux dont les désirs diffèrent | ||
S’en remettent au Joyau magique du Bouddha, | :S’en remettent au Joyau magique du Bouddha, | ||
Ils entendent toute une variété d’enseignements | :Ils entendent toute une variété d’enseignements | ||
Dont le Bouddha n’a pas conçu le moindre. (IV, 71) | :Dont le Bouddha n’a pas conçu le moindre. (IV, 71) | ||
De même que le Joyau magique procure | :De même que le Joyau magique procure | ||
Sans effort ni pensée les richesses désirées, | :Sans effort ni pensée les richesses désirées, | ||
Le Sage restera dans le monde tant que celui-ci durera, | :Le Sage restera dans le monde tant que celui-ci durera, | ||
Pour le bien des autres, sans effort | :Pour le bien des autres, sans effort | ||
et à proportion de leurs mérites. (IV, 72) | :et à proportion de leurs mérites. (IV, 72) | ||
De même que, pour qui le désire en ce monde, | :De même que, pour qui le désire en ce monde, | ||
Il est difficile de trouver le bon Joyau dans l’océan ou sous la terre, | :Il est difficile de trouver le bon Joyau dans l’océan ou sous la terre, | ||
Il faut de même savoir que, pour l’infortuné | :Il faut de même savoir que, pour l’infortuné | ||
dont l’esprit est pris par les affections, | :dont l’esprit est pris par les affections, | ||
La vision du Bouddha est chose difficile. (IV, 73) | :La vision du Bouddha est chose difficile. (IV, 73) | ||
De même que le son de l’écho, | :De même que le son de l’écho, | ||
Qui jaillit de la perception des êtres | :Qui jaillit de la perception des êtres | ||
N’a pas de pensées, n’est pas fabriqué | :N’a pas de pensées, n’est pas fabriqué | ||
Et ne se tient pas plus dedans que dehors, (IV, 74) | :Et ne se tient pas plus dedans que dehors, (IV, 74) | ||
De même, la parole des bouddhas, | :De même, la parole des bouddhas, | ||
Qui jaillit de la perception des êtres, | :Qui jaillit de la perception des êtres, | ||
N’a pas de pensées, n’est pas fabriquée | :N’a pas de pensées, n’est pas fabriquée | ||
Et ne se tient pas plus dedans que dehors. (IV, 75) | :Et ne se tient pas plus dedans que dehors. (IV, 75) | ||
Immatériel, inapparent, | :Immatériel, inapparent, | ||
Introuvable, sans appui, | :Introuvable, sans appui, | ||
Bien au-delà du visible, | :Bien au-delà du visible, | ||
Sans forme, impossible à montrer, (IV, 76) | :Sans forme, impossible à montrer, (IV, 76) | ||
Et pourtant vu là-haut ou là-bas, | :Et pourtant vu là-haut ou là-bas, | ||
L’espace n’est ni haut ni bas. | :L’espace n’est ni haut ni bas. | ||
De même, le Bouddha n’est pas | :De même, le Bouddha n’est pas | ||
Comme tout ce que l’on peut voir de lui. (IV, 77) | :Comme tout ce que l’on peut voir de lui. (IV, 77) | ||
De même que tout ce qui naît de la terre | :De même que tout ce qui naît de la terre | ||
Prend appui sur la terre, qui n’a pas de pensées, | :Prend appui sur la terre, qui n’a pas de pensées, | ||
Pour croître, se renforcer et s’épanouir, (IV, 78) | :Pour croître, se renforcer et s’épanouir, (IV, 78) | ||
De même, prenant appui sur la terre | :De même, prenant appui sur la terre | ||
Du parfait Bouddha, laquelle n’a pas de pensées, | :Du parfait Bouddha, laquelle n’a pas de pensées, | ||
Les racines de bien des êtres | :Les racines de bien des êtres | ||
Croîtront toutes sans exception. (IV, 79) | :Croîtront toutes sans exception. (IV, 79) | ||
Comme on n’a jamais vu d’activité | :Comme on n’a jamais vu d’activité | ||
S’accomplir sans le moindre effort, | :S’accomplir sans le moindre effort, | ||
Neuf exemples ont été enseignés | :Neuf exemples ont été enseignés | ||
Pour trancher les doutes des disciples. (IV, 80) | :Pour trancher les doutes des disciples. (IV, 80) | ||
Ces neuf exemples | :Ces neuf exemples | ||
Ont été présentés en détail | :Ont été présentés en détail | ||
Dans un soûtra dont le nom | :Dans un soûtra dont le nom | ||
Seul évoque le propos. (IV, 81) | :Seul évoque le propos. (IV, 81) | ||
Parés de l’immense éclat lumineux | :Parés de l’immense éclat lumineux | ||
De la connaissance issue de l’étude, | :De la connaissance issue de l’étude, | ||
Les sages accéderont vite à toutes | :Les sages accéderont vite à toutes | ||
Les sphères d’activité des bouddhas. (IV, 82) | :Les sphères d’activité des bouddhas. (IV, 82) | ||
Le reflet d’Indra sur un sol de lapis-lazuli | :Le reflet d’Indra sur un sol de lapis-lazuli | ||
Et huit autres exemples | :Et huit autres exemples | ||
Ont été donnés à cette fin, | :Ont été donnés à cette fin, | ||
Dont on retiendra le résumé : (IV, 83) | :Dont on retiendra le résumé : (IV, 83) | ||
Apparition, parole, omniprésence, | :Apparition, parole, omniprésence, | ||
Manifestation, rayonnement de la sagesse, | :Manifestation, rayonnement de la sagesse, | ||
Secrets de l’esprit, de la parole et du corps, | :Secrets de l’esprit, de la parole et du corps, | ||
Et obtention d’une nature compatissante. (IV, 84) | :Et obtention d’une nature compatissante. (IV, 84) | ||
L’esprit éveillé, où tous les flots de l’effort | :L’esprit éveillé, où tous les flots de l’effort | ||
Se sont calmés, n’a aucune pensée | :Se sont calmés, n’a aucune pensée | ||
Comme l’apparition du reflet d’Indra sur le sol | :Comme l’apparition du reflet d’Indra sur le sol | ||
De lapis-lazuli immaculé et ainsi de suite. (IV, 85) | :De lapis-lazuli immaculé et ainsi de suite. (IV, 85) | ||
L’apaisement de l’effort constitue la thèse ; | :L’apaisement de l’effort constitue la thèse ; | ||
L’absence de pensées dans l’esprit, la preuve ; | :L’absence de pensées dans l’esprit, la preuve ; | ||
Et pour l’indiscutable conclusion du sujet de discussion, | :Et pour l’indiscutable conclusion du sujet de discussion, | ||
Le reflet d’Indra et les huit autres comparaisons. (IV, 86) | :Le reflet d’Indra et les huit autres comparaisons. (IV, 86) | ||
Voici le sens du présent chapitre : | :Voici le sens du présent chapitre | ||
L’apparition et les huit autres cas | :L’apparition et les huit autres cas | ||
Opèrent sans que l’Instructeur, libre de la naissance | :Opèrent sans que l’Instructeur, libre de la naissance | ||
Et de la mort, ne fasse d’efforts. (IV, 87) | :Et de la mort, ne fasse d’efforts. (IV, 87) | ||
Ce qui, tant que dure le monde, accomplit le bien des autres | :Ce qui, tant que dure le monde, accomplit le bien des autres | ||
Sans effort – comme Indra, le tambour, les nuages, | :Sans effort – comme Indra, le tambour, les nuages, | ||
Brahma, le soleil, le précieux roi des Joyaux magiques, | :Brahma, le soleil, le précieux roi des Joyaux magiques, | ||
L’écho, l’espace et la terre –, tout cela, les yogis le connaissent. (IV, 88) | :L’écho, l’espace et la terre –, tout cela, les yogis le connaissent. (IV, 88) | ||
[L’Instructeur] est comparable au reflet d’Indra | :[L’Instructeur] est comparable au reflet d’Indra | ||
dans une pierre précieuse. | :dans une pierre précieuse. | ||
Comme le tambour des dieux, il excelle à instruire. | :Comme le tambour des dieux, il excelle à instruire. | ||
Les nuées d’amour et de connaissance de l’omniprésent seigneur | :Les nuées d’amour et de connaissance de l’omniprésent seigneur | ||
Enveloppent l’infinité des êtres jusqu’au sommet du devenir. (IV, 89) | :Enveloppent l’infinité des êtres jusqu’au sommet du devenir. (IV, 89) | ||
Tel Brahma, il se manifeste dans de multiples apparitions | :Tel Brahma, il se manifeste dans de multiples apparitions | ||
sans quitter son séjour immaculé. | :sans quitter son séjour immaculé. | ||
Comme le soleil, il rayonne de l’éclat de la sagesse | :Comme le soleil, il rayonne de l’éclat de la sagesse | ||
Et son esprit éveillé ressemble au très pur | :Et son esprit éveillé ressemble au très pur | ||
et très précieux Joyau magique. (IV, 90) | :et très précieux Joyau magique. (IV, 90) | ||
Comme l’écho, la parole des Vainqueurs se passe de mots. | :Comme l’écho, la parole des Vainqueurs se passe de mots. | ||
Semblable à l’espace, leur corps est omniprésent, | :Semblable à l’espace, leur corps est omniprésent, | ||
dépourvu de forme et permanent. | :dépourvu de forme et permanent. | ||
Pareil à la terre, le niveau de bouddha est toujours | :Pareil à la terre, le niveau de bouddha est toujours | ||
Le fondement de tous les remèdes favorisant | :Le fondement de tous les remèdes favorisant | ||
les qualités pures des êtres. (IV, 91) | :les qualités pures des êtres. (IV, 91) | ||
La cause de la vision d’un bouddha n’est autre | :La cause de la vision d’un bouddha n’est autre | ||
Qu’un esprit qui a la pureté du lapis-lazuli. | :Qu’un esprit qui a la pureté du lapis-lazuli. | ||
Cette pureté vient du pouvoir accru | :Cette pureté vient du pouvoir accru | ||
D’une confiance irréversible. (IV, 92) | :D’une confiance irréversible. (IV, 92) | ||
La vertu apparaissant et disparaissant, | :La vertu apparaissant et disparaissant, | ||
La forme des bouddhas apparaît et disparaît. | :La forme des bouddhas apparaît et disparaît. | ||
Comme Indra, le corps absolu du Sage | :Comme Indra, le corps absolu du Sage | ||
N’apparaît ni ne disparaît. (IV, 93) | :N’apparaît ni ne disparaît. (IV, 93) | ||
Ainsi, tant que le monde durera, | :Ainsi, tant que le monde durera, | ||
[Le Sage] apparaîtra et exercera ses activités | :[Le Sage] apparaîtra et exercera ses activités | ||
Sans effort à partir du corps absolu | :Sans effort à partir du corps absolu | ||
Qui ignore la naissance et la cessation. (IV, 94) | :Qui ignore la naissance et la cessation. (IV, 94) | ||
Ce résumé des activités en neuf comparaisons | :Ce résumé des activités en neuf comparaisons | ||
Est donné dans un ordre tel | :Est donné dans un ordre tel | ||
Que les inexactitudes d’une comparaison | :Que les inexactitudes d’une comparaison | ||
N’apparaissent plus dans la suivante. (IV, 95) | :N’apparaissent plus dans la suivante. (IV, 95) | ||
Le Bouddha est comparable à un reflet | :Le Bouddha est comparable à un reflet | ||
Mais il en diffère car les reflets n’ont pas de voix. | :Mais il en diffère car les reflets n’ont pas de voix. | ||
Il est comparable au tambour des dieux mais en diffère | :Il est comparable au tambour des dieux mais en diffère | ||
Parce que les tambours ne font pas le bien en tout lieu. (IV, 96) | :Parce que les tambours ne font pas le bien en tout lieu. (IV, 96) | ||
Il est comparable à un grand nuage mais en diffère | :Il est comparable à un grand nuage mais en diffère | ||
Parce que les nuages n’éliminent pas les graines inutiles. | :Parce que les nuages n’éliminent pas les graines inutiles. | ||
Il est comparable au Grand Brahma mais en diffère | :Il est comparable au Grand Brahma mais en diffère | ||
Parce que Brahma ne fait pas mûrir à jamais. (IV, 97) | :Parce que Brahma ne fait pas mûrir à jamais. (IV, 97) | ||
Il est comparable au soleil mais en diffère | :Il est comparable au soleil mais en diffère | ||
Parce que le soleil ne vainc pas les ténèbres une bonne fois pour toutes. | :Parce que le soleil ne vainc pas les ténèbres une bonne fois pour toutes. | ||
Il est comparable au Joyau magique mais en diffère | :Il est comparable au Joyau magique mais en diffère | ||
Parce qu’il n’est pas difficile de trouver ce joyau. (IV, 98) | :Parce qu’il n’est pas difficile de trouver ce joyau. (IV, 98) | ||
Il est comparable à l’écho mais en diffère | :Il est comparable à l’écho mais en diffère | ||
Parce que l’écho est un phénomène conditionné. | :Parce que l’écho est un phénomène conditionné. | ||
Il est comparable à l’espace mais en diffère | :Il est comparable à l’espace mais en diffère | ||
Parce que l’espace n’est pas le terrain des vertus. (IV, 99) | :Parce que l’espace n’est pas le terrain des vertus. (IV, 99) | ||
Comme il forme le fondement où se tiennent | :Comme il forme le fondement où se tiennent | ||
Toutes les perfections mondaines | :Toutes les perfections mondaines | ||
Et supramondaines sans la moindre exception, | :Et supramondaines sans la moindre exception, | ||
On le compare au cercle de la terre. (IV, 100) | :On le compare au cercle de la terre. (IV, 100) | ||
Comme la voie supramondaine se présente | :Comme la voie supramondaine se présente | ||
Par le fait de l’Éveil des bouddhas, | :Par le fait de l’Éveil des bouddhas, | ||
La voie des actes vertueux, les concentrations, | :La voie des actes vertueux, les concentrations, | ||
Les immensurables et le Sans-Forme se présentent aussi. (IV, 101) | :Les immensurables et le Sans-Forme se présentent aussi. (IV, 101) | ||
Ici prend fin le quatrième chapitre, « Les Activités éveillées des tathāgatas » | :Ici prend fin le quatrième chapitre, « Les Activités éveillées des tathāgatas » | ||
du Traité de la Continuité suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation | :du Traité de la Continuité suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation | ||
spirituelle des Trois Joyaux. | :spirituelle des Trois Joyaux. | ||
=== V - LES BIENFAITS DU PRÉSENT ENSEIGNEMENT=== | === V - LES BIENFAITS DU PRÉSENT ENSEIGNEMENT=== | ||
L’Élément des bouddhas, l’Éveil des bouddhas, | :L’Élément des bouddhas, l’Éveil des bouddhas, | ||
Les qualités des bouddhas et les activités des bouddhas | :Les qualités des bouddhas et les activités des bouddhas | ||
Sont inconcevables même pour les êtres purs. | :Sont inconcevables même pour les êtres purs. | ||
Ils relèvent de la sphère de nos guides. (V, 1) | :Ils relèvent de la sphère de nos guides. (V, 1) | ||
Les sages qui aspirent au domaine des Vainqueurs | :Les sages qui aspirent au domaine des Vainqueurs | ||
Seront les réceptacles de toutes les qualités éveillées ; | :Seront les réceptacles de toutes les qualités éveillées ; | ||
Comme toutes ces inconcevables qualités les réjouissent, | :Comme toutes ces inconcevables qualités les réjouissent, | ||
Leurs mérites éclipsent ceux de tous les autres êtres. (V, 2) | :Leurs mérites éclipsent ceux de tous les autres êtres. (V, 2) | ||
Imaginez un être attiré par l’Éveil qui offrirait constamment | :Imaginez un être attiré par l’Éveil qui offrirait constamment | ||
aux souverains du Dharma, | :aux souverains du Dharma, | ||
Jour après jour, des champs d’or incrustés de joyaux | :Jour après jour, des champs d’or incrustés de joyaux | ||
en nombre égal aux atomes de tous les champs de bouddhas. | :en nombre égal aux atomes de tous les champs de bouddhas. | ||
Imaginez maintenant un autre être qui n’aurait entendu | :Imaginez maintenant un autre être qui n’aurait entendu | ||
qu’un seul mot [du présent traité] et qu’en l’entendant il y ait cru : | :qu’un seul mot [du présent traité] et qu’en l’entendant il y ait cru | ||
Cet être en tirera beaucoup plus de mérites qu’on en tirera | :Cet être en tirera beaucoup plus de mérites qu’on en tirera | ||
de la vertu de générosité [ci-dessus évoquée]. (V, 3) | :de la vertu de générosité [ci-dessus évoquée]. (V, 3) | ||
Il y a des êtres intelligents qui, aspirant à l’Éveil suprême, | :Il y a des êtres intelligents qui, aspirant à l’Éveil suprême, | ||
observent sans effort, | :observent sans effort, | ||
Durant d’innombrables ères, une parfaite discipline | :Durant d’innombrables ères, une parfaite discipline | ||
du corps, de la parole et de l’esprit ; | :du corps, de la parole et de l’esprit ; | ||
Et il y en a d’autres qui n’entendent qu’un seul mot | :Et il y en a d’autres qui n’entendent qu’un seul mot | ||
[du présent traité] et qui, l’entendant, y croient : | :[du présent traité] et qui, l’entendant, y croient | ||
Ces derniers en tireront beaucoup plus de mérites | :Ces derniers en tireront beaucoup plus de mérites | ||
qu’on en tirera de la vertu de discipline [ci-dessus évoquée]. (V, 4) | :qu’on en tirera de la vertu de discipline [ci-dessus évoquée]. (V, 4) | ||
Il y a ici-bas des individus qui pratiquent les concentrations | :Il y a ici-bas des individus qui pratiquent les concentrations | ||
qui éteignent le feu des affections dans les trois mondes, | :qui éteignent le feu des affections dans les trois mondes, | ||
Et, arrivés au terme du domaine des dieux et de Brahma, | :Et, arrivés au terme du domaine des dieux et de Brahma, | ||
cultivent les immuables méthodes de l’Éveil parfait. | :cultivent les immuables méthodes de l’Éveil parfait. | ||
Il y en a d’autres qui n’entendent qu’un seul mot | :Il y en a d’autres qui n’entendent qu’un seul mot | ||
[du présent traité] et qui, l’entendant, y croient : | :[du présent traité] et qui, l’entendant, y croient | ||
Ceux-là en tireront beaucoup plus de mérites | :Ceux-là en tireront beaucoup plus de mérites | ||
qu’on en tirera de la vertu de concentration [ci-dessus évoquée]. (V, 5) | :qu’on en tirera de la vertu de concentration [ci-dessus évoquée]. (V, 5) | ||
La générosité ne fait qu’assurer les richesses matérielles ; | :La générosité ne fait qu’assurer les richesses matérielles ; | ||
La discipline ne conduit qu’à une renaissance heureuse ; | :La discipline ne conduit qu’à une renaissance heureuse ; | ||
Et la méditation ne peut que repousser les affections : | :Et la méditation ne peut que repousser les affections | ||
La connaissance les surpasse toutes parce qu’elle élimine | :La connaissance les surpasse toutes parce qu’elle élimine | ||
les voiles émotionnel et cognitif, et qu’elle a pour cause | :les voiles émotionnel et cognitif, et qu’elle a pour cause | ||
la présente étude. (V, 6) | :la présente étude. (V, 6) | ||
La base, sa transformation, ses qualités | :La base, sa transformation, ses qualités | ||
Et le bien qu’elle accomplit : ces quatre objets | :Et le bien qu’elle accomplit : ces quatre objets | ||
De la connaissance des Vainqueurs | :De la connaissance des Vainqueurs | ||
Ont été expliqués dans le présent traité. (V, 7) | :Ont été expliqués dans le présent traité. (V, 7) | ||
Les êtres intelligents, confiants dans l’existence, | :Les êtres intelligents, confiants dans l’existence, | ||
Les capacités et les qualités de cette base, | :Les capacités et les qualités de cette base, | ||
Auront sans tarder la bonne fortune | :Auront sans tarder la bonne fortune | ||
D’atteindre l’état de tathāgata. (V, 8) | :D’atteindre l’état de tathāgata. (V, 8) | ||
« Cet objet inconcevable existe bien ; | :« Cet objet inconcevable existe bien ; | ||
Mes semblables et moi, nous pouvons l’atteindre ; | :Mes semblables et moi, nous pouvons l’atteindre ; | ||
Le fait de l’atteindre possède telles et telles excellences » : | :Le fait de l’atteindre possède telles et telles excellences » | ||
Ces êtres sont animés d’une aspiration dictée par la foi, (V, 9) | :Ces êtres sont animés d’une aspiration dictée par la foi, (V, 9) | ||
Et l’esprit d’Éveil – réceptacle de détermination, | :Et l’esprit d’Éveil – réceptacle de détermination, | ||
De persévérance, de mémoire, de concentration, | :De persévérance, de mémoire, de concentration, | ||
De connaissance et d’autres qualités encore – | :De connaissance et d’autres qualités encore – | ||
Les accompagne toujours. (V, 10) | :Les accompagne toujours. (V, 10) | ||
Comme [l’esprit d’Éveil] les accompagne toujours, | :Comme [l’esprit d’Éveil] les accompagne toujours, | ||
Les enfants des Vainqueurs ne régressent jamais. | :Les enfants des Vainqueurs ne régressent jamais. | ||
Ils accomplissent les vertus liées aux mérites | :Ils accomplissent les vertus liées aux mérites | ||
Et les conduisent à leur pleine pureté. (V, 11) | :Et les conduisent à leur pleine pureté. (V, 11) | ||
Ils n’ont aucune idée des trois pôles de l’acte | :Ils n’ont aucune idée des trois pôles de l’acte | ||
Quand ils s’adonnent aux cinq vertus liées aux mérites, | :Quand ils s’adonnent aux cinq vertus liées aux mérites, | ||
Si bien que pour parfaire et purifier, | :Si bien que pour parfaire et purifier, | ||
Il leur suffit d’écarter les facteurs contraires. (V, 12) | :Il leur suffit d’écarter les facteurs contraires. (V, 12) | ||
Le mérite né du don, c’est la générosité, | :Le mérite né du don, c’est la générosité, | ||
Et le mérite né de la moralité, la discipline ; | :Et le mérite né de la moralité, la discipline ; | ||
La patience et la concentration sont toutes deux | :La patience et la concentration sont toutes deux | ||
des effets de la méditation. | :des effets de la méditation. | ||
La persévérance peut s’appliquer à toutes. (V, 13) | :La persévérance peut s’appliquer à toutes. (V, 13) | ||
La pensée qu’un acte ait trois pôles | :La pensée qu’un acte ait trois pôles | ||
Peut définir le voile cognitif. | :Peut définir le voile cognitif. | ||
De l’avarice et des autres pensées, | :De l’avarice et des autres pensées, | ||
On dit qu’elles forment le voile émotionnel. (V, 14) | :On dit qu’elles forment le voile émotionnel. (V, 14) | ||
Il n’y a que la connaissance qui puisse | :Il n’y a que la connaissance qui puisse | ||
Éliminer les deux voiles. C’est pourquoi | :Éliminer les deux voiles. C’est pourquoi | ||
La connaissance est suprême. | :La connaissance est suprême. | ||
Sa racine étant l’étude, l’étude est suprême aussi. (V, 15) | :Sa racine étant l’étude, l’étude est suprême aussi. (V, 15) | ||
J’ai donné ces explications en m’aidant de textes | :J’ai donné ces explications en m’aidant de textes | ||
et de raisonnements dignes de confiance | :et de raisonnements dignes de confiance | ||
Dans la seule intention de me purifier moi-même. | :Dans la seule intention de me purifier moi-même. | ||
Je l’ai fait aussi pour prendre soin des êtres dont l’intelligence | :Je l’ai fait aussi pour prendre soin des êtres dont l’intelligence | ||
Est dotée de la parfaite vertu de l’aspiration. (V, 16) | :Est dotée de la parfaite vertu de l’aspiration. (V, 16) | ||
De même qu’à la lumière d’une lampe, d’un éclair, d’un joyau, | :De même qu’à la lumière d’une lampe, d’un éclair, d’un joyau, | ||
Du soleil ou de la lune, ceux qui ont des yeux voient, | :Du soleil ou de la lune, ceux qui ont des yeux voient, | ||
De même, j’ai donné toutes ces explications par la grâce du Sage | :De même, j’ai donné toutes ces explications par la grâce du Sage | ||
qui répand sa lumière | :qui répand sa lumière | ||
Sur les enseignements, leur sens, leur expression verbale | :Sur les enseignements, leur sens, leur expression verbale | ||
et l’assurance du discours. (V, 17) | :et l’assurance du discours. (V, 17) | ||
Une parole pourvue d’un sens et liée au Dharma | :Une parole pourvue d’un sens et liée au Dharma | ||
Qui tend à chasser les affections des trois mondes | :Qui tend à chasser les affections des trois mondes | ||
Et montre les bienfaits de la paix : telle est | :Et montre les bienfaits de la paix : telle est | ||
La parole du grand Sage. Ses contraires sont autres. (V, 18) | :La parole du grand Sage. Ses contraires sont autres. (V, 18) | ||
Ce que, relevant uniquement des enseignements du Vainqueur, | :Ce que, relevant uniquement des enseignements du Vainqueur, | ||
Un esprit libre de distraction explique | :Un esprit libre de distraction explique | ||
En accord avec la voie qui mène à la libération, | :En accord avec la voie qui mène à la libération, | ||
On le porte au sommet de sa tête comme la parole du Sage. (V, 19) | :On le porte au sommet de sa tête comme la parole du Sage. (V, 19) | ||
Personne au monde n’est plus sage que le Vainqueur, | :Personne au monde n’est plus sage que le Vainqueur, | ||
Nul autre que lui n’a l’omniscience qui connaît avec exactitude | :Nul autre que lui n’a l’omniscience qui connaît avec exactitude | ||
la totalité des choses et leur suprême réalité. | :la totalité des choses et leur suprême réalité. | ||
Aussi ne faut-il pas mélanger les soûtras disposés par le Sage lui-même | :Aussi ne faut-il pas mélanger les soûtras disposés par le Sage lui-même | ||
Car, en détruisant la méthode du Sage, | :Car, en détruisant la méthode du Sage, | ||
on nuirait gravement au vrai Dharma. (V, 20) | :on nuirait gravement au vrai Dharma. (V, 20) | ||
Avec leurs vues d’attachement, les ignorants | :Avec leurs vues d’attachement, les ignorants | ||
qu’aveuglent leurs affections | :qu’aveuglent leurs affections | ||
Bafouent les êtres sublimes et dénigrent leurs enseignements. | :Bafouent les êtres sublimes et dénigrent leurs enseignements. | ||
N’allez donc pas souiller votre esprit à ces vues d’attachement : | :N’allez donc pas souiller votre esprit à ces vues d’attachement | ||
On teinte le tissu propre et non les tissus tachés de graisse. (V, 21) | :On teinte le tissu propre et non les tissus tachés de graisse. (V, 21) | ||
Le manque d’intelligence comme d’aspiration à la vertu, | :Le manque d’intelligence comme d’aspiration à la vertu, | ||
le maintien d’une fierté mal placée, | :le maintien d’une fierté mal placée, | ||
Une nature obscurcie par la pauvreté en vrai Dharma, | :Une nature obscurcie par la pauvreté en vrai Dharma, | ||
la confusion du sens provisoire et du sens définitif, | :la confusion du sens provisoire et du sens définitif, | ||
L’appât du gain, le pouvoir des opinions, la fréquentation | :L’appât du gain, le pouvoir des opinions, la fréquentation | ||
de ceux qui déprécient le Dharma, | :de ceux qui déprécient le Dharma, | ||
L’éloignement des détenteurs du Dharma et le manque d’aspiration : | :L’éloignement des détenteurs du Dharma et le manque d’aspiration | ||
voilà dix raisons qui privent de l’enseignement | :voilà dix raisons qui privent de l’enseignement | ||
des Destructeurs de l’Ennemi. (V, 22) | :des Destructeurs de l’Ennemi. (V, 22) | ||
Plus que le feu, le poison d’un terrible serpent, l’assassin ou la foudre, | :Plus que le feu, le poison d’un terrible serpent, l’assassin ou la foudre, | ||
Les sages craindront le déclin des enseignements profonds. | :Les sages craindront le déclin des enseignements profonds. | ||
Le feu, le serpent, l’ennemi et la foudre ne font que prendre la vie ; | :Le feu, le serpent, l’ennemi et la foudre ne font que prendre la vie ; | ||
Ils ne conduisent pas dans l’effroyable destinée | :Ils ne conduisent pas dans l’effroyable destinée | ||
des Tourments Insurpassables. (V, 23) | :des Tourments Insurpassables. (V, 23) | ||
L’individu qui, influencé par ses fréquentations malsaines, | :L’individu qui, influencé par ses fréquentations malsaines, | ||
a eu de mauvaises pensées à l’endroit du Bouddha, | :a eu de mauvaises pensées à l’endroit du Bouddha, | ||
A commis l’inadmissible en tuant son père, sa mère ou un arhat, | :A commis l’inadmissible en tuant son père, sa mère ou un arhat, | ||
et qui crée un schisme dans l’assemblée suprême, | :et qui crée un schisme dans l’assemblée suprême, | ||
Celui-là aussi s’affranchira vite de ces [crimes] | :Celui-là aussi s’affranchira vite de ces [crimes] | ||
dès lors qu’il réfléchira vraiment à l’essence du réel. | :dès lors qu’il réfléchira vraiment à l’essence du réel. | ||
Mais comment se libérera celui qui hait le Dharma ? (V, 24) | :Mais comment se libérera celui qui hait le Dharma ? (V, 24) | ||
Par les vertus que j’ai acquises en expliquant correctement | :Par les vertus que j’ai acquises en expliquant correctement | ||
les sept points du présent traité – | :les sept points du présent traité – | ||
Les Trois Joyaux, l’Élément purifié, l’Éveil immaculé, | :Les Trois Joyaux, l’Élément purifié, l’Éveil immaculé, | ||
les qualités et les activités éveillées –, | :les qualités et les activités éveillées –, | ||
Puissent les êtres voir le sage Amitāyus, détenteur de l’infinie lumière, | :Puissent les êtres voir le sage Amitāyus, détenteur de l’infinie lumière, | ||
Et, l’ayant vu, atteindre l’Éveil suprême | :Et, l’ayant vu, atteindre l’Éveil suprême | ||
grâce à la pureté de l’œil du Dharma ! (V, 25) | :grâce à la pureté de l’œil du Dharma ! (V, 25) | ||
Quatre strophes expliquent | :Quatre strophes expliquent | ||
Sur quelle base, pour quelles raisons, | :Sur quelle base, pour quelles raisons, | ||
Sur quel mode a lieu l’explication, | :Sur quel mode a lieu l’explication, | ||
Ce qui en est l’objet et ce qui lui correspond. (V, 26) | :Ce qui en est l’objet et ce qui lui correspond. (V, 26) | ||
Deux strophes enseignent les moyens | :Deux strophes enseignent les moyens | ||
De se purifier soi-même. Une strophe | :De se purifier soi-même. Une strophe | ||
Donne les causes du déclin, dont les effets | :Donne les causes du déclin, dont les effets | ||
Occupent les deux strophes suivantes. (V, 27) | :Occupent les deux strophes suivantes. (V, 27) | ||
L’expression résumée des qualités de patience | :L’expression résumée des qualités de patience | ||
Dans le maṇḍala de l’entourage et de l’obtention | :Dans le maṇḍala de l’entourage et de l’obtention | ||
De l’Éveil, qui sont les deux aspects du fruit, | :De l’Éveil, qui sont les deux aspects du fruit, | ||
Font l’objet de la dernière [strophe]. (V, 28) | :Font l’objet de la dernière [strophe]. (V, 28) | ||
Ici prend fin le cinquième chapitre, « Les bienfaits », du Traité de la | :Ici prend fin le cinquième chapitre, « Les bienfaits », du Traité de la | ||
Continuité suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation spirituelle des | :Continuité suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation spirituelle des | ||
Trois Joyaux. | :Trois Joyaux. | ||
Colophon | :Colophon | ||
Traduit par le paṇḍita et grand érudit Sajjana, petit-fils du brahmane | :Traduit par le paṇḍita et grand érudit Sajjana, petit-fils du brahmane | ||
Ratnavajra, grand érudit de la cité d’Anupamapura, et par le traducteur et | :Ratnavajra, grand érudit de la cité d’Anupamapura, et par le traducteur et | ||
moine bouddhiste Lodèn Shérab, dans l’Incomparable Cité. | :moine bouddhiste Lodèn Shérab, dans l’Incomparable Cité. | ||
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Revision as of 17:08, 7 February 2020
Translated by Christian Charrier and Patrick Carré. Plazac: Éditions Padmakara, 2019.
Traité de la Continuité suprême du Grand Véhicule
- En sanskrit : Mahāyāna-uttara-tantra-śāstra.
- En tibétain : Theg pa chen po’i rgyud bla ma’i bstan bcos.
- En français : Traité de la Continuité suprême du Grand Véhicule.
- Hommage à tous les bouddhas et les bodhisattvas !
- LE BOUDDHA, le Dharma, la Communauté, l’Élément, l’Éveil,
- Les qualités et, enfin, les activités éveillées
- Le corps du traité tout entier se ramène
- À ces sept points de vajra. (I, 1)
- On connaîtra ces sept points selon leurs caractéristiques propres
- Et dans le même ordre. Les trois premiers viennent
- De l’introduction du Soûtra du Roi Dhāraṇīśvara
- Et les quatre derniers de la classification
- des qualités des Vainqueurs et des sages. (I, 2)
- Du Bouddha vient le Dharma et du Dharma
- la Communauté des êtres sublimes.
- De la Communauté vient l’obtention de la quintessence,
- l’Élément de la sagesse primordiale.
- Enfin, l’obtention de cette sagesse est l’Éveil suprême doté des forces
- Et des autres qualités utiles au bien de tous les êtres. (I, 3)
- À celui qui, de lui-même, s’est éveillé à la paisible bouddhéité
- dépourvue de commencement, de milieu et de fin,
- Qui, pleinement éveillé, montre la voie indestructible et éternelle
- pour que les non-réalisés se réalisent,
- Qui brandit le vajra suprême, l’épée de la sagesse et de la compassion,
- et tranche les pousses de la souffrance.
- À lui qui abat le mur des doutes cerné par la jungle des vues,
- je rends hommage. (I, 4)
- La bouddhéité est inconditionnée, spontanée,
- Réalisée sans conditions étrangères,
- Pourvue de sagesse, de compassion et de puissance,
- Ainsi que des deux bienfaits. (I, 5)
- Comme par nature elle n’a ni commencement,
- Ni milieu, ni fin, elle est incomposée.
- Douée de la paix du corps absolu,
- On la dit spontanée. (I, 6)
- Sa réalisation ne dépend pas de conditions étrangères
- Car chacun la réalise par soi-même.
- En raison de ces trois réalisations, elle est sagesse ;
- Comme elle montre la voie, elle est compassion. (I, 7)
- Elle est puissance parce que la sagesse et la compassion
- Éliminent les souffrances et les affections.
- Les trois premières qualités représentent le bien propre,
- Et les trois dernières le bien d’autrui. (I, 8)
- À ce qui n’est ni inexistant, ni existant, ni existant et inexistant,
- ni autre qu’existant et inexistant,
- Qui est impossible à analyser, indéfinissable,
- connu par l’expérience personnelle, en paix,
- Immaculé, rayonnant de la lumière de la sagesse primordiale,
- Et qui, pour tout objet perçu, détruit l’attachement,
- l’aversion et la taie [de l’ignorance]
- Au soleil du vrai Dharma, je rends hommage. (I. 9)
- Inconcevable, libre de deux [voiles] et de la pensée,
- Le Dharma est pureté, clarté et antidote.
- Libre de l’attachement dont il délivre,
- Il a pour caractéristiques les deux vérités. (I, 10)
- La libération de l’attachement se ramène
- Aux vérités de la cessation et de la voie.
- On saura que dans cet ordre
- Chacune possède trois qualités. (I, 11)
- Non analysable, inexprimable,
- Connu des [seuls] êtres sublimes, il est inconcevable.
- Paix, il est libre des deux [voiles] et de la pensée ;
- Sa pureté et ses deux autres qualités l’assimilent au soleil. (I, 12)
- Comme l’esprit est par nature luminosité, ils voient
- que les affections n’ont pas d’essence,
- Si bien qu’ils réalisent correctement la paix,
- l’inexistence ultime du soi de tous les êtres.
- À ceux qui voient la présence en tous de la bouddhéité parfaite
- car ils ont une intelligence libre de voiles ;
- À ceux dont la vision de sagesse a pour objet
- la pureté et l’infinité des êtres, je rends hommage. (I, 13)
- Comme le regard de leur sagesse intérieure
- Sur l’essence des choses et leur diversité est pur,
- L’assemblée des sages qui ne régressent plus
- Possède d’insurpassables qualités. (I, 14)
- Avec la réalisation de la vraie nature
- Paisible des êtres, ils [connaissent] l’essence des choses.
- La nature [de l’esprit] étant totalement pure,
- Les affections y sont épuisées dès l’origine. (I, 15)
- Avec l’intelligence qui réalise l’état ultime des phénomènes,
- [Ils connaissent] la diversité parce qu’ils voient
- L’omnisciente essence du réel
- Présente en tous les êtres. (I, 16)
- Cette réalisation est la vision
- Que chacun connaît par soi-même.
- Elle est pure parce que, dans l’immensité immaculée,
- Il n’y a pas d’attachement ni d’obstacles (I, 17)
- Comme leur vision de sagesse est pure
- Et [proche de] l’insurpassable sagesse des bouddhas,
- Les êtres sublimes qui ne régressent plus
- Sont des refuges pour tous les êtres vivants. (I, 18)
- On a instauré le triple refuge en considération
- Du maître, de l’enseignement et des disciples,
- Du point de vue des adeptes des trois véhicules
- Et des aspirations aux trois activités. (I, 19)
- Ni le Dharma sous ses deux aspects ni la sublime assemblée
- Ne sont de suprêmes refuges promis à durer.
- L’un parce qu’il faudra le laisser derrière soi,
- parce qu’il est trompeur et qu’il n’existe pas ;
- Et l’autre parce qu’on y trouve encore de la peur. (I, 20)
- Au sens le plus sacré, les êtres
- N’ont qu’un seul refuge : le Bouddha,
- Car le Sage a pour corps le Dharma
- Et qu’il est le but ultime de la Communauté. (I, 21)
- Les « Joyaux » sont ainsi nommés
- Pour leur rareté, leur pureté et leurs pouvoirs,
- Parce qu’ils sont les ornements du monde
- Et parce qu’ils sont suprêmes et immuables. (I, 22)
- De l’ainsité avec et sans souillures,
- Des qualités immaculées des bouddhas
- et de leurs activités de Vainqueurs
- Émergent les Trois Joyaux de vertu,
- L’objet même de ceux qui voient la vérité absolue. (I, 23)
- La filiation spirituelle des Trois Joyaux
- Est l’objet de ceux qui voient tout.
- Les quatre points sont inconcevables
- Pour quatre raisons. Respectivement : (I, 24)
- Parce que [l’Élément] est pur mais encore associé aux affections ;
- Parce que [l’Éveil] est dépourvu de souillures et pourtant purifié ;
- Parce que les qualités ne sont pas séparées [de l’essence du réel] ;
- Et parce que les [activités] spontanées ne recourent pas à la pensée. (I, 25)
- L’objet de la réalisation, la réalisation,
- Ses attributs et ce qui amène à la réalisation
- De ces quatre points, le premier est la cause
- De la purification et les trois autres ses conditions. (I, 26)
I - LA QUINTESSENCE DES TATHĀGATAS
- Comme le corps des parfaits bouddhas rayonne,
- Que l’ainsité est indifférenciée,
- Et que la filiation spirituelle existe,
- Tous les êtres sont toujours porteurs de la quintessence des bouddhas. (I, 27)
- Comme la sagesse des bouddhas imprègne la multitude des êtres,
- Que sa nature immaculée est non duelle
- Et que la filiation spirituelle des bouddhas est une métaphore du fruit,
- Il est enseigné que tous les êtres sont porteurs
- de la quintessence des bouddhas. (I, 28)
- L’essence, la cause, le fruit, la fonction,
- La dotation, la manifestation, les états et l’omniprésence,
- L’immutabilité perpétuelle et les indissociables qualités
- Voilà les points qui permettent de comprendre la dimension absolue. (I, 29)
- Pure comme un joyau, comme l’espace ou comme l’eau,
- Sa nature demeure à jamais libre des affections.
- Elle émerge de l’aspiration au Dharma, de la connaissance supérieure,
- Du recueillement et de la compassion. (I, 30)
- Comme elle est puissante, immuable,
- Et de nature humide,
- Elle est analogue
- Au précieux joyau, à l’espace et à l’eau. (I, 31)
- L’aversion pour le Dharma et la vue du soi,
- La peur des souffrances du saṃsāra
- Et l’indifférence au bien des êtres
- Sont respectivement les voiles des hédonistes,
- Des hétérodoxes, des auditeurs et des [bouddhas] nés d’eux-mêmes.
- L’aspiration supérieure et les trois autres qualités
- Sont alors les causes de leur purification. (I, 32-33)
- Ceux qui ont eu pour graine l’aspiration au véhicule suprême,
- Pour mère la connaissance qui produit les qualités des bouddhas,
- Pour matrice la félicité de la concentration,
- et pour nourrice la compassion,
- Ceux-là sont assurément les enfants et les successeurs des Sages. (I, 34)
- Le fruit est la perfection transcendante des qualités
- De pureté, de soi, de félicité et de permanence.
- Il a pour fonction le dégoût de la souffrance,
- L’aspiration à la paix et le vœu de l’atteindre. (I, 35)
- En résumé, le fruit de ces [quatre causes]
- Consiste en ces antidotes qui s’opposent
- Aux quatre types de méprises
- Relatives au corps absolu. (I, 36)
- [Le corps absolu] est pureté parce qu’il est pur par nature
- Et qu’il n’a plus d’imprégnations karmiques.
- Il est le vrai soi parce que les élaborations
- Du soi et du sans-soi y sont apaisées. (I, 37)
- Il est félicité parce qu’il a renoncé aux agrégats
- De nature mentale et à leurs causes.
- Il est permanence parce qu’il réalise
- L’égalité du saṃsāra et du nirvāṇa. (I, 38)
- Les compatissants ont coupé sans reste la soif du soi
- avec la connaissance transcendante ;
- Et comme ils ont soif des êtres vivants, ils ne consomment pas la paix.
- Avec l’intelligence et la compassion pour méthodes d’Éveil,
- Les êtres sublimes ne se tiennent ni dans le saṃsāra ni dans le nirvāṇa.
- (I, 39)
- Si nous n’avions pas d’élément de bouddha,
- Nous ne nous lasserions pas de souffrir
- Et ne voudrions pas d’un nirvāṇa
- Qui ne nous inspirerait ni intérêt ni désir. (I, 40)
- Le fait de voir que le saṃsāra a pour défaut la souffrance
- Et que le nirvāṇa a pour qualité le bonheur
- Est dû à la présence de la filiation spirituelle –
- Ce n’est pas le cas chez ceux qui en sont dépourvus. (I, 41)
- Source inépuisable de joyaux aux qualités infinies,
- [L’Élément] ressemble au Grand Océan.
- On le compare aussi à une lampe car, en essence,
- Il possède d’indissociables qualités. (I, 42)
- Comme [cet Élément] inclut les domaines du corps absolu,
- De la sagesse des Vainqueurs et de la compassion,
- L’enseignement le compare à l’Océan
- Sous le rapport du réceptacle, des joyaux et de l’eau. (I, 43)
- Dans la base immaculée, les connaissances extraordinaires,
- La sagesse primordiale et l’absence de souillures
- sont indissociables de l’ainsité.
- Voilà autant de qualités qui correspondent à celles d’une lampe –
- La lumière, la chaleur et les couleurs. (I, 44)
- Comme l’ainsité se manifeste différemment
- Chez les êtres ordinaires, les êtres sublimes
- Et les parfaits bouddhas, Celui qui voit le réel
- Montre aux êtres leur essence de Vainqueurs. (I, 45)
- Les êtres ordinaires sont dans l’erreur ;
- Ceux qui voient les vérités s’en détournent ;
- Et les tathāgatas sont tels quels,
- Dégagés de l’erreur et des élaborations conceptuelles. (I, 46)
- Les [états] impur, impur et pur, et très pur
- Sont respectivement appelés
- « Être ordinaire », « bodhisattva »,
- Et « tathāgata ». (I, 47)
- On ramène l’Élément à son essence
- Et aux cinq autres points
- Pour l’enseigner en fonction
- Des trois états et de leurs trois noms. (I, 48)
- De même que l’espace qui a pour essence
- De ne pas penser se répand en tout lieu,
- De même, la nature de l’esprit est omniprésente
- Comme l’immensité immaculée. (I, 49)
- Ce caractère général imprègne
- Les défauts, les qualités et l’ultime,
- À l’image de l’espace [qui pénètre] toute forme
- Inférieure, moyenne ou supérieure. (I, 50)
- Vu le caractère adventice de ses défauts
- Et le caractère naturel de ses qualités,
- Telle elle était, telle elle sera
- L’essence du réel est immuable. (I, 51)
- De même que, du fait de sa subtilité,
- Rien ne peut souiller l’espace omniprésent,
- Rien ne peut souiller cette présence
- En tous et en chaque être. (I, 52)
- De même que tous les mondes
- Naissent et meurent dans l’espace,
- De même les facultés des sens naissent
- Et meurent dans l’immensité inconditionnée. (I, 53)
- Tout comme, jusqu’à ce jour,
- Aucun feu n’a jamais consumé l’espace,
- Cette [essence] ne se consume pas aux feux
- De la mort, de la maladie et de la vieillesse. (I, 54)
- La terre s’étend sur l’eau et l’eau sur le vent ;
- Le vent [s’étend] dans l’espace, mais l’espace
- Ne repose pas sur les éléments vent
- Ou eau, ni sur l’élément terre. (I, 55)
- Les agrégats, les domaines et les sens
- Reposent sur les actes et les affections ;
- Les actes et les affections reposent
- Toujours sur les activités erronées du mental. (I, 56)
- Les activités erronées du mental reposent
- Elles-mêmes sur la pureté de l’esprit,
- Mais la nature de l’esprit
- Ne repose sur aucun de ces phénomènes. (I, 57)
- Sachez que les agrégats, les domaines et les sources
- Sont semblables à l’élément terre.
- Sachez aussi que les actes et les affections des êtres
- Évoquent l’élément eau. (I, 58)
- Considérez les activités erronées du mental
- Comme l’élément vent. Quant à la nature
- [De l’esprit], elle n’a pas de fondement
- Et ne repose sur rien, comme l’élément espace. (I, 59)
- Les activités erronées du mental
- Reposent sur la nature de l’esprit ;
- Des activités erronées du mental
- Procèdent les actes et les affections. (I, 60)
- De l’eau des actes et des affections
- Émergent les agrégats, les domaines et les sources
- Qui apparaissent et disparaissent comme
- [Les mondes] qui naissent et se détruisent. (I, 61)
- Pareille au domaine de l’espace, la nature
- De l’esprit n’a ni cause ni condition
- Et n’est pas une combinaison ; elle n’a pas non plus
- De naissance, de cessation et de durée. (I, 62)
- La nature de l’esprit, qui est luminosité,
- Est immuable comme l’espace.
- Nées d’idées fausses, les souillures adventices
- Comme l’attachement ne l’affecteront jamais. (I, 63)
- L’eau des affections et des actes
- Ne saurait la produire, guère plus
- Que ne sauraient la consumer les feux insupportables
- De la maladie, de la vieillesse et de la mort. (I, 64)
- Les feux de la mort, de la maladie
- Et de la vieillesse sont respectivement
- Comparables au feu de la fin des temps,
- Au feu des enfers et au feu ordinaire. (I, 65)
- Les sages [bodhisattvas] qui ont correctement réalisé
- la nature [de l’Élément]
- Sont libres de la naissance, de la mort, de la maladie et de la vieillesse.
- Or, même libres de toute adversité, et en raison de cela même,
- Ils manifestent la naissance et le reste par compassion pour les êtres. (I, 66)
- Les sublimes [bodhisattvas] ont dissipé les souffrances
- De la mort, de la maladie et de la vieillesse.
- La naissance dérivant des affections et des actes
- N’est plus et ses suites ne seront point. (I, 67)
- Comme ils voient tel quel et correctement,
- Ils dépassent la naissance et ses suites,
- Mais comme ils incarnent la compassion,
- Ils se montrent naissants, malades, vieux et morts. (I, 68)
- Les enfants des Vainqueurs ont réalisé l’immuable essence du réel,
- Mais ceux que l’ignorance aveugle
- Les voient [toujours] naître, vieillir, tomber malades et mourir
- N’y a-t-il pas là quelque étonnante merveille ? (I, 69)
- Ils ont atteint la sphère des êtres sublimes
- Mais se montrent dans la sphère des êtres puérils.
- C’est bien pourquoi les méthodes et la compassion
- De ces amis des êtres sont suprêmes. (I, 70)
- Ils ont dépassé tous les mondes
- Mais ne quittent pas le monde ;
- Ils œuvrent pour le monde dans le monde
- Sans que les impuretés du monde les souillent. (I, 71)
- De même que le lotus qui naît dans l’eau
- N’est pas souillé par l’eau,
- De même naissent-ils dans le monde
- Sans que les choses du monde les souillent. (I, 72)
- Pour accomplir leur tâche, leur intelligence
- Brûle comme un feu qui brûle constamment,
- Mais ils restent constamment absorbés
- Dans la paix de la concentration. (I, 73)
- Sur l’élan de leurs efforts antérieurs
- Et affranchis de toute pensée,
- Ils font mûrir les êtres
- Sans exercer le moindre effort. (I, 74)
- Ils savent précisément qui aider,
- Comment et par quels moyens,
- Que ce soit avec des enseignements, des corps formels,
- Des actes altruistes ou certains comportements. (I, 75)
- Ainsi, dans les mondes infinis comme l’espace,
- Ces êtres intelligents s’engagent toujours correctement
- À accomplir le bien des êtres de façon spontanée
- Sans jamais rencontrer d’obstacles. (I, 76)
- Les êtres ordinaires ne voient pas de différence
- Entre la façon de libérer les êtres
- Propre aux tathāgatas et celle
- Des bodhisattvas en post-méditation. (I, 77)
- Et pourtant, il y a la même différence
- Entre les bodhisattvas et les bouddhas
- Qu’entre une poussière et la terre toute entière
- Ou entre l’eau d’une empreinte de sabot et l’océan. (I, 78)
- [Le corps absolu] est immuable puisqu’il possède
- d’inépuisables qualités ;
- C’est un refuge pour les êtres puisqu’il persiste sans limite future ;
- Il est toujours non duel puisqu’il ne pense pas ;
- Et c’est aussi une réalité indestructible puisque sa nature est incréée.
- (I, 79)
- Il ne naît pas, ne meurt pas,
- Ne souffre pas, ne vieillit pas,
- Parce qu’il est permanent, stable,
- Paisible et éternel. (I, 80)
- Il ne naît pas dans un corps de nature mentale
- Puisqu’il est permanent ;
- Il ne meurt pas d’une mort aux inconcevables métamorphoses
- Puisqu’il est stable ; (I, 81)
- Il ne souffre pas des maux résultant des imprégnations subtiles
- Puisqu’il est paisible ;
- Il ne vieillit pas sous l’effet des formations non contaminées
- Puisqu’il est éternel. (I, 82)
- En associant les vers correspondants
- Des strophes précédentes, on connaîtra le sens
- De la permanence, de la stabilité, de la paix et de l’éternité
- De l’immensité inconditionnée. (I, 83)
- La permanence, c’est l’immutabilité,
- Puisque [le corps absolu] possède d’inépuisables qualités.
- La stabilité, c’est une nature de refuge,
- Puisqu’il a la même limite [que le saṃsāra]. (I, 84)
- La paix, c’est la non duelle essence du réel,
- Puisqu’il a pour nature de ne pas penser.
- L’éternité, c’est l’indestructibilité,
- Puisqu’il n’a pas de qualités artificielles. (I, 85)
- Voici le corps absolu, le tathāgata,
- Les vérités des êtres sublimes et l’absolu nirvāṇa.
- Inséparable de ses qualités comme le soleil de ses rayons,
- Il n’est de nirvāṇa que la bouddhéité. (I, 86)
- En bref, sachez que comme on peut approcher le sens
- De l’immensité non contaminée sous quatre angles,
- Le « corps absolu » et les trois autres termes ci-dessus
- Sont de simples synonymes. (I, 87)
- [L’immensité non contaminée], c’est la bouddhéité
- indissociable de ses qualités,
- La filiation obtenue telle quelle,
- L’essence du réel qui ne ment ni ne trompe
- Et la paix naturelle des origines. (I, 88)
- Éveil manifeste et parfait à toutes choses
- Et élimination des souillures avec leurs imprégnations –
- Le bouddha et le nirvāṇa
- Au sens sacré ne sont pas deux. (I, 89)
- La libération a pour caractéristique
- D’être inséparable de ses qualités – complètes,
- Innombrables, inconcevables et immaculées.
- Cette libération est le tathāgata. (I, 90)
- Imaginez des peintres aux talents différents
- Qui ne savent représenter de parties du corps
- que celles qu’ils connaissent.
- Le maître du royaume leur offre une toile
- « Travaillez ensemble, dit-il, et faites mon portrait ! »
- À cet ordre, ils se mettent à l’ouvrage mais l’un d’eux
- Doit soudain se rendre à l’étranger.
- Celui-là disparu, il sera impossible d’achever le tableau
- dans toutes ses parties.
- Fin de la parabole. (I, 91-94)
- Qui sont ces peintres ? La générosité
- La discipline, la patience et les autres vertus.
- [Le portrait] est une forme donnée
- À la vacuité en tout suprême. (I, 95)
- La connaissance, la sagesse et la libération
- Éclairent, rayonnent et purifient
- Sans se séparer [du corps absolu] ;
- On les compare à la lumière du soleil, à ses rayons et à son orbe. (I, 96)
- Par conséquent, on n’atteint pas le nirvāṇa
- Sans atteindre la bouddhéité,
- De même qu’on ne peut voir le soleil
- Sans sa lumière et ses rayons. (I, 97)
- Voilà donc les dix points qui définissent
- La quintessence des Vainqueurs.
- Il s’impose maintenant d’en reconnaître la présence
- Dans l’enveloppe des affections en s’aidant de comparaisons. (I, 98)
- Comme un bouddha dans un lotus flétri, le miel au milieu des abeilles,
- Le grain dans la balle, l’or dans les immondices,
- Un trésor enterré, le germe [d’un grand arbre né] d’un petit fruit,
- Une statue de bouddha dans des haillons, (I, 99)
- Un maître des hommes dans le ventre d’une pauvresse,
- Ou encore comme une précieuse image dans l’argile [du moule]
- Cet Élément ainsi présent dans les êtres est voilé
- Par les souillures adventices des affections. (I, 100)
- Le lotus, les insectes, la balle du grain, les immondices,
- la terre, le fruit et les haillons,
- De même que la femme tourmentée par les flammes
- de la souffrance et l’argile, représentent les souillures,
- Tandis que le bouddha, le miel, le grain, l’or,
- le trésor, le banian, l’image,
- Le maître suprême des continents et la statue en or
- représentent l’Élément sublime et immaculé. (I, 101)
- Dans un lotus aux couleurs défraîchies se trouve
- Un tathāgata rayonnant de mille marques.
- Un homme qui a purifié l’œil divin le voit
- Et l’extrait de la corolle fanée du lotus. (I, 102)
- De même, avec son œil de bouddha, le Bien-Allé voit aussi
- Sa propre nature chez les êtres de l’enfer des Tourments Insurpassables.
- Compassion incarnée, libre des voiles,
- il restera jusqu’à la fin des temps
- Pour libérer les êtres des voiles qui les obscurcissent. (I, 103)
- L’œil divin qui voit un bouddha enfermé dans un lotus immonde
- Arrache les pétales de la fleur.
- De même, le sage qui voit dans chaque être la quintessence
- des parfaits bouddhas enfermée dans les souillures
- de l’attachement, de la haine et des autres poisons
- Élimine ces voiles par compassion. (I, 104)
- Voyant que le miel qu’il convoite
- Est cerné par les abeilles,
- L’homme ingénieux exercera son habileté
- En détachant le miel des insectes. (I, 105)
- Le grand ermite, qui voit d’un œil omniscient
- L’Élément de connaissance comparable au miel,
- N’a de cesse que d’éliminer à jamais
- Les voiles ici comparés à des abeilles. (I, 106)
- L’homme qui convoite le miel caché sous des abeilles par millions
- Disperse les insectes et dispose du miel à sa guise.
- De même, la connaissance non contaminée présente en chaque être
- est comparable au miel ;
- Les affections aux abeilles ; et le Vainqueur habile à les détruire
- à cet homme. (I, 107)
- Le grain dans la balle n’est pas
- Utilisable par l’homme.
- Pour s’en nourrir il faut
- L’extraire de la balle. (I, 108)
- De même, tant que le Vainqueur présent en chaque être,
- Mêlé cependant à la souillure des affections,
- N’aura pas été libéré de cette promiscuité
- avec la souillure des affections,
- Les Vainqueurs n’exerceront leurs activités
- dans aucun des trois mondes. (I, 109)
- De même que les grains de riz, de blé noir ou d’orge
- encore dans la balle, et avec leurs barbes,
- Ne peuvent rien donner de bon à manger
- s’ils ne sont pas bien préparés,
- Le seigneur des qualités, présent en chaque être,
- emprisonné toutefois dans la gangue des affections,
- Ne peut offrir la saveur des plaisirs du Dharma à des êtres
- tenaillés par la faim des affections. (I, 110)
- Un voyageur laissa tomber
- Son or dans les immondices
- Mais, en raison de sa nature inaltérable,
- L’or resta intact pendant des siècles, (I, 111)
- Jusqu’à ce qu’un dieu à l’œil pur
- L’aperçoive et dise à un être humain
- « Il y a ici de l’or, le plus précieux des joyaux.
- Purifiez-le et faites-en tout ce que l’on fait avec les précieux joyaux ! »
- (I, 112)
- De même, voyant la qualité des êtres enfouie
- Dans les immondices des affections,
- Le sage fait sur tous les êtres tomber les pluies
- Du vrai Dharma pour les laver de la boue des affections. (I, 113)
- Le dieu qui a décelé l’or tombé dans les immondices
- en montre avec insistance
- La sublime beauté à un être humain pour qu’il le nettoie parfaitement.
- De même, voyant en chaque être le joyau de la bouddhéité parfaite
- tombé dans les grandes immondices des affections,
- Le Vainqueur enseigne le Dharma aux êtres
- pour qu’ils purifient cette [quintessence]. (I, 114)
- Sous la maison d’un pauvre
- Est enfoui un trésor inépuisable.
- Le pauvre homme l’ignore et le trésor
- Ne lui dit pas où il se trouve. (I, 115)
- De même, l’esprit recèle le précieux trésor immaculé
- De l’essence du réel sans ajout ni retrait.
- Ne l’ayant pas compris, les êtres subissent constamment
- Les souffrances de la pauvreté sous maintes formes. (I, 116)
- Le trésor enfoui sous la maison du pauvre ne peut pas
- Lui dire sa présence – que le malheureux continue d’ignorer.
- De même, le trésor du réel se cache dans la maison de l’esprit des êtres
- comme chez le pauvre homme,
- Et c’est bien pour qu’ils le trouvent
- que de vrais sages viennent au monde. (I, 117)
- Le noyau que l’on trouve dans la mangue et d’autres fruits,
- A l’inaliénable propriété de germer. Une terre labourée,
- De l’eau et d’autres [conditions] concourent alors
- À la formation graduelle de la substance du roi des arbres. (I, 118)
- Enfoncée sous la peau du fruit que constituent l’ignorance
- et les autres [émotions] qui affectent les êtres,
- Il y a aussi l’immensité vertueuse de l’Élément du réel.
- De même, avec le concours de telle et telle vertu,
- Cet Élément devient peu à peu la substance du roi des sages. (I, 119)
- L’eau, la lumière du soleil, le vent, la terre, le temps et l’espace
- sont autant de conditions
- Qui, sous la peau des fruits du palmier ou du manguier,
- coopèrent à la naissance d’un grand arbre.
- De même, sous la peau du fruit des émotions qui affectent les êtres,
- loge la graine de la bouddhéité parfaite
- Différentes conditions vertueuses permettront de voir
- le germe du Dharma pendant qu’il croît. (I, 120)
- Imaginez une statue du bouddha en matières précieuses
- Enveloppée dans de puantes guenilles.
- Un dieu qui l’a vue abandonnée sur la route
- En avertit les passants pour qu’ils la libèrent. (I, 121)
- De même, celui dont rien ne bloque la vision et qui voit,
- Chez les animaux aussi, la substance d’un bouddha
- Enveloppée dans toute la variété des affections,
- Montrera les moyens de l’en délivrer. (I, 122)
- Le dieu qui, de son œil divin, aperçoit sur la route
- une statue du Bouddha toute en matières précieuses
- enveloppée dans de puants haillons
- La montre aux passants pour qu’ils l’en délivrent.
- De même, lorsqu’il voit sur les chemins du saṃsāra,
- jusques et y compris chez les animaux,
- l’Élément enfoui sous les guenilles des affections,
- Le Vainqueur enseigne le Dharma pour le libérer. (I, 123)
- Imaginez une femme sans beauté ni protecteur
- Qui vit dans un asile pour les déshérités.
- Même enceinte de la gloire d’un souverain,
- Elle ignore que son sein abrite le maître des hommes. (I, 124)
- L’asile pour les déshérités est une image
- de la naissance dans le saṃsāra
- Et la femme enceinte figure les êtres qui ne se sont pas purifiés.
- Ce qui est présent en elle assure sa protection ;
- Quant à l’Élément immaculé, il est comparable
- [au monarque] qu’elle porte en son sein. (I, 125)
- La femme laide dans ses vêtements sales
- a beau porter un monarque en son sein,
- Elle n’en subit pas moins les pires souffrances
- dans un asile pour les déshérités.
- De même, les êtres qui, sous l’emprise des affections,
- n’ont pas l’esprit en paix
- Restent sur le terrain de la souffrance et se sentent abandonnés
- malgré le protecteur qu’ils portent en eux. (I, 126)
- La statue coulée dans l’or qui refroidit dans [son moule]
- Présente, du dehors, une nature argileuse.
- Ce que voyant, les êtres avertis enlèveront l’enveloppe extérieure
- Pour nettoyer la [statue en] or qui se trouve à l’intérieur. (I, 127)
- De même, voyant parfaitement que les souillures
- De nature lumineuse sont fortuites,
- [Ceux qui ont atteint] l’Éveil suprême lavent de leurs voiles
- Les êtres comparables à des mines de joyaux. (I, 128)
- Au fait de la vraie nature de la forme en or, brillante et pure,
- Confinée dans l’argile refroidie, l’orfèvre l’en dégage.
- De même, les omniscients, qui connaissent l’or pur de l’esprit apaisé,
- Enseignent-ils le Dharma pour faire disparaître les voiles
- en frappant « là où il faut ». (I, 129)
- Dans un lotus fané, parmi les abeilles,
- Dans la balle du grain, dans les immondices, dans la terre,
- Sous la peau du fruit, sous les guenilles, dans la matrice
- D’une pauvresse et dans un moule en glaise, (I, 130)
- Comparable à un bouddha, au miel, au grain,
- De même qu’à l’or, à un trésor, à un grand arbre,
- Une précieuse image, un monarque universel
- Et une statue en or, (I, 131)
- L’Élément des êtres, dit-on, n’a rien de commun
- Avec l’enveloppe des affections.
- La pureté naturelle de l’esprit
- Est telle depuis l’absence de commencement. (I, 132)
- L’attachement, l’aversion et la confusion,
- Ainsi que leur vive émergence et leurs imprégnations,
- De même que les souillures éliminées
- sur les voies de vision et de méditation,
- Ou encore sur les terre impures et les terres pures : (I, 133)
- Voilà neuf groupes [de souillures] qu’illustrent
- Le lotus fané et les autres comparaisons,
- Mais les enveloppes des affections secondaires
- Présentent des millions et des millions de subdivisions. (I, 134)
- L’attachement et les huit autres souillures
- Sont disposés ci-dessus de façon à correspondre,
- Dans le même ordre, au lotus fané
- Et aux huit autres comparaisons. (I, 135)
- Les êtres puérils sont entachés par quatre
- De ces souillures ; les arhats par une,
- Les disciples [sur les voies avec apprentissage] par deux ;
- Et les sages [bodhisattvas] par deux souillures aussi. (I, 136)
- Devant un lotus, fleur née de la boue,
- On se sent toujours heureux.
- Mais cette joie bientôt s’évanouit,
- Comme la joie née du désir décline aussi. (I, 137)
- De même que les abeilles
- Excitées jouent du dard,
- La colère en surgissant
- Arrache le cœur. (I, 138)
- De même que le grain de riz
- Est recouvert par la balle,
- La vision de la quintessence est bloquée
- Par la coquille de l’ignorance. (I, 139)
- De même que les immondices sont répugnantes,
- Immonde est l’émergence [des poisons],
- Car elle est la cause dont dépend le désir
- De ceux qui lui sont attachés. (I, 140)
- De même que les richesses bien cachées
- Sont d’introuvables trésors ignorés,
- La [sagesse] spontanée des êtres est voilée
- Par la terre des imprégnations de l’ignorance. (I, 141)
- La croissance progressive du germe
- Déchire le tégument de la graine.
- De même, la vision du réel supprime
- [Les souillures] qui sur cette voie s’éliminent. (I, 142)
- Une fois reliés à la voie des êtres sublimes,
- [Les arhats] ont vaincu l’essentiel – la croyance à l’individualité.
- Les objets que la sagesse primordiale élimine sur la voie de méditation
- Ressemblent, dit-on, à des guenilles ou des haillons. (I, 143)
- Les souillures présentes sur les sept terres [impures]
- Sont comparables aux souillures d’une matrice
- Et la sagesse non conceptuelle et parfaitement mûre
- À un [embryon] délivré de la matrice. (I, 144)
- Les souillures liées aux trois terres [pures]
- Sont comparables à des traces d’argile [sur une statue].
- Le recueillement Adamantin des grands êtres
- En aura raison. (I, 145)
- L’attachement et les huit autres souillures
- Sont donc comparables à un lotus fané et aux huit autres exemples.
- Ramené à sa triple nature, l’Élément
- Est comparable à un bouddha et ainsi de suite. (I, 146)
- Cette [triple] nature est le corps du Dharma,
- L’ainsité et la filiation que l’on reconnaîtra
- Successivement dans trois comparaisons,
- Puis dans une seule et enfin dans cinq. (I, 147)
- Le corps du Dharma présente deux aspects
- La très pure dimension absolue
- Et son analogue, les enseignements
- Du mode profond et du mode détaillé. (I, 148)
- Bien au-delà du monde,
- Rien ne lui ressemble dans le monde.
- Voilà montrée la similitude
- De l’Élément et du Tathāgata. (I, 149)
- Les enseignements du mode profond et subtil
- Évoquent le goût unique de tous les miels.
- Quant aux enseignements du mode détaillé,
- Ils ressemblent à tous ces grains dans leur balle. (I, 150)
- En raison de sa nature immuable,
- Vertueuse et parfaitement pure,
- L’ainsité est comparable
- À une forme en or. (I, 151)
- Sachez que, semblable au trésor et à l’arbre fruitier,
- La filiation spirituelle a deux aspects
- Présente sans commencement [en tant que] nature [de l’esprit]
- Et suprême [quand on l’a] correctement adoptée. (I, 152)
- On atteint les trois corps de la bouddhéité
- À partir de cette double filiation.
- Le premier corps, de la première ;
- Les deux suivants, de la seconde. (I, 153)
- Vous devriez savoir que la beauté du corps essentiel
- Est comparable à une précieuse image
- Parce que ce corps de nature incréée
- Et ses qualités forment un trésor de joyaux. (I, 154)
- Le corps de parfaite jouissance évoque un monarque universel
- Parce qu’il détient le grand royaume du vrai Dharma.
- Le corps d’apparition est alors comparé à une forme en or
- Parce qu’il a la nature des reflets. (I, 155)
- C’est la foi qui permet de réaliser
- L’absolu des [bouddhas] nés d’eux-mêmes.
- Qui n’a pas d’yeux ne peut voir
- L’éclat de l’orbe solaire. (I, 156)
- Ici, il n’y a rien à enlever
- Et rien à ajouter.
- Regardez réellement le réel !
- Quand vous le verrez, vous serez libres. (I, 157)
- L’Élément est vide des souillures adventices
- Qui ont pour caractère d’en être séparables.
- Il n’est pas vide de ses insurpassables qualités
- Qui ont pour caractère d’en être inséparables. (I, 158)
- Les Vainqueurs ont enseigné ici et là
- que tous les phénomènes sont vides
- Sous tous les aspects, comme des nuages, des rêves et des illusions.
- Or voici qu’ils déclarent que tous les êtres animés
- Ont une nature de bouddha : pourquoi ? (I, 159)
- Perdre courage et mépriser les êtres plus humbles que soi,
- Croire à ce qui n’est pas vrai, déprécier le vrai Dharma
- Et, enfin, être trop attaché à soi-même : voilà cinq défauts
- Que cet enseignement se propose d’éliminer chez ceux qu’ils affectent.
- (I, 160)
- La limite du réel se trouve toujours
- À l’écart des phénomènes conditionnés.
- Il est alors possible de comparer les affections,
- Les actes et leurs effets à des nuages, des rêves, des illusions. (I, 161)
- Les affections sont comparables à des nuages ;
- Les actes, à des expériences faites en rêve ;
- Et les agrégats, qui résultent des affections
- Et des actes, à des illusions et des apparitions. (I, 162)
- En plus des premiers exposés,
- La Continuité suprême enseigne
- La présence de l’Élément spirituel
- Pour éliminer les cinq défauts. (I, 163)
- Ainsi, l’esprit d’Éveil ne naîtra point
- Chez ceux qui, n’ayant pas entendu [cet enseignement],
- Se méprisent eux-mêmes
- Jusqu’à perdre courage. (I, 164)
- D’entre ceux qui ont produit l’esprit d’Éveil,
- Certains se disent supérieurs
- Et tiennent pour inférieurs
- Ceux que l’esprit d’Éveil n’a pas encore gagnés. (I, 165)
- La juste sagesse ne peut naître
- Chez ceux qui pensent de la sorte.
- Ceux-là croient ce qui n’est pas vrai
- Et le vrai n’a pas de sens pour eux. (I, 166)
- Artificiels et passagers, les défauts
- Des êtres ne sont pas réels.
- En vérité, les fautes n’ont pas de soi
- Et les qualités sont pures par nature. (I, 167)
- S’il croit à des défauts irréels
- Et sous-estime de réelles qualités,
- L’être intelligent n’acquerra pas la bienveillance
- Qui voit l’égalité d’autrui et de soi-même. (I, 168)
- Ainsi, quand on a entendu ce qui précède,
- on ne peut qu’être enthousiaste,
- Respecter les autres autant que notre Instructeur,
- Et accéder à la connaissance, à la sagesse et à la grande bienveillance.
- L’émergence de ces cinq qualités permet (I, 169)
- D’éliminer l’erreur [du découragement], de voir égal,
- De [réaliser] l’absence des défauts et la présence des qualités,
- Et de s’aimer soi-même autant que les autres,
- Grâce à quoi l’on atteindra bientôt l’état de bouddha. (I, 170)
- Ici prend fin le premier chapitre, « La Quintessence des tathāgatas », du
- Traité de la Continuité suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation
- spirituelle des Trois Joyaux.
II - L’ÉVEIL
- [L’Éveil] est pureté, obtention et séparation ;
- Bien propre, bien d’autrui, support,
- Profondeur, vastitude, magnanimité,
- Durée et essence. (II, 1)
- L’essence, la cause, le fruit,
- La fonction, la dotation, la manifestation,
- La permanence et l’inconcevabilité
- [Ces huit points] déterminent la bouddhéité. (II, 2)
- On l’appelle « luminosité naturelle » et elle évoque le soleil et le ciel.
- L’épaisse nuée des [voiles] adventices du connaissable
- et des affections la recouvrent
- [Mais elle reste] la bouddhéité permanente, stable et éternelle,
- dotée de toutes les qualités immaculées des bouddhas.
- On peut l’atteindre avec les deux sagesses qui discernent
- tous les phénomènes sans la moindre pensée. (II, 3)
- L’indivisible bouddhéité se distingue
- Pleinement par ses qualités pures,
- Comme si elle se dédoublait en soleil de la sagesse
- Et en ciel de l’élimination. (II, 4)
- Luminosité incomposée,
- Inséparable de ses manifestations,
- Elle est dotée de toutes les qualités des bouddhas,
- Plus nombreuses que les grains de sable du Gange. (II, 5)
- Comme ils n’existent pas par eux-mêmes,
- Qu’ils sont omniprésents et adventices,
- On compare les voiles émotionnel
- Et cognitif à des nuages. (II, 6)
- On affirme que la séparation d’avec les deux voiles
- A pour cause une double sagesse
- L’absence de pensée [de la méditation]
- Et la sagesse de la post-méditation. (II, 7)
- Comme un lac aux eaux limpides qui peu à peu se couvrent de lotus ;
- Comme la pleine lune qui s’échappe de la gueule de Rāhu ;
- Comme le soleil qui se dégage de la nue des affections
- [L’Éveil] rayonne de lumières en raison de ses qualités immaculées.
- (II, 8)
- Le Vainqueur est comparable au plus grand des sages, au miel,
- Au grain, à l’or précieux, à un trésor et à un grand arbre ;
- On le compare encore à une pure et précieuse image du Bouddha,
- À un maître de la terre et à une statue en or. (II, 9)
- Pour nous résumer, nous dirons que le fruit
- De la sagesse dépourvue de pensées,
- C’est la pureté du désir et des autres affections adventices,
- Laquelle est comparable au lac, [à la pleine lune] et au reste. (II, 10)
- Il est enseigné que le fruit de la sagesse primordiale
- Atteint pendant la post-méditation,
- C’est l’obtention définitive de l’état de bouddha
- Pourvu de tous les attributs suprêmes. (II, 11)
- [L’état de bouddha] est comparable à une étendue d’eau pure
- Où le sédiment du désir a déposé
- Et où l’eau de la concentration
- Baigne les disciples pareils à des lotus. (II, 12)
- Comme il a échappé à la colère de Rāhu,
- On le compare à la pleine lune immaculée
- Comblant les destinées de lumières
- Qui rayonnent de grande bienveillance et de grande compassion. (II, 13)
- La bouddhéité est comparable à un soleil immaculé
- Qui s’est libéré des nuages de l’ignorance
- Et, de ses radieuses lumières de sagesse,
- Disperse les ténèbres du monde. (II, 14)
- Comme ses qualités égalent le sans-égal,
- Qu’elle prodigue la saveur du vrai Dharma
- Et qu’elle est libre de l’enveloppe [des voiles]
- On compare [la bouddhéité] à un bouddha, au miel et à une graine.
- (II, 15)
- Comme elle est pure et riche de qualités
- Qui éliminent la pauvreté
- Et qu’elle procure le fruit de la libération,
- On la compare à de l’or, à un trésor et à un arbre fruitier. (II, 16)
- Comme elle est le joyau du corps absolu,
- Le maître suprême des hommes,
- Et qu’elle a l’aspect d’une forme précieuse, on la compare
- À une précieuse [image], à un monarque et à une [statue en] or. (II, 17)
- Non souillé, omniprésent, indestructible,
- Stable, paisible, éternel, sans transmigration et source [de qualités],
- Le Tathāgata est, comme l’espace, la cause de l’expérience
- Des objets qui s’offrent aux six facultés des êtres purs. (II, 18)
- [Le bouddha] est la cause qui permet de voir
- des formes dépourvues d’éléments,
- D’entendre des paroles bonnes et pures,
- De humer les fragrances de la discipline des bien-allés,
- De connaître le goût du vrai Dharma des grands êtres sublimes, (II, 19)
- D’éprouver les délices du tangible pendant l’absorption méditative
- Et de réaliser le mode profond en son essence même.
- Quand on y réfléchit plus précisément, le tathāgata qui procure
- Le bonheur absolu est dépourvu de causes comme l’espace. (II, 20)
- Il faut savoir que ces deux sagesses
- Ont en bref pour fonction
- Le corps de libération ou la perfection
- Et le corps absolu ou la purification. (II, 21)
- On connaîtra le corps de libération et le corps absolu
- Sous deux aspects puis sous un seul,
- Puisqu’ils sont non contaminés, omniprésents,
- Incomposés et que ce sont des sources [de qualités]. (II, 22)
- [Le corps de libération] n’est pas contaminé
- Puisque les affections et leurs tendances ont cessé.
- On tient [le corps absolu] pour l’omniprésence
- de la sagesse primordiale
- Puisqu’il n’est attaché à rien et que rien ne lui fait obstacle. (II, 23)
- [Ces deux corps] sont incomposés
- Puisqu’ils sont indestructibles à jamais.
- C’est leur indestructibilité qu’explicitent
- La stabilité et les trois autres qualités. (II, 24)
- La destruction présente quatre aspects
- Qui sont les contraires de la stabilité et ainsi de suite
- La dégradation, le changement, l’interruption
- Et la transmigration avec ses métamorphoses inconcevables. (II, 25)
- Indestructibles de ces quatre façons, [les deux corps]
- Sont stables, paisibles, permanents et libres de la transmigration.
- L’absence de souillures et la sagesse en sont la source
- En tant que supports des qualités pures. (II, 26)
- De même que l’espace, qui n’est pas une cause,
- Est cause de la vision des formes
- Et de la perception des sons, des odeurs,
- Des saveurs, des tangibles et des phénomènes [mentaux], (II, 27)
- De même, grâce à la [voie de] jonction où les voiles disparaissent,
- Les deux corps sont les causes de l’apparition
- De qualités non contaminées comme autant d’objets
- Offerts aux facultés des [êtres] stables. (II, 28)
- Inconcevable, permanent, stable, paisible, éternel,
- Apaisé, omniprésent, libre de la pensée, pareil à l’espace,
- Libre d’attachement, nulle part entravé, sans plus de contacts grossiers,
- Invisible, insaisissable et vertueux, le Bouddha est immaculé. (II, 29)
- Le corps de libération et le corps absolu
- Enseignent le bien propre et le bien d’autrui.
- Supports du double bienfait, ils sont inconcevables
- En plus de quatorze autres qualités. (II, 30)
- La bouddhéité est l’objet de l’omnisciente
- Sagesse primordiale et non des trois connaissances.
- Les êtres pourvus d’un corps de sagesse [autres que les bouddhas]
- Comprendront qu’elle est inconcevable. (II, 31)
- De par sa subtilité, ce n’est pas un objet d’étude.
- Absolue, ce n’est un objet de réflexion.
- Profonde essence du réel, ce n’est pas non plus l’objet
- Des méditations mondaines et autres. (II, 32)
- De même que les aveugles de naissance ne voient pas les formes,
- Les êtres puérils ne l’ont jamais vue. Les êtres sublimes eux-mêmes
- Sont pareils à des nourrissons qui entrevoient la forme du soleil
- Depuis la chambre où ils viennent de naître. (II, 33)
- [La bouddhéité] est permanente parce qu’elle n’est jamais née ;
- Elle est stable parce qu’elle ne cesse jamais ;
- Elle est paisible parce qu’elle n’a plus de dualités ;
- Elle est éternelle parce que l’essence du réel persiste. (II, 34)
- [L’Éveil est] très paisible en tant que vérité de la cessation ;
- Omniprésent pour sa réalisation de toute chose ;
- Sans pensées parce qu’il ne fait fond sur rien ;
- Et sans attachement parce qu’il n’a plus d’affections. (II, 35)
- Il est totalement pur du voile cognitif
- Et rien ne peut lui faire obstacle.
- Libre du double [obstacle] et infiniment souple,
- Il n’a plus de contacts grossiers. (II, 36)
- [L’Éveil] est invisible parce qu’il n’a pas de forme ;
- Insaisissable parce qu’il n’a pas de caractéristiques ;
- Vertueux parce qu’il est pur par nature ;
- Immaculé parce qu’il n’a plus de souillures. (II, 37)
- Sans commencement ni milieu ni fin, indivisible,
- Non duelle, dégagée des trois [voiles], immaculée et libre de la pensée
- Telle est la nature de la dimension absolue
- Dont la réalisation est la vision des yogis établis en méditation.
- (II, 38)
- Dotée de qualités immensurables, inconcevables,
- Inégalées, plus nombreuses que les grains de sable du Gange,
- La pure immensité des tathāgatas
- Est libre de tous les maux et de leurs imprégnations. (II, 39)
- Avec le vrai Dharma sous ses deux aspects,
- avec des corps rayonnant de lumières,
- Il s’empresse d’accomplir son but, celui de libérer les êtres,
- Et pour ce faire il agit comme le souverain des Joyaux magiques
- En revêtant toutes les apparences possibles
- sans être leur essence pour autant. (II, 40)
- Les [corps] formels sont en ce monde la cause de l’entrée
- des êtres ordinaires dans la voie de la paix.
- De même sont-ils la cause de leur maturité et de la prédiction.
- Ils resteront ici à jamais comme le monde
- De la Forme restera dans l’espace. (II, 41)
- On appelle « bouddhéité » l’omniscience
- De ceux qui d’eux-mêmes sont nés.
- Voilà le nirvāṇa suprême, l’impensable,
- Le vainqueur de l’ennemi et l’incarnation
- [de la sagesse] qui se connaît elle-même. (II, 42)
- Elle se manifeste dans le corps essentiel
- Et les deux autres corps en fonction de leurs qualités
- Respectives de profondeur, de vastitude
- Et de magnanimité. (II, 43)
- Sachez donc, en bref,
- Que le corps essentiel des bouddhas
- Possède cinq caractéristiques.
- On ramène ses qualités à cinq aussi. (II, 44)
- [Le corps essentiel est] incomposé, indivisible,
- Dégagé des deux extrêmes
- Et définitivement libre des trois voiles
- Émotionnel, cognitif et méditatif. (II, 45)
- Immaculé, sans pensée,
- C’est le domaine des yogis
- Et, en tant que dimension absolue
- Pure par essence, la luminosité. (II, 46)
- Le corps essentiel est réellement pourvu
- De qualités ultimes : il est immensurable,
- Indénombrable, inconcevable,
- Inégalable et pur. (II, 47)
- Cela, parce que, respectivement, il est immense
- Et se dérobe à toute mesure, que ce n’est pas un objet
- De spéculation, qu’il est unique
- Et n’a plus de propensions karmiques. (II, 48)
- Il jouit à la perfection des divers enseignements,
- Il se manifeste avec ses qualités naturelles,
- Et le bien qu’il ne cesse de prodiguer aux êtres
- Est l’analogue de sa pure compassion. (II, 49)
- Il comble tous les désirs, quels qu’ils soient,
- Sans la moindre pensée, sans le moindre effort.
- Aussi, avec ses prodiges de Joyau magique,
- Sa présence est-elle parfaite jouissance. (II, 50)
- L’expression, l’apparence et les activités ininterrompues,
- L’absence d’action délibérée
- Et le fait de montrer qu’il n’est pas l’essence de toutes [ces choses],
- Rendent compte de la quintuple diversité
- [du corps de parfaite jouissance]. (II, 51)
- De même que sur un fond coloré
- La pierre précieuse apparaît telle qu’elle n’est pas,
- De même, du fait de la diversité des êtres,
- L’Omniprésent est perçu tel qu’il n’est pas. (II, 52)
- Celui qui connaît tous les mondes
- Les considère avec grande compassion
- Et, sans dévier du corps absolu,
- Manifeste diverses apparitions de lui-même. (II, 53)
- Les vies antérieures, la naissance spontanée [chez les dieux],
- La descente du ciel des Tuṣitas,
- L’entrée dans une matrice, la naissance,
- La maîtrise des arts et des sciences, (II, 54)
- Les plaisirs du gynécée,
- Le renoncement, l’ascèse,
- L’arrivée au Trône de l’Éveil,
- La victoire sur les armées de Māra et l’Éveil parfait, (II, 55)
- [La mise en branle] de la roue du Dharma
- Et le passage en nirvāṇa : voilà autant de hauts faits
- Qu’il manifeste dans les champs impurs
- Tant que s’y trouveront des êtres. (II, 56)
- Les termes « impermanence », « souffrance », « sans soi »
- Et « paix » permettent à celui qui connaît les méthodes
- De provoquer chez les êtres le dégoût des trois mondes
- En leur donnant accès au nirvāṇa. (II, 57)
- Fort engagés sur la voie de la paix, certains
- Pensent avoir atteint le nirvāṇa. À ceux-là
- Le Bouddha montre la réalité des phénomènes
- Comme dans Le Lotus blanc et d’autres soûtras, (II, 58)
- Si bien qu’il les détourne de leurs anciennes croyances
- Et les amène à adopter les méthodes et la connaissance
- En les faisant mûrir dans le véhicule suprême.
- Ensuite, il leur annonce qu’ils atteindront l’Éveil suprême. (II, 59)
- [Le bouddha] est profond, sa puissance est parfaite
- Et il guide les êtres puérils en fonction de leurs intérêts.
- Dès lors, on saura que [ses trois corps] sont, dans le même ordre,
- Profondeur, vastitude et magnanimité. (II, 60)
- Ici donc, le corps absolu vient en premier
- Et les [deux] corps formels suivent.
- Comme les formes se situent dans l’espace,
- Dans le premier corps se situent les deux autres. (II, 61)
- En raison d’une infinité de causes et du nombre inépuisable des êtres,
- Et comme l’amour, les prodiges, la connaissance
- et la perfection lui sont acquis,
- Qu’il domine les phénomènes, qu’il a vaincu le démon de la mort
- Et qu’il n’a pas d’essence, le Protecteur du monde est permanent. (II, 62)
- Comme, ayant renoncé à son corps, à sa vie
- Et à ses biens, il a embrassé le vrai Dharma ;
- Comme, pour le bien de tous les êtres, il ira
- Jusqu’au terme de son vœu originel ; (II, 63)
- Comme la bouddhéité est totalement imprégnée
- D’une compassion pure et immaculée ;
- Comme il use des quatre bases des pouvoirs miraculeux
- Pour agir en restant [dans le monde] ; (II, 64)
- Comme avec la connaissance il s’est affranchi
- De la croyance à la dualité du saṃsāra et du nirvāṇa ;
- Comme il ne se déprend jamais de la félicité parfaite
- D’inconcevables recueillements d’extase ; (II, 65)
- Et comme, lors même qu’il agit dans le monde,
- Les choses du monde ne peuvent pas le souiller ;
- [Le corps absolu est permanent] parce qu’il a trouvé
- l’immortalité et la paix
- Là où le démon de la mort ne court plus. (II, 66)
- Parce que, inconditionné par nature,
- Le sage est apaisé dès l’origine
- Et parce qu’il est logique qu’il soit le refuge
- De ceux qui n’ont pas de refuge permanent. (II, 67)
- Les sept premières raisons
- Valent pour la permanence des corps formels
- De notre Instructeur ; les trois dernières,
- Pour la permanence de son corps absolu. (II, 68)
- Ineffable, il revient à l’absolu ;
- Ce n’est pas un objet d’analyse ; il échappe à toute comparaison ;
- Insurpassable, l’existence et la paix ne peuvent le contenir ;
- Aux êtres sublimes aussi, le domaine des Vainqueurs
- reste inconcevable. (II, 69)
- [L’Éveil] est inconcevable parce qu’il est indicible ;
- Il est indicible parce qu’il est absolu ;
- Il est absolu parce que ce n’est pas un objet d’analyse ;
- Ce n’est pas un objet d’analyse parce qu’on ne peut pas l’inférer ; (II, 70)
- On ne peut pas l’inférer parce que rien ne lui est supérieur ;
- Rien ne lui est supérieur parce qu’on ne peut à rien le ramener ;
- On ne peut à rien le ramener parce qu’il ne se trouve nulle part ;
- Il ne se trouve nulle part parce qu’il n’a pas les idées
- de qualité et de défaut. (II, 71)
- Subtil pour les cinq premières raisons,
- Le corps absolu est inconcevable ;
- Irréels, pour la sixième [raison],
- Les corps formels sont inconcevables. (II, 72)
- Du fait de leur sagesse insurpassable, de leur grande compassion
- et de leurs autres vertus,
- Les Vainqueurs transcendent toutes les qualités
- et sont [donc] inconcevables.
- Dès lors, les grands sages qui ont reçu l’initiation ignorent,
- Eux aussi, l’état ultime des bouddhas nés d’eux-mêmes. (II, 73)
- Ici prend fin le deuxième chapitre, « L’Éveil », du Traité de la Continuité
- suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation spirituelle des Trois Joyaux.
III - LES QUALITÉS
- Le bien propre et le bien d’autrui sont le corps absolu
- Et les corps relatifs qui en dépendent.
- Ils présentent soixante-quatre qualités
- Qui sont des fruits de séparation et de maturation. (III, 1)
- Le corps absolu est le lieu
- Des richesses personnelles.
- Le corps symbolique des sages
- Est le lieu du bien parfait des autres. (III, 2)
- Le premier corps est doté des forces
- Et des autres qualités de séparation ;
- Le second possède les marques des grands êtres,
- Qui sont des qualités de maturation. (III, 3)
- Si les forces sont comparables aux vajras [lancés]
- contre le voile de l’ignorance,
- Les intrépidités évoquent le lion dans l’assemblée [des animaux],
- Les [qualités] exclusives des tathāgatas ressemblent à l’espace
- Et la double apparence du Sage tient [du reflet] de la lune dans l’eau. (III, 4)
- Le correct et l’incorrect,
- La rétribution des actes, les facultés,
- Les tempéraments, les aspirations,
- Les voies de toutes les destinées, les concentrations (III, 5)
- Souillées ou immaculées,
- Le souvenir des existences [passées],
- L’œil divin et l’apaisement
- Voilà les dix forces de connaissance. (III, 6)
- Le correct et l’incorrect, la rétribution, les tempéraments,
- les destinées et les aspirations dans toute leur diversité,
- Ce qui est souillé par les affections ou parfaitement purifié,
- l’ensemble des facultés, le souvenir des états antérieurs,
- L’œil divin et l’art d’épuiser les souillures : voilà les [dix] forces
- [de connaissance] que l’on compare à des vajras
- Parce qu’elles transpercent les armures, abattent les remparts
- et rasent les forêts de l’ignorance. (III, 7)
- À toute chose il s’éveille pleinement ;
- Il met fin aux obstacles ;
- Il enseigne la voie et montre la cessation
- Telles sont les quatre intrépidités. (III, 8)
- Comme il connaît et fait connaître tout ce que les autres et soi-même
- se doivent de connaître ;
- Comme il a éliminé et fait éliminer ce qui devait l’être
- et qu’il a suivi ce qu’il fallait suivre ;
- Comme il a atteint et fait atteindre l’état suprême
- et très immaculé qu’il faut atteindre,
- Et comme, enfin, il prêche la vérité pour le bien de tous,
- le Sage ne rencontre jamais d’obstacles. (III, 9)
- À l’orée de la jungle, le roi des animaux se promène sans peur
- Et jamais il ne craint aucun autre animal.
- De même, dans une assemblée, le Seigneur des Sages,
- qui est pareil au lion,
- Peut-il rester à l’aise, indépendant, habile et stable. (III, 10)
- [Notre Instructeur] ne se trompe pas
- et ne tient pas de propos futiles,
- Sa mémoire est infaillible, son esprit
- Ne quitte jamais le recueillement profond ;
- Il ne perçoit pas non plus de différences (III, 11)
- Et ne saurait être indifférent par manque de discernement.
- Ses aspirations, son ardeur, son attention,
- Sa connaissance supérieure, sa liberté totale
- Et ce que voit sa libre sagesse ignorent le déclin. (III, 12)
- Ses actes procèdent de la sagesse
- Libre des voiles temporels.
- Telles sont, entre autres, dix-huit
- Qualités exclusives de notre Instructeur. (III, 13)
- Erreurs, bavardages, oubli, dispersion, perceptions toutes différentes
- Et indifférence naturelle : rien de cela n’affecte le Sage.
- Ses aspirations, son ardeur, son attention, sa connaissance
- parfaitement pure et immaculée, sa liberté perpétuelle
- Et sa libre sagesse qui voit tous les phénomènes ignorent le déclin.
- (III, 14)
- Les actes de son corps, de sa parole et de son esprit
- sont tous précédés et suivis par la sagesse primordiale,
- Tandis que son immense sagesse opère toujours
- dans les trois temps sans jamais rencontrer d’obstacles.
- Fort de cette réalisation, il ne craint pas de faire tourner
- la grande roue du vrai Dharma pour le bien des êtres.
- Cette victoire dotée de grande compassion
- voilà ce que les bouddhas ont trouvé. (III, 15)
- La terre et les autres éléments n’ont pas la même nature que l’espace ;
- Les caractéristiques de la forme n’ont rien à voir
- avec l’absence d’obstacles et les autres particularités de l’espace.
- La terre, l’eau, le feu et l’air, de même que l’espace,
- sont communs à [tous les] mondes,
- Mais les [qualités] exclusives [des bouddhas] n’ont pas même
- une particule en commun avec le monde. (III, 16)
- [Le bouddha] a les pieds bien posés, marqués chacun d’une roue ;
- Il a les talons larges et les malléoles invisibles ;
- Ses doigts et ses orteils sont longs
- Et rattachés par des membranes. (III, 17)
- D’une délicatesse juvénile, sa peau est d’une douceur parfaite ;
- Le dos de ses mains, ses cous-de-pied, ses épaules et sa nuque
- forment sept protubérances bien arrondies ;
- Ses jarrets sont les mêmes que ceux de l’antilope eṇaya
- Et son secret rentré au fourreau comme celui de l’éléphant. (III, 18)
- Il a un torse de lion et des épaules
- Pleines et larges aux sommets
- Bien rebondis. Il a les bras tendres,
- Ronds et réguliers. (III, 19)
- Ses bras sont longs et son corps, entièrement pur,
- Est entouré d’un halo de lumière.
- Sa gorge évoque une conque immaculée
- Et ses joues valent celles du roi des animaux. (III, 20)
- Il a quarante dents parfaitement égales,
- Brillantes et bien alignées,
- Pures et de la même taille ;
- Ses canines sont d’une blancheur suprême. (III, 21)
- Sa langue longue, infinie, inconcevable,
- Donne un goût suprême à tous les aliments.
- De sa voix de Brahma, le Bouddha parle
- Avec des accents de kalaviṅka. (III, 22)
- Il a de beaux yeux pareils à des lotus bleus
- et les cils de la reine des vaches ne valent pas les siens.
- Son beau visage sans défauts s’orne d’un poil-trésor blanc.
- Le haut de son crâne se pare d’un apex et sa peau,
- fine et pure,
- A la couleur de l’or : n’est-il pas suprême entre tous les êtres ? (III, 23)
- Chacun de ses poils doux et fins
- S’enroule à droite en poussant vers le haut ;
- Impeccable est sa chevelure bleu foncé comme un précieux saphir ;
- Ses proportions sont parfaites comme celles du banian. (III, 24)
- Universellement bon et incomparable, le grand Sage
- A le corps robuste et la force de Nārāyaṇa.
- De ces trente-deux marques inconcevables,
- Notre Instructeur précise qu’elles appartiennent
- aux seigneurs parmi les hommes. (III, 25)
- De même qu’en automne on voit la forme de la lune
- Dans un ciel sans nuages comme dans les eaux bleues d’un lac,
- De même, les enfants des Vainqueurs verront la forme
- De l’Omniprésent dans le maṇḍala de la parfaite bouddhéité. (III, 26)
- Il faut savoir que ces soixante-quatre qualités,
- Ainsi que les causes de chacune,
- Apparaissent ici dans le même ordre
- Que dans le Soûtra de Ratnadārikā. (III, 27)
- Elles sont indestructibles, audacieuses,
- Inégalables et inamovibles,
- Si bien qu’on les compare respectivement
- Au vajra, au lion, à l’espace et au [reflet de] la lune dans l’eau pure.
- (III, 28)
- Des dix forces, les six premières éliminent
- Le voile de la connaissance ; les trois suivantes
- Le voile de l’absorption méditative ; et la dernière
- Le voile des affections avec leurs imprégnations : (III, 29)
- Comme si elles transperçaient des armures,
- Abattaient des remparts et rasaient des forêts.
- Les forces des Sages sont comparables à des vajras,
- Parce qu’elles sont sûres, essentielles, stables et indestructibles.(III, 30)
- Pourquoi sont-elles sûres ? Parce qu’elles sont essentielles.
- Essentielles ? Parce qu’elles sont stables. Stables ?
- Parce qu’elles sont indestructibles. Et comme elles sont
- Indestructibles, on les compare à des vajras. (III, 31)
- Impavide, indépendant,
- Stable et parfaitement habile,
- Le lion des sages est tel un lion sans crainte
- Au cœur des assemblées qui se pressent autour de lui. (III, 32)
- Comme il connaît tout directement,
- Il reste sans peur en toute occasion,
- Et comme il voit que les êtres qui se sont purifiés
- Eux-mêmes ne le valent point, il reste indépendant. (III, 33)
- L’esprit concentré sur tous les phénomènes,
- Il est la stabilité même. Passé très au-delà
- De la terre des imprégnations de l’ignorance,
- Il rayonne de pouvoir créatif. (III, 34)
- Les êtres ordinaires, les auditeurs, les bouddhas-par-soi,
- Les sages bodhisattvas et les bouddhas nés d’eux-mêmes,
- Atteignent des états de compréhension de plus en plus subtils
- Qu’illustrent cinq comparaisons : (III, 35)
- Comme ils assurent la survie de tous les mondes,
- Ils sont pareils à la terre, à l’eau, au feu et au vent ;
- Comme ils transcendent les caractères mondains
- Et supramondains, ils sont comparables à l’espace. (III, 36)
- Ces trente-deux qualités sont autant
- De divisions du corps absolu,
- De même que la lumière, la couleur et la forme
- D’une pierre précieuse n’en sont point séparées. (III, 37)
- Elles comblent la vue, ces qualités
- Appelées « trente-deux marques » !
- Elles s’appuient sur le corps d’apparition
- Et le corps de la jouissance parfaite du Dharma. (III, 38)
- Les éloignés de la pureté et ses proches,
- Les uns dans le monde et les autres dans le maṇḍala d’un vainqueur,
- Voient les corps formels de deux façons
- Comme la forme de la lune dans le ciel
- ou bien de son reflet dans l’eau. (III, 39)
- Ici prend fin le troisième chapitre, « Les Qualités », du Traité de la
- Continuité suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation spirituelle des
- Trois Joyaux.
IV - LES ACTIVITÉS ÉVEILLÉES
- L’Omniprésent se manifeste toujours spontanément
- Et arrive sur les lieux au moment opportun
- Selon les dispositions du disciple, les moyens de le discipliner
- Et la discipline qu’il convient d’appliquer. (IV, 1)
- Riche de tous les joyaux les plus précieux, les qualités,
- l’océan de la sagesse primordiale scintille
- au soleil des mérites et de la sagesse ;
- C’est l’accomplissement définitif de tous les véhicules,
- une immensité dépourvue de centre et de périphérie,
- omniprésente comme l’espace.
- La bouddhéité, trésor des qualités immaculées, apparaît alors
- dans tous les êtres, sans différence entre eux,
- Tandis que se lève le vent de la compassion des bouddhas
- qui déchirera le filet des nuages tissé
- par les voiles émotionnel et cognitif. (IV, 2)
- Qui ? Comment ? En appliquant
- Quelle discipline ? Où ? Quand ?
- Comme le Sage n’a pas de ces pensées,
- Son action est toujours spontanée. (IV, 3)
- « Qui » renvoie aux dispositions du disciple,
- « Comment » aux moyens de le discipliner,
- « Quelle discipline » à leur application,
- « Où » et « quand » au lieu et à l’instant. (IV, 4)
- [Les activités éveillées ne s’interrompent jamais]
- Parce qu’elles ont lieu sans pensées comme celles-ci
- La libération définitive, son point d’appui,
- Son fruit, les êtres pris en charge,
- Les voiles et la condition de leur élimination. (IV, 5)
- Les dix terres sont la voie de la libération définitive
- Dont les deux accumulations forment la cause.
- Le fruit alors atteint est l’Éveil suprême
- Qui prend en charge l’Éveil au cœur des êtres. (IV, 6)
- Les innombrables affections principales et secondaires,
- Ainsi que leurs imprégnations, forment un voile.
- La condition qui à tout moment détruit
- [Les affections] est la grande compassion. (IV, 7)
- Voici six points dont vous saurez qu’ils comparent
- [Le processus des activités] à l’océan,
- Puis au soleil, ensuite à l’espace, à un trésor,
- Aux nuages et enfin au vent. (IV, 8)
- Les terres [des bodhisattvas] sont comparables à l’océan
- Parce qu’on y trouve l’eau de la sagesse et les joyaux des qualités.
- Les deux accumulations ressemblent au soleil
- Parce qu’elles sustentent tous les êtres. (IV, 9)
- L’Éveil est pareil à l’élément espace
- Parce qu’il est immense et n’a ni bords ni centre.
- On compare l’Élément des êtres à un trésor
- Parce qu’il a pour nature la bouddhéité authentique et parfaite. (IV, 10)
- Les affections évoquent les nuages parce qu’elles ne durent pas,
- Enveloppent toute chose et manquent de solidité.
- Enfin, la compassion est comparable à un vent irrésistible
- Parce qu’elle se tient prête à disperser [les affections]. (IV, 11)
- Les activités ne s’interrompront pas tant que le saṃsāra durera
- Parce que les bouddhas se libèrent avec le concours des autres,
- Parce qu’ils voient que tous les êtres sont leurs égaux
- Et parce que leur œuvre est inachevée. (IV, 12)
- Le Tathāgata est comparable à Indra,
- Au tambour [des dieux], à un nuage,
- À Brahma, au soleil, à un précieux joyau,
- À l’écho, à l’espace et à la terre. (IV, 13)
- Si le sol prenait l’aspect
- Du lapis-lazuli le plus pur,
- Cette pureté permettrait de voir
- Le seigneur des dieux parmi les jeunes déesses, (IV, 14)
- Le splendide palais de la Victoire Absolue
- Et d’autres divins séjours agrémentés
- De bâtisses magnifiques, ainsi que les objets
- Divins les plus divers. (IV, 15)
- À la vue de ces apparences,
- Les hommes et les femmes
- Qui peuplent la terre
- Forment le souhait (IV, 16)
- D’être comme le seigneur
- Des dieux avant longtemps.
- Pour y parvenir, ils adoptent
- La vertu et s’y tiennent pour de bon. (IV, 17)
- Même s’ils ignorent
- Que ce n’est là qu’une apparence,
- Leurs actes vertueux leur permettront
- De quitter la terre pour renaître chez les dieux. (IV, 18)
- Et même si cette apparence n’a absolument
- Aucune pensée et que rien ne l’ébranle,
- Il faut bien admettre que, sur la terre,
- Elle est de la plus grande utilité. (IV, 19)
- Ainsi, les êtres dont la foi et les autres qualités
- Ne sont pas souillées mais dûment cultivées
- Verront mentalement le parfait Bouddha,
- Paré des marques majeures et mineures, (IV, 20)
- Marcher, rester debout,
- S’asseoir et s’allonger,
- Se livrer aux activités les plus variées,
- Enseigner la vérité de la paix, (IV, 21)
- Se taire et méditer avant de manifester
- Des prodiges en tout genre
- Ces êtres verront ces hauts faits
- Dans leur majestueux éclat. (IV, 22)
- Ce qu’ayant vu, ils aspireront
- À la « bouddhéité » et s’y appliqueront.
- Ils adopteront les causes de l’état
- Auquel ils aspirent et ils l’atteindront. (IV, 23)
- Car, même si cette apparence n’a absolument
- Aucune pensée et que rien ne l’ébranle,
- Il faut bien admettre que, dans le monde,
- Elle est de la plus grande utilité. (IV, 24)
- Les êtres ordinaires ne savent pas que cette vision
- Est une perception au sein de leur propre esprit.
- Cependant, la vue de ces formes
- Leur procurera de grands bienfaits. (IV, 25)
- Petit à petit, les êtres qui s’en tiennent
- À ce véhicule-ci verront, du fait de cette vision,
- Le suprême corps absolu à l’intérieur d’eux-mêmes
- Avec l’œil de la sagesse primordiale. (IV, 26)
- Si la terre, débarrassée de tous ses lieux inquiétants,
- Prenait la belle clarté d’un pur lapis, si elle devenait lisse
- et présentait les perfections d’un joyau,
- Elle serait si pure que les divers séjours divins
- et la forme des dieux et de leur seigneur pourraient s’y refléter.
- Mais peu à peu le sol perdrait ces qualités,
- et les reflets dont il se parait disparaîtraient. (IV, 27)
- Pour atteindre l’état d’Indra, les hommes et les femmes suivraient
- les préceptes d’un jour et les règles de conduite. Ils opteraient
- pour le don et les autres vertus
- Et, formant de pieux souhaits, ils prieraient en répandant des fleurs
- et [en s’adonnant à d’] autres [dévotions]. (IV, 28ab)
- De même, pour atteindre l’état du Seigneur des Sages
- qui apparaît dans leur l’esprit pareil à un pur lapis-lazuli,
- Pleins d’une douce allégresse, les enfants des Vainqueurs
- engendrent l’esprit d’Éveil. (IV, 28cd)
- De même que sur le sol pur en lapis-lazuli
- Apparaît le reflet du seigneur des dieux,
- Sur le sol pur de l’esprit des êtres,
- Apparaît le reflet du Seigneur des Sages. (IV, 29)
- L’apparition ou la disparition de ces reflets dans le monde des êtres
- Se produit en fonction de l’état clair ou trouble de l’esprit de chacun.
- De même que les reflets [d’Indra]
- qui apparaissent dans le monde,
- Il ne faut pas voir [les apparences du Bouddha]
- comme si elles étaient et qu’elles ne sont plus. (IV, 30)
- Ainsi, chez les dieux, par le pouvoir
- Des actes blancs de leurs vies antérieures,
- Sans effort ni lieu [d’origine], sans esprit
- Ni forme, et sans la moindre pensée, (IV, 31)
- Le tambour du Dharma exhorte encore
- Et toujours les dieux insouciants,
- Au son des mots : impermanence,
- Souffrance, irréalité du soi et paix. (IV, 32)
- De même, l’Omniprésent est libre de l’effort
- Et des quatre autres points mais, de sa parole éveillée,
- Il imprègne tous les êtres sans exception
- Et enseigne le Dharma aux êtres fortunés. (IV, 33)
- De même que le son du tambour
- Des dieux émane de leurs actes,
- De même, les enseignements que le Sage
- A prodigués au monde émanent des actes de chacun. (IV, 34)
- De même que sans effort, sans lieu, sans corps
- Et sans esprit, le son du tambour établit la paix,
- De même, sans effort, sans lieu, sans corps
- Et sans esprit, ces enseignements établissent la paix. (IV, 35)
- De même que dans la ville des dieux, le son du tambour
- leur insuffle le don de l’intrépidité
- Lorsque, sous l’effet de leurs affections, les dieux se jettent
- dans la mêlée pour vaincre les antidieux ; et de même, encore,
- que le tambour met fin à leurs jeux,
- De même, dans notre monde, la concentration
- du Sans-Forme et les autres vertus concourent à la cause
- De l’expression de la voie suprême, laquelle écrase les affections
- qui torturent les êtres tout en apaisant leurs souffrances. (IV, 36)
- Universelle, bénéfique, source de bonheur,
- Dotée du pouvoir des trois prodiges,
- La voix du Sage est éminemment
- Supérieure aux cymbales des dieux. (IV, 37)
- Dans le monde des dieux, le son puissant du tambour
- Ne tombe pas jusqu’aux oreilles des terriens.
- Le tambour de la voix d’un bouddha résonne
- Jusqu’aux mondes souterrains du saṃsāra. (IV, 38)
- Dans le monde des dieux, les cymbales sonnent
- Par millions pour exacerber les flammes du désir.
- Les incarnations de la compassion n’ont qu’une seule voix
- Qui fait tout pour éteindre à jamais les flammes de la souffrance.
- (IV, 39)
- Dans le monde des dieux, le son des cymbales dont la beauté se double
- D’un charme exquis augmente l’agitation mentale habituelle.
- La parole des tathāgatas, compassion incarnée, incite
- À réfléchir et à méditer jusqu’au recueillement profond. (IV, 40)
- En bref, dans toutes les sphères du monde sans aucune exception,
- Chez les dieux comme ici-bas, toutes les matières à bonheur
- Reposent entièrement, dit-on, sur cette voix mélodieuse
- Que l’on perçoit, omniprésente, dans absolument tous les mondes.
- (IV, 41)
- De même que les malentendants
- Ne perçoivent pas les sons subtils
- Et que l’oreille divine elle-même
- N’entend pas tous les sons, (IV, 42)
- De même, les enseignements les plus subtils
- Relèvent de la sagesse primordiale, fine aussi,
- Mais ils atteindront seulement les oreilles
- D’une poignée de sages libres d’affections. (IV, 43)
- De même qu’en été les nuages
- Sont des gages d’abondantes récoltes
- Quand ils s’abattent sans effort
- En trombes d’eau sur la terre, (IV, 44)
- De même, des nuages de la compassion
- Tombe sans la moindre pensée
- La pluie des saints enseignements du Vainqueur
- Qui promet aux êtres des moissons de vertus. (IV, 45)
- De même que, le monde prenant le chemin de la vertu,
- Les nuages nés du vent se répandent en pluies,
- De même, pour accroître les vertus d’un monde
- où souffle le vent de l’amour,
- Des nuages de la bouddhéité tombe la pluie du vrai Dharma. (IV, 46)
- Plein de connaissance et d’amour pour le monde,
- Il trône au centre de l’espace, inaltéré par le changeant et l’immuable.
- Les nuages du Seigneur des Sages, qui consistent en l’eau pure
- des recueillements et des formules de mémoire,
- Produiront des moissons de vertus. (IV, 47)
- Fraîche, agréable, douce et légère,
- L’eau qui tombe des nuages
- Se charge d’un grand nombre de saveurs,
- Comme le salé, au contact de la terre. (IV, 48)
- De même, la pluie de l’octuple sentier des êtres sublimes
- Qui jaillit des immenses nuées de la compassion
- Aura autant de goûts différents
- Qu’il y a de formes d’esprit chez les êtres. (IV, 49)
- Ceux qui ont foi dans le véhicule suprême,
- Ceux qui restent neutres et ceux qui lui sont hostiles
- Forment trois groupes d’êtres comparables
- À des êtres humains, des paons et des prétas (IV, 50)
- À la fin du printemps, les hommes et les oiseaux
- qui ne volent pas souffrent de l’absence des nuages,
- Alors que les prétas pâtissent des pluies d’été qui s’abattent sur la terre.
- De même, suivant que, des nuées de la compassion,
- l’eau des enseignements jaillit ou non,
- Ceux qui, dans les mondes, aspirent au Dharma
- et ceux qui lui sont hostiles correspondent
- aux éléments de la comparaison. (IV, 51)
- Quand s’abattent sur la terre de grosses gouttes de pluie,
- des pierres brûlantes ou des flammes de diamant,
- Les nuages ne se soucient pas plus des petites bêtes
- que de celles qui se sont réfugiées dans la montagne.
- Les gouttes, des plus petites aux plus grosses,
- qui tombent des nuages de l’amour et de la connaissance
- Ne se soucient absolument pas des affections qu’elles purifient
- ni de la tendance à voir un soi. (IV, 52)
- Dans le cercle sans commencement des morts et des renaissances,
- les êtres suivent cinq voies
- Mais, de même qu’il n’y a pas de bonnes odeurs dans les excréments,
- il n’y a jamais de bonheur dans les cinq destinées.
- Cette souffrance permanente née de la rencontre
- avec les armes, le feu, le sel et d’autres supplices encore
- S’apaise quand, des nuées de la compassion, tombe
- une abondante pluie de vrai Dharma. (IV, 53)
- Comme ils ont compris que les dieux souffraient de la déchéance
- [qui suit leur mort] et les hommes de la quête effrénée [du plaisir],
- Les sages n’aspirent pas aux suprêmes pouvoirs des dieux
- et des hommes.
- Grâce à la connaissance supérieure et aux paroles du Tathāgata
- qu’ils ont suivies avec foi,
- Ils voient avec sagesse que « ceci est la souffrance,
- cela en est la cause, et cela la cessation ». (IV, 54)
- De même qu’il faut reconnaître la maladie et en éliminer la cause
- En prenant des remèdes qui rétabliront la santé,
- Il faut reconnaître la souffrance, en éliminer la cause
- Et réaliser sa cessation en empruntant la voie. (IV, 55)
- De même que, sans quitter son palais,
- Brahma manifeste des apparences
- De lui-même dans tous les lieux divins
- Sans fournir le moindre effort, (IV, 56)
- De même, sans quitter le corps absolu
- Et sans effort, le Sage montre des apparences
- De lui-même dans toutes les sphères
- Aux êtres assez fortunés pour cela. (IV, 57)
- De même que, sans jamais quitter son palais,
- Brahma se manifeste dans le monde du Désir
- À la vue des dieux et qu’à cette vision, ces derniers
- se détournent des objets [de plaisir],
- De même, sans quitter le corps absolu, le Bien-Allé s’introduit
- dans toutes les sphères du monde
- Où les êtres fortunés le voient, et cette vision leur permet
- d’éliminer toutes leurs souillures à jamais. (IV, 58)
- Par le pouvoir de ses propres souhaits antérieurs
- Et celui des actes vertueux des êtres divins,
- Brahma se manifeste sans effort. De même en est-il
- Pour les corps d’apparition de celui qui est né de lui-même. (IV, 59)
- Le départ [de Tuṣita], l’entrée dans la matrice, la naissance,
- l’arrivée au palais de son père,
- Les jeux de l’amour, la quête solitaire, le triomphe sur Māra,
- L’obtention de l’Éveil le plus grand
- et l’art de guider sur la voie de la paix
- Quand il eut tout montré, le Sage disparut
- de la vue des êtres infortunés. (IV, 60)
- Le soleil brûle tout. Au même instant, le lotus et d’autres fleurs
- S’ouvrent tandis que le nénuphar blanc se referme.
- Ces [fleurs] nées de l’eau ont la qualité de s’ouvrir
- et le défaut de se refermer,
- Mais l’astre n’y pense pas : de même le soleil de l’être sublime. (IV, 61)
- De même que, sans y penser,
- En émettant soudain sa lumière,
- Le soleil fait s’ouvrir les lotus
- Et mûrir d’autres [plantes], (IV, 62)
- De même, les rayons de vrai Dharma
- Du soleil du Tathāgata
- S’infiltrent sans la moindre pensée
- Dans les lotus des êtres qu’il peut aider. (IV, 63)
- Avec le corps absolu et les corps formels,
- Le soleil de l’Omniscient qui s’élève
- Dans l’espace de la quintessence de l’Éveil
- Darde ses rayons de sagesse sur les êtres. (IV, 64)
- Tous les êtres sensibles au Dharma du Bien-Allé
- Sont comparables à des coupes d’eau pure
- Où les innombrables reflets du soleil du Bouddha
- Apparaissent tous au même instant. (IV, 65)
- Au cœur de l’espace de la dimension absolue
- Qui tout embrasse à jamais,
- Le soleil du Bouddha brille sur les montagnes
- Des disciples à proportion de leurs mérites. (IV, 66)
- De même qu’en se levant le soleil répand sa lumière immense
- Et ses rayons par milliers en éclairant tout
- dans les mondes avant de se poser
- Par paliers sur les montagnes les plus hautes,
- les moyennes et enfin les plus basses,
- De même, le soleil du Vainqueur brille progressivement
- sur tous les êtres. (IV, 67)
- Le soleil ne rayonne pas jusqu’au fond de l’espace dans tous les univers
- Et il ne peut même pas montrer le sens d’un objet
- retenu sous les ténèbres de l’ignorance.
- La compassion incarnée éclaire tout et montre aux êtres
- le sens des choses
- Avec des lumières rayonnant de toutes les couleurs. (IV, 68)
- Quand le Bouddha se rend au village, les individus
- privés de la vue voient.
- Libérés de toute chose insensée, ils voient le sens et,
- mieux, ils l’éprouvent.
- Aveuglés par l’ignorance, les êtres aux prises avec l’océan des existences
- sont enveloppés par les ténèbres des vues fausses,
- Mais, à la lumière du soleil d’un bouddha, ils verront
- ce que leur esprit ne pouvait pas voir jusque-là. (IV, 69)
- De même que le Joyau magique,
- Exauce chacun de tous les désirs
- De ceux qui se trouvent dans sa sphère
- Instantanément et sans y penser, (IV, 70)
- De même, quand ceux dont les désirs diffèrent
- S’en remettent au Joyau magique du Bouddha,
- Ils entendent toute une variété d’enseignements
- Dont le Bouddha n’a pas conçu le moindre. (IV, 71)
- De même que le Joyau magique procure
- Sans effort ni pensée les richesses désirées,
- Le Sage restera dans le monde tant que celui-ci durera,
- Pour le bien des autres, sans effort
- et à proportion de leurs mérites. (IV, 72)
- De même que, pour qui le désire en ce monde,
- Il est difficile de trouver le bon Joyau dans l’océan ou sous la terre,
- Il faut de même savoir que, pour l’infortuné
- dont l’esprit est pris par les affections,
- La vision du Bouddha est chose difficile. (IV, 73)
- De même que le son de l’écho,
- Qui jaillit de la perception des êtres
- N’a pas de pensées, n’est pas fabriqué
- Et ne se tient pas plus dedans que dehors, (IV, 74)
- De même, la parole des bouddhas,
- Qui jaillit de la perception des êtres,
- N’a pas de pensées, n’est pas fabriquée
- Et ne se tient pas plus dedans que dehors. (IV, 75)
- Immatériel, inapparent,
- Introuvable, sans appui,
- Bien au-delà du visible,
- Sans forme, impossible à montrer, (IV, 76)
- Et pourtant vu là-haut ou là-bas,
- L’espace n’est ni haut ni bas.
- De même, le Bouddha n’est pas
- Comme tout ce que l’on peut voir de lui. (IV, 77)
- De même que tout ce qui naît de la terre
- Prend appui sur la terre, qui n’a pas de pensées,
- Pour croître, se renforcer et s’épanouir, (IV, 78)
- De même, prenant appui sur la terre
- Du parfait Bouddha, laquelle n’a pas de pensées,
- Les racines de bien des êtres
- Croîtront toutes sans exception. (IV, 79)
- Comme on n’a jamais vu d’activité
- S’accomplir sans le moindre effort,
- Neuf exemples ont été enseignés
- Pour trancher les doutes des disciples. (IV, 80)
- Ces neuf exemples
- Ont été présentés en détail
- Dans un soûtra dont le nom
- Seul évoque le propos. (IV, 81)
- Parés de l’immense éclat lumineux
- De la connaissance issue de l’étude,
- Les sages accéderont vite à toutes
- Les sphères d’activité des bouddhas. (IV, 82)
- Le reflet d’Indra sur un sol de lapis-lazuli
- Et huit autres exemples
- Ont été donnés à cette fin,
- Dont on retiendra le résumé : (IV, 83)
- Apparition, parole, omniprésence,
- Manifestation, rayonnement de la sagesse,
- Secrets de l’esprit, de la parole et du corps,
- Et obtention d’une nature compatissante. (IV, 84)
- L’esprit éveillé, où tous les flots de l’effort
- Se sont calmés, n’a aucune pensée
- Comme l’apparition du reflet d’Indra sur le sol
- De lapis-lazuli immaculé et ainsi de suite. (IV, 85)
- L’apaisement de l’effort constitue la thèse ;
- L’absence de pensées dans l’esprit, la preuve ;
- Et pour l’indiscutable conclusion du sujet de discussion,
- Le reflet d’Indra et les huit autres comparaisons. (IV, 86)
- Voici le sens du présent chapitre
- L’apparition et les huit autres cas
- Opèrent sans que l’Instructeur, libre de la naissance
- Et de la mort, ne fasse d’efforts. (IV, 87)
- Ce qui, tant que dure le monde, accomplit le bien des autres
- Sans effort – comme Indra, le tambour, les nuages,
- Brahma, le soleil, le précieux roi des Joyaux magiques,
- L’écho, l’espace et la terre –, tout cela, les yogis le connaissent. (IV, 88)
- [L’Instructeur] est comparable au reflet d’Indra
- dans une pierre précieuse.
- Comme le tambour des dieux, il excelle à instruire.
- Les nuées d’amour et de connaissance de l’omniprésent seigneur
- Enveloppent l’infinité des êtres jusqu’au sommet du devenir. (IV, 89)
- Tel Brahma, il se manifeste dans de multiples apparitions
- sans quitter son séjour immaculé.
- Comme le soleil, il rayonne de l’éclat de la sagesse
- Et son esprit éveillé ressemble au très pur
- et très précieux Joyau magique. (IV, 90)
- Comme l’écho, la parole des Vainqueurs se passe de mots.
- Semblable à l’espace, leur corps est omniprésent,
- dépourvu de forme et permanent.
- Pareil à la terre, le niveau de bouddha est toujours
- Le fondement de tous les remèdes favorisant
- les qualités pures des êtres. (IV, 91)
- La cause de la vision d’un bouddha n’est autre
- Qu’un esprit qui a la pureté du lapis-lazuli.
- Cette pureté vient du pouvoir accru
- D’une confiance irréversible. (IV, 92)
- La vertu apparaissant et disparaissant,
- La forme des bouddhas apparaît et disparaît.
- Comme Indra, le corps absolu du Sage
- N’apparaît ni ne disparaît. (IV, 93)
- Ainsi, tant que le monde durera,
- [Le Sage] apparaîtra et exercera ses activités
- Sans effort à partir du corps absolu
- Qui ignore la naissance et la cessation. (IV, 94)
- Ce résumé des activités en neuf comparaisons
- Est donné dans un ordre tel
- Que les inexactitudes d’une comparaison
- N’apparaissent plus dans la suivante. (IV, 95)
- Le Bouddha est comparable à un reflet
- Mais il en diffère car les reflets n’ont pas de voix.
- Il est comparable au tambour des dieux mais en diffère
- Parce que les tambours ne font pas le bien en tout lieu. (IV, 96)
- Il est comparable à un grand nuage mais en diffère
- Parce que les nuages n’éliminent pas les graines inutiles.
- Il est comparable au Grand Brahma mais en diffère
- Parce que Brahma ne fait pas mûrir à jamais. (IV, 97)
- Il est comparable au soleil mais en diffère
- Parce que le soleil ne vainc pas les ténèbres une bonne fois pour toutes.
- Il est comparable au Joyau magique mais en diffère
- Parce qu’il n’est pas difficile de trouver ce joyau. (IV, 98)
- Il est comparable à l’écho mais en diffère
- Parce que l’écho est un phénomène conditionné.
- Il est comparable à l’espace mais en diffère
- Parce que l’espace n’est pas le terrain des vertus. (IV, 99)
- Comme il forme le fondement où se tiennent
- Toutes les perfections mondaines
- Et supramondaines sans la moindre exception,
- On le compare au cercle de la terre. (IV, 100)
- Comme la voie supramondaine se présente
- Par le fait de l’Éveil des bouddhas,
- La voie des actes vertueux, les concentrations,
- Les immensurables et le Sans-Forme se présentent aussi. (IV, 101)
- Ici prend fin le quatrième chapitre, « Les Activités éveillées des tathāgatas »
- du Traité de la Continuité suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation
- spirituelle des Trois Joyaux.
V - LES BIENFAITS DU PRÉSENT ENSEIGNEMENT
- L’Élément des bouddhas, l’Éveil des bouddhas,
- Les qualités des bouddhas et les activités des bouddhas
- Sont inconcevables même pour les êtres purs.
- Ils relèvent de la sphère de nos guides. (V, 1)
- Les sages qui aspirent au domaine des Vainqueurs
- Seront les réceptacles de toutes les qualités éveillées ;
- Comme toutes ces inconcevables qualités les réjouissent,
- Leurs mérites éclipsent ceux de tous les autres êtres. (V, 2)
- Imaginez un être attiré par l’Éveil qui offrirait constamment
- aux souverains du Dharma,
- Jour après jour, des champs d’or incrustés de joyaux
- en nombre égal aux atomes de tous les champs de bouddhas.
- Imaginez maintenant un autre être qui n’aurait entendu
- qu’un seul mot [du présent traité] et qu’en l’entendant il y ait cru
- Cet être en tirera beaucoup plus de mérites qu’on en tirera
- de la vertu de générosité [ci-dessus évoquée]. (V, 3)
- Il y a des êtres intelligents qui, aspirant à l’Éveil suprême,
- observent sans effort,
- Durant d’innombrables ères, une parfaite discipline
- du corps, de la parole et de l’esprit ;
- Et il y en a d’autres qui n’entendent qu’un seul mot
- [du présent traité] et qui, l’entendant, y croient
- Ces derniers en tireront beaucoup plus de mérites
- qu’on en tirera de la vertu de discipline [ci-dessus évoquée]. (V, 4)
- Il y a ici-bas des individus qui pratiquent les concentrations
- qui éteignent le feu des affections dans les trois mondes,
- Et, arrivés au terme du domaine des dieux et de Brahma,
- cultivent les immuables méthodes de l’Éveil parfait.
- Il y en a d’autres qui n’entendent qu’un seul mot
- [du présent traité] et qui, l’entendant, y croient
- Ceux-là en tireront beaucoup plus de mérites
- qu’on en tirera de la vertu de concentration [ci-dessus évoquée]. (V, 5)
- La générosité ne fait qu’assurer les richesses matérielles ;
- La discipline ne conduit qu’à une renaissance heureuse ;
- Et la méditation ne peut que repousser les affections
- La connaissance les surpasse toutes parce qu’elle élimine
- les voiles émotionnel et cognitif, et qu’elle a pour cause
- la présente étude. (V, 6)
- La base, sa transformation, ses qualités
- Et le bien qu’elle accomplit : ces quatre objets
- De la connaissance des Vainqueurs
- Ont été expliqués dans le présent traité. (V, 7)
- Les êtres intelligents, confiants dans l’existence,
- Les capacités et les qualités de cette base,
- Auront sans tarder la bonne fortune
- D’atteindre l’état de tathāgata. (V, 8)
- « Cet objet inconcevable existe bien ;
- Mes semblables et moi, nous pouvons l’atteindre ;
- Le fait de l’atteindre possède telles et telles excellences »
- Ces êtres sont animés d’une aspiration dictée par la foi, (V, 9)
- Et l’esprit d’Éveil – réceptacle de détermination,
- De persévérance, de mémoire, de concentration,
- De connaissance et d’autres qualités encore –
- Les accompagne toujours. (V, 10)
- Comme [l’esprit d’Éveil] les accompagne toujours,
- Les enfants des Vainqueurs ne régressent jamais.
- Ils accomplissent les vertus liées aux mérites
- Et les conduisent à leur pleine pureté. (V, 11)
- Ils n’ont aucune idée des trois pôles de l’acte
- Quand ils s’adonnent aux cinq vertus liées aux mérites,
- Si bien que pour parfaire et purifier,
- Il leur suffit d’écarter les facteurs contraires. (V, 12)
- Le mérite né du don, c’est la générosité,
- Et le mérite né de la moralité, la discipline ;
- La patience et la concentration sont toutes deux
- des effets de la méditation.
- La persévérance peut s’appliquer à toutes. (V, 13)
- La pensée qu’un acte ait trois pôles
- Peut définir le voile cognitif.
- De l’avarice et des autres pensées,
- On dit qu’elles forment le voile émotionnel. (V, 14)
- Il n’y a que la connaissance qui puisse
- Éliminer les deux voiles. C’est pourquoi
- La connaissance est suprême.
- Sa racine étant l’étude, l’étude est suprême aussi. (V, 15)
- J’ai donné ces explications en m’aidant de textes
- et de raisonnements dignes de confiance
- Dans la seule intention de me purifier moi-même.
- Je l’ai fait aussi pour prendre soin des êtres dont l’intelligence
- Est dotée de la parfaite vertu de l’aspiration. (V, 16)
- De même qu’à la lumière d’une lampe, d’un éclair, d’un joyau,
- Du soleil ou de la lune, ceux qui ont des yeux voient,
- De même, j’ai donné toutes ces explications par la grâce du Sage
- qui répand sa lumière
- Sur les enseignements, leur sens, leur expression verbale
- et l’assurance du discours. (V, 17)
- Une parole pourvue d’un sens et liée au Dharma
- Qui tend à chasser les affections des trois mondes
- Et montre les bienfaits de la paix : telle est
- La parole du grand Sage. Ses contraires sont autres. (V, 18)
- Ce que, relevant uniquement des enseignements du Vainqueur,
- Un esprit libre de distraction explique
- En accord avec la voie qui mène à la libération,
- On le porte au sommet de sa tête comme la parole du Sage. (V, 19)
- Personne au monde n’est plus sage que le Vainqueur,
- Nul autre que lui n’a l’omniscience qui connaît avec exactitude
- la totalité des choses et leur suprême réalité.
- Aussi ne faut-il pas mélanger les soûtras disposés par le Sage lui-même
- Car, en détruisant la méthode du Sage,
- on nuirait gravement au vrai Dharma. (V, 20)
- Avec leurs vues d’attachement, les ignorants
- qu’aveuglent leurs affections
- Bafouent les êtres sublimes et dénigrent leurs enseignements.
- N’allez donc pas souiller votre esprit à ces vues d’attachement
- On teinte le tissu propre et non les tissus tachés de graisse. (V, 21)
- Le manque d’intelligence comme d’aspiration à la vertu,
- le maintien d’une fierté mal placée,
- Une nature obscurcie par la pauvreté en vrai Dharma,
- la confusion du sens provisoire et du sens définitif,
- L’appât du gain, le pouvoir des opinions, la fréquentation
- de ceux qui déprécient le Dharma,
- L’éloignement des détenteurs du Dharma et le manque d’aspiration
- voilà dix raisons qui privent de l’enseignement
- des Destructeurs de l’Ennemi. (V, 22)
- Plus que le feu, le poison d’un terrible serpent, l’assassin ou la foudre,
- Les sages craindront le déclin des enseignements profonds.
- Le feu, le serpent, l’ennemi et la foudre ne font que prendre la vie ;
- Ils ne conduisent pas dans l’effroyable destinée
- des Tourments Insurpassables. (V, 23)
- L’individu qui, influencé par ses fréquentations malsaines,
- a eu de mauvaises pensées à l’endroit du Bouddha,
- A commis l’inadmissible en tuant son père, sa mère ou un arhat,
- et qui crée un schisme dans l’assemblée suprême,
- Celui-là aussi s’affranchira vite de ces [crimes]
- dès lors qu’il réfléchira vraiment à l’essence du réel.
- Mais comment se libérera celui qui hait le Dharma ? (V, 24)
- Par les vertus que j’ai acquises en expliquant correctement
- les sept points du présent traité –
- Les Trois Joyaux, l’Élément purifié, l’Éveil immaculé,
- les qualités et les activités éveillées –,
- Puissent les êtres voir le sage Amitāyus, détenteur de l’infinie lumière,
- Et, l’ayant vu, atteindre l’Éveil suprême
- grâce à la pureté de l’œil du Dharma ! (V, 25)
- Quatre strophes expliquent
- Sur quelle base, pour quelles raisons,
- Sur quel mode a lieu l’explication,
- Ce qui en est l’objet et ce qui lui correspond. (V, 26)
- Deux strophes enseignent les moyens
- De se purifier soi-même. Une strophe
- Donne les causes du déclin, dont les effets
- Occupent les deux strophes suivantes. (V, 27)
- L’expression résumée des qualités de patience
- Dans le maṇḍala de l’entourage et de l’obtention
- De l’Éveil, qui sont les deux aspects du fruit,
- Font l’objet de la dernière [strophe]. (V, 28)
- Ici prend fin le cinquième chapitre, « Les bienfaits », du Traité de la
- Continuité suprême du Grand Véhicule, analyse de la filiation spirituelle des
- Trois Joyaux.
- Colophon
- Traduit par le paṇḍita et grand érudit Sajjana, petit-fils du brahmane
- Ratnavajra, grand érudit de la cité d’Anupamapura, et par le traducteur et
- moine bouddhiste Lodèn Shérab, dans l’Incomparable Cité.